C’est qui dont ce «?Marten?» de toute façon?
Situé à la limite sud de la région de Temagami, le parc provincial Marten River chevauche les eaux de la rivière Marten qui fait partie d’un ancien réseau de voies navigables et contribue à façonner le paysage.
Et Marten River ne porte pas le nom d’un certain « Martin »… le parc tient son nom de la martre des pins (en anglais « pine marten ») (aussi connu sous le nom de martre d’Amérique).
Martres des pins et écureuils roux
La martre est un membre de la famille des belettes, et elle est très mignonne en plus. On retrouve les martres des pins dans les vieilles forêts de grands pins, en quête de nourriture. La martre des pins est généralement de petite taille (ne pesant pas plus d’un kilogramme et d’une longueur de 40 à 50 cm), mais elle est un prédateur féroce.

Bien qu’elles mangent de tout, des grenouilles aux œufs d’oiseau, certains fruits et même des graines d’oiseau, elles préfèrent les rongeurs, comme les souris, les campagnols et même les lièvres d’Amérique! L’écureuil roux est la proie de choix de la martre des pins.
L’écureuil roux est un écureuil nordique que l’on retrouve dans les Appalaches septentrionales, au nord dans la région des Grands Lacs et même plus au nord, dans la grande forêt boréale.

L’écureuil roux est omnivore : il mange des plantes et des animaux. Son alimentation de base se compose de gros insectes, mais il ne dédaigne pas non plus les œufs ou les oisillons qu’il dérobe de leurs nids. Toutefois, les graines constituent une part importante de son alimentation, surtout les graines de pin.
Il passe la majorité de son temps au sommet de pins blancs et rouges, à couper les pommes de pin des branches et à les laisser tomber au sol.

Il recueille les pommes de pin tombées et les enterre dans des caches. Une cache est un garde-manger souterrain (par exemple sous de grosses racines) que les animaux visitent pendant l’hiver pour manger la nourriture entreposée.
Bien que la martre des pins soit un chasseur agile et qu’elle soit capable de sauter d’un pin à l’autre, elle attrape généralement des écureuils qui visitent leurs caches.

Les martres des pins sont assez robustes (tout comme l’écureuil roux) et habitent les forêts nordiques de conifères, dans la forêt boréale. Elles possèdent une fourrure fournie et chaude, qui était autrefois recherchée par les peuples autochtones et les commerçants de fourrures européens. C’est le peuple Anishinaabe qui a baptisé la rivière Marten qui coule à travers le parc, en raison des nombreuses martres des pins qui l’habitent.

Il y a 125 ans
Il y a 125 ans, l’habitat de la martre des pins était répandu partout en Ontario puisqu’une autre « pinery » (un vieux mot anglais désignant une vaste forêt de pins aménagée pour la production de bois) est devenue le parc Algonquin.

Le parc Algonquin a été désigné comme parc en 1893. À partir de ce moment, la province entreprit de gérer les forêts de pins, les lacs et les lignes de partage des eaux, et les habitats animaliers. À peine quelques années plus tard, la province de l’Ontario a essayé une désignation différente pour les forêts Temagami et Mississagi, au nord et à l’ouest du parc Algonquin.
La réserve forestière de Temagami
En 1901, la province a créé la réserve forestière de Temagami (aussi connu sous le nom de forêt provinciale de Temagami). Cette désignation visait à protéger la forêt et seules les activités de récolte pour récupérer le bois des feux de forêt étaient autorisées. La forêt devait être une réserve pour l’avenir, et elle l’a été pendant plusieurs décennies.
Cette protection, établie tôt, a permis aux parcs de la région de conserver de vastes forêts anciennes de pins.

Un peu au sud de la réserve forestière de Temagami, la région Marten River comportait également une vaste pinède aménagée pour la production de bois. Au début des années 1900, cette région devint une résidence saisonnière pour les bûcherons qui vivaient dans des villages temporaires composés de cabanes en bois ronds, appelés camps d’hiver.

Étant donné le peu de routes dans les pays nordiques d’autrefois, les bûcherons utilisaient la neige et la glace pour déplacer les gros billots, et l’eau de la fonte des neiges au printemps pour conduire les billots jusqu’aux scieries.

L’autoroute Ferguson
À ses débuts, en 1925, le parc provincial Marten River n’était qu’un petit terrain de camping situé sur une toute nouvelle portion de route de gravier appelée l’autoroute Ferguson. L’autoroute a été aménagée pour relier le sud de l’Ontario au « Nouvel Ontario », l’ancienne appellation du nord de l’Ontario.
L’autoroute fut nommée en l’honneur du premier ministre de l’Ontario, George Howard Ferguson, qui a beaucoup contribué au développement du nord de l’Ontario.

Avant la nouvelle route, la seule façon de se rendre dans les communautés du nord-est de l’Ontario était par train. Une fois l’autoroute établie, les communautés agricoles de Little Claybelt (telles New Liskeard) ont grandement prospéré.

À l’époque, la ville trépidante de Cobalt était au centre de la région productrice d’argent la plus riche du monde. De nos jours, le musée minier de Cobalt renferme l’un des plus gros morceaux de minerai d’argent que vous aurez la chance de voir.
Un endroit pour les voyageurs fatigués
À l’époque, le ministère de la Voirie de l’Ontario et le ministère des Terres et des Forêts avaient peur que les voyageurs empruntant l’autoroute Ferguson ne mettent le feu aux forêts de pins qui importaient tant à l’économie du nord.
Afin de veiller à ce que les voyageurs aient accès à des endroits sécuritaires pour faire des feux de camp (pour cuisiner et se réchauffer), le ministère de la Voirie de l’Ontario a aménagé une série de terrains de pique-nique et de camping le long de la nouvelle route.

Le Camping Martin River, appelé ainsi à l’époque, a été établi comme camping pour voyageurs routiers. Cette toute nouvelle route de gravier ne comportait aucun hôtel, motel ou gîte.

Dans les années 1920, les autos n’allaient pas très vite non plus, donc les espaces de pique-nique et les terrains de camping n’étaient pas très éloignés. Marten River était le premier de trois campings publics entre North Bay et Latchford. Les «?espaces pique-nique?» étaient aménagés tous les cinq kilomètres tout le long de l’autoroute, qui s’étira éventuellement sur 400 km jusqu’à Cochrane.
Le camping d’origine se situait du côté ouest du parc, au bout du camping actuel Chicot. Afin de réduire le nombre de ponts requis, la route évitait de traverser deux fois la rivière Marten, ce que la route Transcanadienne fait aujourd’hui. La route tournait vers l’ouest et traversait là où la Marten River Lodge (gîte) se trouve aujourd’hui. À l’origine, ce gîte servait de quartier général au personnel de la construction routière de l’autoroute Ferguson.
Permis exigé!
Pour emprunter l’autoroute Ferguson, vous aviez besoin d’un permis de voyage. En plus de contenir plusieurs messages sur la prévention des incendies, il indiquait le nombre de jours que vous prévoyiez passer dans la région et votre destination. C’était votre laissez-passer au cas où les autorités vous le demandaient.

À l’endos, une carte illustrait les grands lacs, l’autoroute Ferguson avec le kilométrage, les campings publics et les villes. Un feu de forêt majeur en 1916, le feu de Matheson, a tué 224 personnes (encore aujourd’hui, l’incendie le plus meurtrier de l’histoire canadienne) et a incité l’Ontario à élaborer la Loi sur la prévention des incendies de forêt. C’est ainsi qu’est né le service moderne de lutte contre les incendies de forêt. Les permis de voyage comme celui-ci visaient à minimiser les incendies de forêt d’origine humaine.
Camping se transforme en parc provincial
Bien que les gens faisaient du camping ici depuis 35 ans, le parc provincial Marten River a été officiellement établi en 1960 en tant que parc de «?classe récréative?» du réseau de parcs provinciaux de l’Ontario.

L’autoroute 11 (aussi connu sous le nom de Yonge Street) a remplacé l’autoroute Ferguson et est devenue la route principale dans les années 1940, où une nouvelle entrée et un nouveau camping du parc ont été aménagés du côté est.

Le camp d’hiver
Au début des années 1970, le personnel du parc commença à planifier un musée sur les bûcherons, qui reconstituerait le type de camp saisonnier où vivaient les bûcherons pendant les mois d’hiver, alors qu’ils abattaient les immenses pins.

Du coup, Marten River abrite maintenant le Camp d’hiver, une réplique de ces camps de bûcherons temporaires qu’on retrouvaient fréquemment à Temagami et dans le nord, au cours de l’époque de l’exploitation forestière à l’aide de chevaux qui a eu lieu vers la fin des années 1800 et le début des années 1900.

Tous les ans, au cours de la troisième fin de semaine de juillet, le parc organise une activité appelée le Festival des bûcherons, une célébration des premiers temps avec de la musique, des mets traditionnels et des activités visant à mettre à l’épreuve les habiletés des bûcherons en visite.

Le parc organise également une journée sur l’exploitation forestière comprenant des démonstrations de maréchal-ferrant, des narrations d’histoires et des visites guidées du musée des bûcherons et du camp d’hiver.
Le parc provincial Marten River d’aujourd’hui
Avec le temps, les terrains de camping ont été réaménagés, et un bloc sanitaire avec toilettes à chasse d’eau, douches à eau chaude et salles de lavage ont été ajoutées dans les années 1990, en plus de terrains avec services électriques.

Le parc offre deux sentiers de randonnée et, à 20 minutes au nord, dans la ville de Temagami, vous trouverez les sentiers de la réserve de conservation du mont Caribou.

Le parc offre deux plages pour les campeurs et une grande plage pour l’utilisation de jour. Il offre également plusieurs rampes de mise à l’eau pour bateaux et canots. Situé sur la rivière Marten, le parc est relié à un réseau de voies navigables idéales pour faire du pagayage, du bateau et de la pêche.
Le parc provincial Temagami River, situé tout près, offre un excellent parcours de canot et de kayak en eau vive, idéal pour une excursion de jour ou pour une aventure en arrière-pays. Marten River se situe sur la route Transcanadienne (autoroute 11), à 40 minutes de North Bay.