es pins anciens avec un ciel bleu en arrière-plan

Parler anishinaabemowin

Le billet d’aujourd’hui provient de DJ Fife, gardien de parc au parc provincial Petroglyphs. DJ profite de chaque occasion disponible pour promouvoir la préservation de l’anishinaabemowin lors des programmes au parc et dans la vie quotidienne. DJ a enseigné l’anishnaabemowin pendant plusieurs semestres au Collège Georgian à Barrie et lors de quelques autres événements culturels.

En tant que personne d’ascendance mixte, poursuivre l’expression de mon identité s’est avéré un parcours sans fin.

Mes ascendants connus sont principalement Anishinaabe (ojibwés) et canadiens d’origine écossaise. J’ai grandi au sein de la Première Nation de Curve Lake, donc l’origine Anishinaabe a une pertinence considérable pour moi et de nombreux éléments de mon identité peuvent être associés à ce patrimoine.

gardien de parc se tenant debout devant le bâtiment près de l'enseigne
DJ à Petroglyphs

Parler anishinaabemowin

L’un des éléments est l’anishinaabemowin, la langue ojibwé (aussi chippewa, entre autres). Depuis que le peuple Anishinaabe existe, l’anishinaabemowin est parlé. Jusqu’à la naissance de ma mère, tout le monde chez nous parlait la langue.

Un coucher de soleil à la baie Driftwood, sur la rivière des Outaouais

L’anishinaabemowin était la langue par laquelle nous communiquions tous et nous exprimions nos pensées, nos espoirs, nos rêves, nos joies et notre angoisse.

Mes grands-parents du côté maternel parlent anglais et anishinaabemowin, ma grand-mère parlait notre langue avant l’anglais, mais en raison d’influences circonstancielles et sociétaires plus importantes, ma mère et ses sœurs n’ont pas appris la langue à un niveau suffisant pour soutenir une conversation.

Comme c’est le cas de nombreuses personnes Anishinaabe, une rupture s’est produite lors du transfert générationnel du patrimoine ancien.

Entre les influences, actives et passives, l’utilisation de l’anishinaabemowin a connu une forte baisse depuis des décennies. Presque tous les locuteurs dont l’anishinaabemowin est la langue maternelle au sein de ma communauté sont des aînés et, comble du malheur, ils constituent les derniers locuteurs du dialecte Mississauga qui était représenté à l’origine par cinq communautés Anishinaabe dans le Sud et le Centre de l’Ontario.

Ma poursuite de la langue

J’ai longtemps été très conscient de cette érosion culturelle et cela m’a motivé à poursuivre notre langue traditionnelle.

L’anishinaabemowin a une importance particulière pour moi pour plusieurs motifs. C’est une langue liée directement à mon histoire familiale, je considère qu’il s’agit d’un héritage familial que je chéris profondément, et mes capacités langagières sont le fruit des innombrables heures consacrées avec mes grands-parents à discuter et à poser des questions.

DJ portant an canot

Pendant des années, je me suis efforcé de les visiter et de leur parler toutes les semaines. C’est une interaction sociale que j’apprécie au-delà de l’occasion d’apprentissage. De cette façon, la langue est devenue le lien avec mes grands-parents, et la sécurité et le calme de notre maison familiale collective.

Au-delà de la famille, l’anishinaabemowin représente un lien avec ma communauté, dotée de liens serrés et d’une histoire.

L’anishinaabemowin est la langue traditionnelle de ma ville natale et remonte à une époque où les liens sociaux étaient encore plus serrés. Lorsque tout le monde se rassemblait pour partager des histoires et rire, avant les distractions modernes qui nous ont menées à nous détacher les uns des autres et à communiquer au moyen de divers appareils, de la télévision, du téléphone et des écrans d’ordinateurs.

Nos liens profonds

Le lien communautaire de notre langue va au-delà de notre communauté Anishinaabe.

Parfois, la différence de dialectes pose des défis, mais en général, la langue offre un moyen de nous souvenir de notre patrimoine, de nos valeurs et de la culture Anishinaabe en commun. Un lien qui existe sur une région géographique très vaste, s’étendant de certaines parties du Québec jusqu’aux Prairies et plusieurs états américains, et même plus loin lorsque l’on tient compte de la famille de langue des peuples algonquiens (ou algiques) à laquelle l’anishinaabemowin appartient.

Une importance encore plus pertinente dans le cadre de mon travail en tant que gardien de parc auprès de Parcs Ontario est le lien de l’anishinaabemowin à la terre. L’anishinaabemowin s’est développé ici. Quelle que soit votre compréhension des origines des peuples autochtones, les origines de cette langue font partie de ce monde. Je suis inspiré par les connaissances de cette terre de mes ancêtres Anishinaabe.

Un coucher de soleil

ela me motive à explorer et à en apprendre sur la terre qu’ils connaissaient, et connaître la langue aide à renforcer mon sentiment d’attachement à la terre. Lorsque je fais de la randonnée dans la nature, je trouve souvent un endroit isolé et je me demande quelle était la dernière fois que quelqu’un se trouvait à cet endroit ou pagayait où je suis. J’ai eu la pensé suivante : « Manj pii nshkwaaj maa gaa-nishnaabemogwen wiya » (« Je me demande quand était la dernière fois qu’une personne qui parle anishinaabemowin se trouvait ici. »)

En pensant aux personnes qui vivaient sur ces lacs et dans ces forêts de l’Ontario, c’est à travers l’anishinaabemowin que leur histoire nous a été transmise et, donc, pour moi, connaître la langue   est reconnaître et honorer leur histoire.

Dga naa anishinaabemodaa. (Allez, parlons anishinaabemowin.)

Je vous invite à en apprendre davantage sur la langue :