De l’ammophile à ligule courte sur une dune

Les raccourcis accélèrent l’érosion des dunes!

Le billet d’aujourd’hui est présenté par Mikhaila Lafleur-Weidhaas, gardienne de parc au parc provincial Pancake Bay.

Deux sentiers de plage divergent au niveau d’une dune, l’un bien fréquenté et clair et l’autre est un raccourci. Empruntez-vous « le chemin le plus fréquenté »?

Les rives du lac Supérieur, avec ses plages de sable et son eau bleue dignes des Caraïbes, attirent des milliers de personnes, qu’il s’agisse de voyageurs de passage ou de personnes à la recherche d’un coin de paradis près de chez elles.

Cependant, comme les gens cherchent à se rendre sur les plages de l’Ontario pour y passer des vacances, nos rivages sablonneux sont exposés à une pression accrue.

Cette pression accrue peut causer un déclin de ces écosystèmes dynamiques et rares de dunes côtières d’eau douce.

Le développement d’une dune dynamique

Une dune est un système complexe qui est toujours en mouvement, sous l’effet du vent et de l’eau, et qui change la silhouette de la côte au fil des saisons.

À mesure que les éléments déplacent le sable, des obstacles tels que le bois de grève deviennent partie intégrante du développement de la dune.

Pancake Bay

Le sable se déplace sur le bois de grève et se dépose de l’autre côté du brise-vent, s’accumulant lentement jusqu’à ce qu’un monticule soit créé et que le billot d’origine soit enterré dans la dune.

C’est le début d’une dune « embryonnaire », la première étape de son développement.

Au fil des saisons, la dune s’agrandit, prend forme et peut être colonisée par des espèces pionnières telles que l’ammophile à ligule courte.

Ammophile à ligule courte
Ammophile à ligule courte

L’ammophile à ligule courte est la plante de plage la plus importante, avec ses racines pivotantes d’un mètre de profondeur, son vaste réseau de tiges souterraines et son système racinaire délicat. Ce système souterrain complexe maintient les grains de sable en place, préservant ainsi l’intégrité de la dune lors des années de hautes eaux et réduisant l’effet de l’érosion sur la plage.

Essentiellement, sans la plante des dunes, il n’y aurait aucune dune et aucune plage.

Trouver des espèces sauvages rares en Ontario

Une fois que l’ammophile à ligule courte s’installe et que les dunes se développent, des espèces animales et végétales rares et spécialisées commencent à migrer vers cette zone.

Des plantes rares, comme l’hudsonie tomenteuse, peuvent pousser. Les oiseaux et les petits mammifères ont un endroit pour se nicher et se reproduire.

hudsonie tomenteuse
hudsonie tomenteuse

En fait, la plage de Pancake Bay est l’un des douze endroits en Ontario où l’on peut trouver le criquet du lac Huron (Trimerotropis huroniana), une espèce menacée.

Cette espèce ne se trouve que dans les écosystèmes des dunes le long des rives du lac Huron, du lac Michigan et du lac Supérieur; et Pancake Bay est le seul endroit connu sur la rive ontarienne du lac Supérieur.

Un criquet du lac Huron
Un criquet du lac Huron. Photo : Al Harris

Ce sont des créatures robustes, qui occupent la plage à végétation clairsemée ou la face d’une dune située au bord d’un lac, là où elles sont le plus exposées aux éléments.

Leur régime alimentaire se compose principalement d’ammophile à ligule courte et d’armoise de l’Ouest. Comme vous pouvez le voir sur la photo ci-dessus, ils sont bien camouflés et sont difficiles à repérer.

Un écosystème en péril

Les dunes des Grands Lacs risquent de connaître des dommages irréversibles.

Les écosystèmes des dunes en Ontario représentent moins de 0,5 % de l’ensemble des écosystèmes de la province et le parc Pancake Bay a le privilège de protéger plus de 3 kilomètres de dunes et de plage.

Aperçu de l’herbe sur la plage

Le parc Pancake Bay a connu une fréquentation record au cours des dernières saisons, ce qui a causé une augmentation du nombre de raccourcis créés par les personnes qui se rendent à pied à leur coin de plage préféré.

L’augmentation du trafic piétonnier sur les dunes et le piétinement de l’ammophile à ligule peuvent causer des dommages catastrophiques à ses racines.

Une personne promenant son chien près de la plage

La pression supplémentaire exercée sur les dunes a causé une perte de dunes à un rythme sans précédent, les raccourcis étant de plus en plus utilisés au lieu des points d’accès principaux.

Heureusement, il n’est pas trop tard pour renverser les dégâts et sauver les dunes et la plage.

Une solution simple à un problème complexe

Le parc Pancake Bay met en œuvre un plan de restauration pour aider les visiteurs à trouver les meilleurs points d’accès à la plage tout en protégeant les dunes touchées.

Un employé tient un poteau de cèdre

Ce projet peut se résumer en trois parties, la première étant l’installation d’une belle clôture en cèdre avec des cordes pour guider les visiteurs vers les principaux points d’accès tout en évitant les zones d’écosystèmes fragiles.

Le personnel du parc a creusé des trous d’un mètre de profondeur dans le sable à l’aide d’un aspirateur avale-tout, ce qui est moins invasif pour l’environnement direct puisque des trous plus petits ont pu être faits pour les poteaux en cèdre.

Les poteaux ont été placés tous les 3 mètres, puis coupés à 1,4 mètre de hauteur. Une fois coupés, deux trous ont ensuite été percés, créant ainsi une zone protégée d’un cordon qui ne nuit pas au beau panorama.

Ce type de clôture permet aux visiteurs d’apprécier et d’interagir avec l’environnement qui les entoure tout en réduisant au minimum les effets de l’activité humaine sur les zones protégées.

La deuxième étape consiste à transplanter et à planter de l’ammophile à ligule courte sur les dunes courantes et le long des bords productifs de la dune.

L’ammophile à ligule courte est soigneusement retirée d’une dune locale, transplantée dans les zones touchées, puis clôturée par une barrière pare-neige pour une protection accrue et la collecte de sable pendant l’hiver.

Des conifères cultivés localement sont transplantés à l’entrée des nombreux raccourcis dans la dune, créant ainsi une barrière physique naturelle.

L’étape finale consiste à permettre à notre meilleur atout, la régénération naturelle, d’agir.

Nous vous invitons à faire votre part

Si nous cessons d’interrompre le processus naturel de formation des dunes, nous aurons plus de plages à apprécier au fil des ans.

Les dunes sont des écosystèmes très dynamiques et le personnel espère voir un changement positif dès la première année. Toutefois, cela ne peut se faire sans l’aide des campeurs.

N’oubliez pas : en empruntant le bon chemin vers la plage, vous pourrez en profiter pendant de nombreuses années.