La lumière du soleil brille entre les arbres d’une forêt

La notion d’une « simple forêt » n’existe pas

Dans le billet d’aujourd’hui, Nicole Guthrie, naturaliste de parc, explique ce qui constitue une forêt et les caractéristiques uniques du parc provincial Pinery.

Cette semaine marque la Semaine nationale de l’arbre et des forêts au Canada, ce qui en fait le moment idéal pour discuter de la grande diversité des espèces et des écosystèmes dans les forêts, car la notion d’une « simple forêt » n’existe pas.

Chaque forêt présente une composition unique de types de sols, de microclimats et de niveaux de pollution, qui déterminent les espèces qui peuvent y habiter.

Si vous êtes déjà allé au parc Pinery, vous avez sans doute apprécié sa magnifique forêt.

Mais saviez-vous que le parc n’est en fait pas entièrement constitué de forêt?

Une savane en Ontario?

Le parc Pinery est en grande partie composé d’un habitat rare de savane à chênes.

Les savanes sont un type d’écosystème arboré où le couvert forestier (la partie du ciel qui est obscurcie par les arbres) est de 25 % ou moins.

Un couvert forestier de 25 % à 50 % est considéré comme un boisé, et tout ce qui est supérieur à 50 % est considéré comme une véritable forêt.

Des feuilles
Dans le sens inverse des aiguilles d’une montre en partant du haut à gauche : une feuille de chêne des teinturiers (Quercus velutina), une feuille de chêne à gros fruits (Quercus macrocarpa), une feuille de chêne blanc (Quercus alba), une feuille de chêne bicolore  (Quercus bicolor), une feuille de chêne jaune (Quercus muehlenbergii), une feuille de chêne rouge (Quercus rubra) et une feuille de chêne nain (Quercus prinoides)

Au parc Pinery en particulier, le type dominant d’arbres que l’on trouve est le chêne, d’où le nom de savane à chênes. Sept espèces de chênes dominent le paysage.

Qu’est-ce qui rend les savanes si différentes? Le sol de la « forêt » est inondé de lumière pendant la journée. Cela permet aux plantes de pousser sur le sol qui, autrement, ne pourraient pas survivre dans une forêt traditionnelle.

Voici quelques-unes de ces plantes :

  • le céanothe d’Amérique  (Ceanothus spp.)
  •  l’hélianthe scrofuleux (Helianthus spp.)
  • le liatris rugueux (Liatris aspera)
  • l’asclépiade à fleurs vertes (Asclepias viridiflora)

Ce parc compte de nombreuses créatures qui aiment les chênes, le couvert forestier, ou les deux!

Un pic à tête rouge

L’un d’eux est le pic à tête rouge, une espèce en péril inscrite sur la liste des espèces en voie de disparition en Ontario.

Cette situation s’explique en partie par la diminution de l’habitat dans lequel il vit et par la diminution du nombre de chênes morts sur pied (aussi appelés chicots) dans lesquels il peut se nourrir et nicher.

Les arbres morts peuvent être tout aussi précieux que les vivants et ils jouent un rôle important dans nos savanes et nos forêts.

La région carolinienne du Canada

Le parc de Pinery se trouve également dans un endroit unique, car il se situe à la limite nord de la région carolinienne du Canada.

Il s’agit d’une région écologique située à l’ouest d’une ligne imaginaire entre Grand Bend (juste à l’extérieur du parc) et Toronto.

Des tulipiers de Virginie

La région carolinienne est l’écorégion la plus riche en biodiversité de tout le Canada, avec un mélange intéressant d’espèces du nord et du sud.

Elle doit son nom aux Carolines, aux États-Unis, où l’on trouve en abondance bon nombre des mêmes espèces archétypales.

Dans les forêts caroliniennes typiques, on peut trouver :

    • le caryer (Carya spp.)
    • l’orme (Ulmus spp.)
    • le frêne (Fraxinus spp.)
    • le noyer (Juglans spp.)
    • l’érable (Acer spp.)
    • le platane occidental (Platanus occidentalis)
    • le tulipier de Virginie  (Liriodendron tulipifera)

Un grand nombre de ces espèces ne se trouvent pas naturellement plus au nord que le parc Pinery au Canada.

Une petite partie du parc Pinery est une véritable forêt carolinienne, que l’on trouve à l’extrémité sud-ouest du parc.

Une personne regardant un arbre

La forêt carolinienne peut être mieux observée depuis le sentier Carolinian.

Comparativement au sol sablonneux à drainage rapide que l’on trouve dans tout le parc, la rivière Ausable à proximité permet de retenir davantage d’eau dans le sol.

Au fil du temps, les conditions humides favorisent l’accumulation de nutriments dans le sol. Cela permet aux espèces caroliniennes de vivre où elles ne pourraient pas vivre ailleurs dans le parc Pinery.

Le meilleur exemple en est peut-être le tulipier de Virginie.

C’est l’une des espèces d’arbres les plus hautes de l’est de l’Amérique du Nord. Pouvant atteindre jusqu’à 30 mètres de haut (environ 100 pieds), leurs troncs sont remarquablement droits et leur écorce est joliment striée.

Au printemps, les tulipiers de Virginie produisent des fleurs qui ressemblent à des tulipes, ce qui explique leur nom.

Une fleur du tulipier de Virginie

Étant donné la hauteur extrême des arbres adultes, les fleurs sont difficiles à trouver, mais en mai, les fleurs commencent à tomber et vous pouvez regarder les pétales glisser sur le sol de la forêt.

Découvrez ces paysages uniques!

La Semaine nationale de l’arbre et des forêts est une occasion extraordinaire de mieux apprécier les savanes à chênes, les forêts de chênes et l’écorégion carolinienne.

Lors de votre prochaine visite en forêt, regardez un peu plus attentivement, et vous pourriez être surpris par ce que vous trouverez!