Certaines des technologies utilisées pour lutter contre les feux de forêt ont d’abord été mises au point il y a près d’un siècle. La province a utilisé ces technologies pendant de nombreuses années pour prévenir et éteindre les feux de forêt à Parcs Ontario et dans d’autres zones protégées.
Au fil du temps, nous avons découvert quelque chose d’intéressant. Éteindre de façon agressive les feux n’a pas arrêté les feux de forêt. Cela n’a fait que les remettre à plus tard.
Nous avions besoin d’une stratégie qui protège les gens et les biens, mais qui maintient aussi les forêts fortes et en santé.
La résistance est futile
Woodland Caribou — le sixième parc provincial de l’Ontario en importance — est un exemple parfait de la façon dont les feux de végétation peuvent renforcer l’intégrité écologique. Blotti entre Kenora, Red Lake et la frontière du Manitoba,
ce paradis sauvage protège près d’un million d’hectares de forêt boréale.

À Woodland Caribou, les feux de forêt sont toujours provoqués par un orage. Près de 15 000 hectares du parc s’enflamment au cours d’une année. C’est une superficie comparable à celle des parcs provinciaux Presqu’ile, Sandbanks, Pinery, Rondeau, Wasaga Beach, Bronte Creek, Arrowhead, Darlington, MacGregor Point, Earl Rowe et Wheatley, tous réunis!
« Nous recevons beaucoup d’air sec et chaud des prairies et subissons beaucoup de foudroiements », affirme la biologiste du parc Christine Hague. « Donc, nous brûlons. »
En fait, cette zone présente une des plus fortes densités de feux de foudre dans la province.
Rien n’est éternel
La foudre provoque 99 % des feux dans le parc. Ces feux brûlent typiquement un peuplement complet, une sous-section de la forêt où les arbres ont à peu près tous le même âge et en sont au même stade. Une forêt non touchée par les êtres humains serait une mosaïque de peuplements.
Woodland Caribou est dominé par des peuplements de pins gris. Ces arbres poussent rapidement, mais ont une courte durée de vie, soit de 50 à 100 ans. Les pins gris ont besoin des feux pour terminer leur cycle de vie. Leurs cônes bien scellés libèrent leurs graines seulement lorsqu’ils sont exposés à une forte chaleur.

La prévention et l’extinction artificielles des feux prolongent la durée de certaines parties de la forêt — c’est comme la mettre sous respirateur artificiel. Et c’est une piètre qualité de vie. Les arbres sont vulnérables aux maladies et aux dommages. Sans le feu pour ouvrir les cônes, les arbres d’un peuplement vieillissant s’affaiblissent et tombent. La vie animale déménage. Les espèces envahissantes s’implantent. D’autres arbres, comme les bouleaux, remplacent les pins gris.
Finalement, le peuplement de pins gris jadis en santé disparaît, laissant à sa place une forêt mixte.
Planifier
Parcs Ontario collabore avec les Services d’urgence, d’aviation et de lutte contre les feux de forêt (SUALFF) pour gérer les feux de végétation afin qu’ils puissent jouer leur rôle naturel dans les cycles de vie de nos espaces protégés.

Ils travaillent à déterminer les zones qui ont besoin d’une régénération et celles qui ont besoin d’une protection. L’établissement de ces priorités à l’avance permet aux parcs et aux SUALFF de prendre rapidement de bonnes décisions.

Lorsqu’un feu de végétation menace des gens et des biens, les équipes d’incendie l’éteignent ou l’éloignent. Dans les zones où la nature peut suivre son cours, nous surveillons tout simplement l’incendie. Cela permet aux riches éléments nutritifs emprisonnés dans les aiguilles mortes, les feuilles et les rondins d’être libérés.
Sagesse traditionnelle
La nouvelle approche vise à restaurer l’intégrité écologique grâce au feu.
Cela ne surprend nullement les communautés autochtones locales. Le respect et la gratitude envers le feu font partie intégrante des anecdotes et de la langue des Anishinaabe. Le feu est aussi naturel et inévitable que les changements de saisons.

Dans les mots du défunt Moïse, l’ancien à la tête blanche, Première Nation de Pikangikum : « Le Créateur a un pendant et ce pendant est l’Oiseau-Tonnerre. Il amène ce pendant sur le sol lorsque la forêt est trop vieille et ne peut plus pousser.
Ainsi, l’Oiseau-Tonnerre vient sur terre. Une fois la forêt brûlée, une nouvelle croissance commence. » (traduction)
Magnifiques débuts
Tout comme le printemps suit l’hiver, le feu vivifie la terre. La terre peut sembler calcinée et stérile, mais elle reverdit rapidement.
En quelques jours, des touches d’un vert vif surgissent. De nouvelles tiges sortent des bouleaux calcinés.

En quelques semaines, le sol forestier est inondé de nouvelles plantes et nouveaux arbustes luxuriants.
En quelques mois, les semis de pin gris se multiplient. Les drageons de bouleau et d’autres végétaux sont déjà de bonne taille.

Droite : Semis de pin gris de deux ans
Christine déclare, « C’est vraiment magnifique. Une quantité incroyable de fleurs sauvages poussent après un incendie. C’est l’explosion des bleuets et des framboises ».

Retour à la maison
Un an plus tard, la zone est transformée. Les semis de pin gris progressent un peu plus haut. Les champignons et les insectes détruisent les arbres brûlés. Le marteau des Pics à dos noir, exploitant des insectes, remplit l’air.

La faune réintègre la zone. Les élans et les lièvres en premier. Les prédateurs comme la marte, le lynx, le loup et l’ours suivent.
Au fil des décennies, les pins gris grandissent, le lichen épaissit. C’est alors que les caribous arrivent.

Quelques dizaines d’années plus tard, le peuplement de pins commence à dépérir, en attendant que la foudre relance le cycle.
En cas de feu
On ne peut pas observer et laisser se poursuivre certains incendies pour obtenir des avantages écologiques.
Christine déclare, « La sécurité publique est la priorité absolue. Si une zone d’un parc est dangereuse pour la circulation et menacée par un feu de forêt, ou même par de la fumée épaisse, celle-ci peut être évacuée ou fermée à la circulation ».

Des informations sur les zones fermées sont affichées sur le site Web de Parcs Ontario et dans les médias sociaux. La province dispose également d’une carte interactive où vous pouvez trouver des mises à jour en temps réel sur les incendies actifs.
La question brûlante
Le fait de comprendre les avantages des feux de végétation ne signifie pas la fin des interdictions de feu de camp.
Obéir aux interdictions de feu protège tout le monde. Les humains ont apporté à dame nature une « aide » amplement suffisante en la matière.
« Si vous respectez le feu, le feu vous sera bénéfique. Il vous gardera au chaud les jours froids. Mais vous devez avoir du respect, mais aussi faire attention au feu. Vous devez l’utiliser judicieusement. Si vous l’utilisez judicieusement, il vous épargnera. Sinon, il brûlera tous vos avoirs. » – Elder Solomon Turtle, Première nation Pikangikum