20 ans d’existence des gardes en canot de Wabakimi

Le billet d’aujourd’hui provient d’Alex Campbell, stagiaire d’été au parc provincial Wabakimi.

Le parc provincial Wabakimi – à deux heures et demie de route au nord de Thunder Bay – couvre une superficie supérieure à celle de l’Île-du-Prince-Édouard.

Cette vaste zone de nature sauvage englobe plus de 1 500 km de routes de canotage de choix, avec des portages dont la longueur oscille entre 20 et 1 800 m. Chaque portage est entretenu par un petit groupe de personnes travaillant extrêmement dur : les gardes en canot de Wabakimi.

Le savoir local de nos gardes en canot

Au cours des 20 dernières années, Wabakimi a employé de deux à quatre membres d’équipe dans le cadre d’un accord de partenariat avec une communauté autochtone locale. Trois des membres de notre équipage sont des gardes en canot-kayak de Wabakimi depuis le début.

Photographie d’une des équipes de Wabakimi
Au travail, beau temps, mauvais temps!

Les gardes connaissent les trappeurs, les pourvoiries, les meilleurs sites de pêche et le moyen le plus facile de traverser un mur de broussailles apparemment infranchissable. Ils pagayent sur les lacs et les rivières de la région depuis leur jeune âge. Leur connaissance et leur compréhension du milieu sont remarquables et extrêmement précieuses.

Telle voie ou telle autre

Les voies canotables dans le parc, comme indiqué sur la carte de planification d’itinéraires de canotage, sont divisées en huit trajets importants. L’emploi du temps des gardes en canot-kayak varie au cours de l’été, mais ils pagayent généralement pendant dix jours.

En parcourant au moins quatre voies canotables chaque été, celles-ci sont toutes entretenues une fois tous les deux ans (minimum!).

Le personnel et les gardes en canot du parc sont les seules personnes autorisées à ouvrir, à remettre en état ou à améliorer les sentiers de portage. Cette mesure vise à protéger les sites culturels sensibles et d’autres caractéristiques naturelles, comme l’habitat essentiel de la faune. Les visiteurs du parc ne peuvent enlever que les arbres abattus ou morts qui les empêchent de passer sur le sentier de portage. 

Protéger notre patrimoine naturel

En vue de préserver les conditions historiques des sentiers, il est important de prendre en compte les méthodes de défrichage traditionnelles. Les gardes en canot veillent à ce que les portages aient deux pieds de largeur à la base, avec juste assez d’espace pour transporter un canot au-dessus de la tête. Leur expérience et leur compréhension des conditions locales font en sorte que les portages restent tels quels!

Portage d'un canot.

Si les sentiers sont trop défrichés, la lumière du soleil atteint le lit du sentier et favorise la croissance de plantes de sous-bois, ce qui accroît les exigences en matière d’entretien.

Respecter la tradition signifie également que vous ne trouverez pas de ruban adhésif ou de panneaux de portage à l’entrée des portages. Plutôt, une simple marque ou un petit monticule de pierres (cairn) y sont placés en cas de besoin. Le long des itinéraires fréquentés et des grands lacs, les portages sont relativement faciles à trouver.

Dans les zones moins fréquentées par les visiteurs, d’excellentes compétences en navigation et une vue perçante peuvent être essentielles pour repérer l’emplacement d’un portage.

Saison d’entretien

Ne disposant que d’une courte période de temps pour terminer tout le travail, les équipes sont soumises à des contraintes de temps. La glace ne disparaît souvent qu’à la mi-mai et il fait généralement trop froid en octobre.

Dégagement d’un arbre tombé.

Sur le plan logistique, le simple fait de transporter toutes les personnes et tout l’équipement nécessaires dans les zones du parc qui nécessitent un entretien des voies soulève plusieurs difficultés. Le personnel, le matériel et l’équipement font la navette entre Thunder Bay, Armstrong et les points d’accès. Il faut du temps et d’excellentes aptitudes de conduite pour franchir les chemins forestiers.

Avion servant à transporter le personnel à Wabakimi.

Les vols vers les zones éloignées du parc sont tributaires du temps.

Un service de téléphonie mobile limité est disponible uniquement dans Armstrong et non à l’extérieur de la ville. Une fois que les équipes sont dans le parc, elles doivent pouvoir entretenir l’équipement et les tronçonneuses et naviguer à la carte et à la boussole en cas de défaillance éventuelle d’un GPS (en vérité, les gardes pourraient facilement parcourir le parc sans carte au besoin).

En outre, ils communiquent en permanence leur emplacement au moyen d’unités SPOT et de téléphones satellites au personnel du parc situé au bureau de Thunder Bay.

Les conditions météorologiques s’ajoutent à tous ces défis

Le temps de Wabakimi est réputé imprévisible, alternant entre les vagues de chaleur sous un ciel bleu et les trombes soudaines de fortes pluies et les tempêtes extrêmes. La flexibilité et la capacité « d’adaptation aux circonstances » sont des qualités essentielles lorsqu’on fait fonction de garde en canot.

Rapides de Wabakimi.

Chaque jour est différent. Les équipes explorent en permanence des zones isolées, découvrent des choses nouvelles et passionnantes et composent avec l’inattendu. Il est donc rassurant de constater que malgré tous ces défis, les portages sont défrichés année après année.

Les équipes de gardes en canot s’efforcent d’atteindre les objectifs suivants :

  1. Protéger et gérer les écosystèmes et les caractéristiques du patrimoine naturel et culturel afin de maintenir l’intégrité écologique.
  2. Offrir des possibilités de loisirs de plein air écologiquement durables.
  3. Fournir aux visiteurs du parc un service leur permettant de vivre une excursion sûre et agréable.

MAIS les gardes font tellement plus!

Les équipes recueillent également des informations sur les sites et les conditions des emplacements de camping, des portages et des caches de bateaux. Ils enregistrent les incidents observés concernant les animaux sauvages dans le parc et facilitent le voyage annuel du programme de loisirs de plein air, de parcs et de tourisme de l’Université Lakehead afin de contribuer à la collecte de données sur le parc.

Un garde en canot tire son embarcation en marchant dans l’eau.

Les gardes aident également le biologiste du parc dans le cadre d’initiatives de recherche. Au fil des ans, ils ont contribué à la bathymétrie (cartographie des fonds de lac), aux évaluations des poissons, à l’inventaire des ressources forestières, à la surveillance du castor (une espèce indicatrice importante), ainsi qu’à des enregistrements de chants d’oiseaux et de cris de chauves-souris.  

Gardes étudiant un emplacement.
Des gardes photographient et documentent soigneusement les conditions de portage, les emplacements de camping, les observations de la faune et d’autres constats intéressants.

En plus de mener à bien tous ces projets et d’entretenir le réseau de voies canotables dans cet immense territoire, les gardes en canot-kayak nous tiennent liés aux racines de Wabakimi. Leur connaissance de l’histoire culturelle, leur compréhension traditionnelle de la terre et de ses diverses ressources et du parc lui-même sont étonnantes.

Allez les saluer

Bien que de nombreux visiteurs viennent à Wabakimi pour trouver la solitude dans la nature, vous pouvez vous considérer chanceux de rencontrer un équipage de gardes en canot.

Garde de Wabakimi posant pour la photo.

Si vous croisez leur chemin, prenez le temps de leur parler et de les remercier – vous en tirerez une grande satisfaction.

Le parc provincial Wabakimi participe également au Concours Découvrez les espaces sauvages du Nord-Ouest.