Suivre les allées et venues du Mésangeai du Canada

Le billet d’aujourd’hui a été rédigé par les ornithologues Alex Sutton et Koley Freeman, étudiants en doctorat à l’Université de Guelph.

Dans le monde des Mésangeais du Canada, l’hiver est d’abord et avant tout la saison des amours!

Le Mésangeai du Canada est commun dans le parc provincial Algonquin. Poursuivant une tradition vieille de 55 ans, une équipe dévouée de chercheurs surveille les couples. Il s’agit de la plus longue étude de son genre au monde!

Chaque année, on en apprend davantage sur le comportement de reproduction et la vie de ces oiseaux remarquables.

Suivi à long terme

Man uses tracking technology to track birds
Alex Sutton suit un Mésangeai du Canada bagué à l’aide de la radio-télémétrie. Photo : Dan Strickland

Tous les ans, des chercheurs surveillent des couples reproducteurs de Mésangeais du Canada qui construisent leurs nids et élèvent leurs petits.

Le groupe est constitué de bénévoles et d’étudiants de cycle supérieur. Les étudiants sont supervisés par Dan Strickland, naturaliste en chef à la retraite, et par Ryan Norris et Amy Newman, de l’Université de Guelph.

Malheureusement, au cours des trente dernières années, on a observé une diminution de plus de 50 pour cent du nombre de Mésangeais du Canada dans l’aire d’étude d’Algonquin. Nous soupçonnons que certaines conditions climatiques de l’automne – des épisodes de réchauffement et de gel et dégel, par exemple – endommagent les caches d’aliments périssables.

Les couples reproducteurs ont besoin de ces caches d’aliments pour survivre à l’hiver, et pour nourrir leurs oisillons à la fin de cette saison. Des chercheurs continuent d’enquêter sur les causes du déclin de la population dans le parc Algonquin.

Rivalités au sein de la fratrie

Bird with leg band rests on hand
Un Mésangeai du Canada d’un an avec un « sac à dos » radio-émetteur. Remarquez qu’on ne peut voir que les antennes en fil de fer du transmetteur sur cet individu. Photo : Mark Peck

Chaque année, on fixe aux pattes des oisillons  une combinaison unique de bagues de couleur. Ces bagues contribuent à déterminer le succès de la reproduction et permettent aux chercheurs de suivre les individus tout au long de leur vie.

Après que ces oisillons ont quitté le nid, ils restent sur le territoire de la famille. Ils continueront de former un groupe familial. Mais cet épisode de bonheur ne dure pas très longtemps.

Après environ six semaines, les petits commencent à se battre entre eux. Un des jeunes devient dominant, et ses frères et sœurs sont forcés de quitter le territoire. Cela signifie que, chaque année, un seul jeune gagne le droit de rester avec ses parents pour l’hiver suivant.

On sait peu de choses des individus rejetés. Ils portent des bagues de couleur, et on peut les identifier avec des jumelles, mais souvent on ne les revoit plus.

Une nouvelle étude prend son envol

Scientist putting a band on bird
Koley Freeman équipe un oisillon d’un « sac à dos » radio-transmetteur. Photo : Dan Strickland

Grâce aux observations de bagues au cours des 54 dernières années, nous avons pu déterminer qu’à la suite de leur expulsion les individus pouvaient se déplacer jusqu’à 10 kilomètres de leur territoire natal!

Cela signifie que les oiseaux pouvaient facilement se rendre dans des secteurs inaccessibles hors du corridor de la route 60, là où se trouve l’aire d’étude.

Les progrès de la technologie de la radio-télémétrie permettent de suivre les juvéniles lorsqu’ils quittent leurs territoires pour gagner l’arrière-pays d’Algonquin. Pour qu’on puisse les suivre, les oiseaux portent des « sacs à dos » avec des étiquettes radio. Généralement, seul un petit fil de fer parallèle à la queue de l’oiseau est visible pour l’observateur.

Chaque sac à dos produit un signal à une fréquence unique que l’on peut capter  avec des antennes spécialisées. Cela nous permet de suivre les individus de loin, même si les oiseaux ne sont guère visibles.

Un autre avantage de l’utilisation d’étiquettes radio est que les signaux uniques peuvent être identifiés sur de grandes distances. Cela signifie qu’il est possible de suivre les oiseaux lorsqu’ils quittent leur territoire natal.

Sur terre et dans les airs, nous trouvons toujours notre oiseau

Collage of aerial view of Algonquin in all seasons
Après qu’un Mésangeai du Canada a quitté son territoire natal, on a recours à des vols de télémétrie au cours de l’été, de l’automne et du début de l’hiver pour suivre ses déplacements à travers Algonquin.

Nous utilisons une combinaison de télémétrie terrestre, en canot et aérienne pour suivre les individus qui se dispersent sur de grandes étendues du parc.

Au cours des deux dernières saisons de reproduction, des mésangeais portant des étiquettes radio ont été suivis, permettant de mieux savoir où ils se rendent quand ils quittent leur territoire natal.

La plupart des individus se sont installés dans des territoires proches non surveillés jusque-là, mais quelques-uns ont effectué des déplacements étonnamment longs.

Prenez BOSL KOWR, par exemple. Ce nom intéressant vient du fait que c’est un jeune oiseau aux bandes bleues sur standard sur la patte gauche, et rose sur blanc sur la patte droite (en anglais, blue over standard on left leg and pink over white on the right leg). Il s’est éloigné de plus de 16 kilomètres du territoire de ses parents, près de la route 60!

Cette année, nous déploierons encore des étiquettes radio pour savoir où vont les Mésangeais du Canada quand ils traversent les vastes étendues sauvages d’Algonquin. Donc, s’il vous arrive de voir un Mésangeai du Canada dans le parc Algonquin avec un fil de fer le long de sa queue, vous êtes en train d’observer un jeune mésangeai qui fait progresser notre connaissance de cette espèce particulière.

Vous voulez en savoir davantage sur l’étude portant sur le Mésangeai du Canada?

Gray Jay

Arrêtez-vous au Centre d’accueil pour obtenir une liste à jour des oiseaux portant des bagues de couleur dans l’aire d’étude d’Algonquin, ou envoyez un courriel à Alex à asutto01@uoguelph.ca, ou à Dan à perisoreus1@gmail.com.

Vos observations de Mésangeais du Canada dans le parc Algonquin, de préférence avec des photos montrant les bagues, sont toujours bienvenues.

Nous aimerions remercier la Wildlife Conservation Society, le Fonds du changement climatique du ministère des Richesses naturelles et des Forêts, et Parcs Ontario, qui ont assuré le financement de ce projet. Merci à l’Algonquin Wildlife Research Station, qui a fourni l’hébergement et le soutien logistique.

Pour en savoir plus sur le Mésangeai du Canada, consultez ce billet.