Sauvées par la clôture

Bonne Journée mondiale de la tortue! Le billet d’aujourd’hui a été rédigé par Shannon McGaffey, notre biologiste de parc adjointe au parc provincial Algonquin .

Plus tôt ce mois-ci, une équipe de sept employés du parc – des gardes de parc, des employés d’entretien, du personnel administratif et des biologistes – ont travaillé toute une journée à installer une clôture pour les tortues le long de la très fréquentée route 60 dans le parc Algonquin.

staff install turtle fencing

C’était la première de trois journées de travail (les autres ayant eu lieu la semaine suivante), auxquelles ont participé jusqu’à 11 membres du personnel tous les jours afin d’ériger plus de 6000 pieds de clôture.

Les terres humides qui se trouvent juste à côté de la route sont un des endroits les plus importants à gérer pour les tortues, surtout pendant la saison de nidification.

Les tortues se déplacent beaucoup entre les zones humides, et elles sont souvent attirées par les fossés le long des routes, qui leur offrent la combinaison idéale de gravier et de sable où pondre leurs œufs. De plus, ces milieux humides sont un habitat naturellement important pour les tortues : ils constituent une zone intermédiaire entre l’eau et la terre.

turtle fencing

Les biologistes du parc Algonquin avaient déjà déterminé les jonctions routes-zone humides qu’il était important d’aménager le long de la route 60, et cette année j’étais la biologiste en charge de l’installation d’une clôture pour réduire le taux de mortalité causé par la route chez les tortues. 

Et seulement six jour après l’installation, j’ai eu la preuve que la clôture fonctionnait

Alors que je quittais le travail, j’ai remarqué une chélydre serpentine, une tortue commune, de l’autre côté de la clôture. Je me suis garée pour regarder de plus près.

Snapper

Il y avait des traces le long de la clôture là où la tortue avait tenté de trouver un endroit pour traverser la route, et la clôture avait empêché qu’elle soit blessée ou tuée ce faisant.

Cette tortue va vraisemblablement vivre plus longtemps que vous et moi

SnapperSi on ne les importune pas et si on les protège de l’activité humaine, les tortues peuvent vivre deux fois plus vieilles que les humains. Dans le parc provincial Algonquin, nous avons évalué l’âge de certaines tortues serpentines à plus de 100 ans!

Et contrairement aux humains, les tortues se renforcent en vieillissant. Protéger les tortues de la mortalité due à la route est vital, car elles n’atteignent l’âge de la reprocution qu’entre 12 et 20 ans, et pondent jusqu’à 100 oeufs par année. Cela signifie que perdre une tortue adulte revient à perdre en fait des centaines de tortues.

En continuant à gérer nos parcs et nos espaces protégés, il est important d’avoir à l’esprit l’objectif ultime de nos efforts : l’intégrité écologique.

Cela signifie que nous ne devons pas seulement gérer et protéger les espèces et les écosystèmes, mais également permettre à la nature de s’épanouir pour elle-même.

J’ai déjà vu une tortue sauvée par mes efforts et ceux de bien d’autres personnes. Je ne peux pas imaginer combien j’en verrai encore au cours des prochaines semaines, sans compter celles que je ne verrai pas, mais qui auront été sauvées par la clôture.