Sandbanks à la rescousse des arbres

Lorsqu’il s’agit de planter des arbres, le parc provincial Sandbanks ne fait pas les choses à moitié.

Mais saviez-vous que ce parc provincial du comté de Prince Edward sauve également des arbres?

Le parc utilise un arsenal de pièges, de clôtures invisibles, de GPS et d’arbres compagnons pour contrer les maladies et les insectes qui s’attaquent aux arbres de l’Ontario.

Comprendre le noyer cendré

Prenons l’exemple du Noyer cendré.

Cette espèce est en voie de disparition à cause du chancre du noyer cendré, un champignon dévastateur. La province ne compte que 113 000 de ces arbres et 90 % d’entre eux sont contaminés.

Une fois qu’un arbre est infecté par le chancre du noyer cendré, il n’existe aucun traitement ni aucun remède. C’est habituellement une simple question de temps.

Les spécialistes des arbres ont cependant découvert que certains noyers cendrés sont résistants au chancre. Ils le combattent comme vous pourriez combattre un rhume.

Les scientifiques veulent produire autant de ces arbres résistants à la maladie que possible et les étudier. Est-ce qu’ils transmettent cette résistance? Si oui, les semences et les greffes de ces arbres robustes pourraient produire une multitude de noyers cendrés suffisamment forts pour survivre.

C’est là qu’intervient Sandbanks. Le parc a planté 100 000 arbres au cours des dix dernières années, notamment deux bois de noyers cendrés totalisant 200 arbres.

Clôtures invisibles

Fences protecting the trees

Ce serait trop bête que des cerfs affamés viennent dévorer la recherche.

Le parc a donc enfermé les jeunes arbres derrière une clôture à cerfs afin de protéger leurs sommet tendre et savoureux.

Les cerfs pourraient facilement sauter par-dessus ces clôtures noires de huit pieds de haut. Mais ils ne le feront pas. Ils ne peuvent pas distinguer la couleur noire suffisamment pour s’y risquer.

Cependant ces clôtures « invisibles » posent un problème. Les cerfs pourraient aller s’écraser dessus. C’est pourquoi le parc a attaché des rubans blancs aux clôtures, que les cerfs n’ont aucun mal à détecter flottant au vent.

Des gardes du corps et de tendres soins 

Butternut with companion trees

Les noyers cendrés sont les arbres les plus dorlotés du parc.

Ils sont plantés près d’arbres compagnons trapus. Ces gardiens altruistes protègent les noyers cendrés du vent et gardent leur pied humide et au frais, tandis que leurs camarades, avides de soleil, profitent de la lumière.

Le parc va jusqu’à enlever les mauvaises herbes autour des noyers et à les arroser lors de sécheresses.

Sandbanks ne paie pas la note pour ce traitement spécial. Des fermes solaires locales financent la plantation et l’entretien de ces arbres vulnérables conformément à leur engagement en vertu de la Loi sur les espèces en voie de disparition.

Faire pousser bébé

Robin Reilly with a baby tree
Robin Reilly avec un bébé Noyer cendré.

Certaines entreprises spécialisées dans l’énergie solaire doivent abattre des noyers cendrés en voie de disparition qui se trouvent leur terrain. En contrepartie, elles doivent planter 20 jeunes plants pour chaque arbre protégé abattu.

Sandbanks et les Friends of Sandbanks Provincial Park ont offert de trouver un endroit où planter ces nouveaux arbres, déclare Robin Reilly, le directeur du parc.

« Il fallait que ce soit un endroit local capable de les accueillir longtemps. Un fois plantés, on ne peut plus les perturber, a-t-il expliqué.  Il faut s’assurer que ces arbres survivront cinq ans, sinon il faudra les remplacer et repartir à zéro. »

C’est une situation gagnant-gagnant. Les arbres infectés de la ferme solaire ont été remplacés par de jeunes arbres en santé qui pourraient s’avérer résistants à la maladie. Les jeunes arbres ne pourraient recevoir de meilleurs soins que ceux dispensés par les mains dévouées du personnel et des amis de Sandbanks.

Une forêt test

Le parc a consigné les coordonnées GPS de chaque arbre. On surveille et étudie chacun d’entre eux avant de déterminer dans quelle mesure il survit et se reproduit.

« C’est en fait une forêt test miniature. »

Quels sont les résultats jusqu’à présent?

« Les arbres que nous avons plantés ont démontré jusqu’à présent une résistance génétique à la maladie. Ils proviennent de différents arbres parents résistants. Une partie de notre recherche consiste à déterminer lequel des parents transmet la plus grande résistance à ses descendants. »

Ormes résistants à la maladie

Sandbanks a entouré ses jeunes  noyers cendrés de soins d’une telle qualité qu’ils les ont étendus à d’autres arbres.

Sandbanks s’est vu offrir la possibilité d’adopter des Ormes d’Amérique résistants à la maladie hollandaise de l’orme.

Le champignon responsable de la maladie hollandaise de l’orme est arrivé en Amérique du Nord dans les années 1930. Dans les années 1970, il avait tué presque tous les ormes de l’est du Canada.

« Nous en avons planté quatre derrière la clôture avec les Noyers cendrés, dit Robins. Nous prévoyons de réaliser un projet d’envergure avec l’Université Guelph l’an prochain, lorsqu’ils auront suffisamment de jeunes plants à partager. »

Ces ormes devront également être traités aux petits soins (et observés et étudiés).

Avoir toujours une longueur d’avance

Sandbanks se prépare déjà à livrer bataille contre une autre invasion dévastatrice – celle de l’agrile du frêne. Ce coléoptère a détruit des millions de frênes en Ontario.

Il pond ses œufs dans les fentes et les crevasses de l’arbre. Lorsque les œufs éclosent, la larve creuse des tunnels sous l’écorce. Lorsque les dommages apparaissent sur l’arbre, il est probablement trop tard pour le sauver.

L’agrile du frêne n’a pas encore été observé à Sandbanks, mais un programme de surveillance est en place.

Des pièges constitués d’un prisme vert recouvert de colle sont placés au sommet de nombreux arbres, suspendus aux branches extérieures. Si jamais cet insecte nuisible pénétrait dans le parc, le personnel s’en rendrait compte en découvrant des spécimens dans les pièges.

Comment pouvez-vous aider?

L’agrile du frêne a été observé dans tout le sud de l’Ontario.

Vous voulez contribuer à ce qu’il ne pénètre pas à Sandbanks? N’apportez pas de bois à brûler de chez vous. Ces envahisseurs pourraient s’y trouver et faire le trajet avec vous.

Achetez plutôt vos bûches et votre petit bois au parc. Ne prenez que la quantité dont vous aurez besoin, et laissez sur place tout ce que vous n’aurez pas utilisé.