Canot sur la rivière

Rivière Mattawa : sculptée par le temps

Le billet d’aujourd’hui provient de Mat St-Jules, interprète de parc au parc provincial Samuel de Champlain.

Les vues panoramiques de la rivière Mattawa m’y ramènent sans cesse.

Je trouve une beauté incroyable dans un cèdre broussailleux accroché à une roche abrupte ou dans le pelage luisant d’une loutre de rivière dressée sur un banc de sable. Mais, bien sûr, ces merveilles ne se limitent pas à elles seules.

Au-delà de la faune et des arbres se trouve le fondement de cette terre : la géologie sur laquelle elle repose.

Le substrat rocheux à nos pieds

La rivière Mattawa serpente à travers le Bouclier canadien. En début de parcours, elle s’élargit pour former le lac Turtle. Parsemée d’îles rocheuses, cette formation est typique d’un lac de cette région.

rivière Mattawa

La pierre que l’on y trouve est principalement du gneiss, une roche rose avec des traces de noir. Il s’agit d’une roche métamorphique, ce qui signifie qu’elle a été créée à partir d’une roche existante qui a été transformée par une chaleur ou une pression énorme.

Dans ce cas, la pression est venue de la collision des continents il y a quelque 1,2 milliard d’années. C’est cinq fois plus vieux que les tout premiers dinosaures, avant l’évolution des poissons et avant l’évolution des insectes.

Cette collision a plié, fissuré et épaissi les roches préexistantes, formant une nouvelle chaîne de montagnes s’élevant à des dizaines de kilomètres dans le ciel. Cette période est connue sous le nom d’orogenèse du Grenvillien (orogenèse étant le terme utilisé par les géologues pour désigner la formation de montagnes).

Au fil des siècles, les montagnes du Grenvillien se sont érodées.

Le gneiss formé sous ces points culminants est connu sous le nom de gneiss de Grenville.

Ses bandes sombres et pâles sont dues à des minéraux comme les micas qui se sont alignés et organisés sous les effets de la pression. Une partie du matériau rocheux a atteint des températures telles qu’il a fondu et s’est écoulé à travers la pierre environnante, pour finalement refroidir et former des bandes de granit.

La roche désintégrée

Ces continents qui sont entrés en collision ont fini par se séparer à nouveau il y a 200 millions d’années.

La rivière Mattawa suit l’une des failles qui se sont formées à cette époque. Une faille est une fracture dans la croûte terrestre. Celle-ci a été nommée à juste titre la faille de Mattawa.

Des preuves flagrantes de son existence sont observables un peu plus loin sur la rivière, aux chutes Talon.

Ici, le courant dévale une gorge étroite flanquée de falaises qui s’élèvent bien au-dessus de l’eau et qui réverbèrent le bruit des chutes. Le long de la moitié inférieure de la rivière Mattawa, on peut souvent observer des falaises similaires.

La faille de Mattawa n’est pas la seule de la région. En fait, il s’agit de la faille la plus septentrionale de tout un réseau de failles.

Ensemble, elles forment une structure appelée le Graben d’Ottawa-Bonnechere. Le mot « graben » est peut-être nouveau pour la plupart d’entre nous, mais traduisez-le comme une sorte de vallée.

En raison de la séparation et de l’étirement du continent, la croûte terrestre s’est abaissée. Cela s’est produit sur la longueur de ce qui serait une vallée. La rivière Mattawa et sa faille sont une section du graben plus large et plus complexe.

La géologie en action

Les forces géologiques n’ont pas cessé de façonner la rivière Mattawa. L’érosion lente des collines environnantes est probablement plus visible à leur base.

rivière

Ici, de petits cours d’eau se jettent dans la rivière Mattawa. Ceux-ci ont ramassé des sédiments, créé de l’érosion, puis les ont déposés sous forme de bancs de sable et de deltas de sable dans la vallée principale de la rivière Mattawa.

On trouve de tels bancs de sable près du parc provincial Samuel de Champlain à Elm Point, Purdy Creek et Simpson’s Falls.

personnel près d’un canot

Les bancs sableux font de ces zones des endroits parfaits pour une halte durant une journée de canotage. La visite de ces charmantes plages témoigne de l’impact permanent de la géologie sur le paysage de la rivière Mattawa.

Le paysage pittoresque de la rivière Mattawa repose sur sa géologie

En pagayant tout le long de la rivière, je réalise à quel point notre monde est façonné par ces forces puissantes, mais invisibles.

C’est un fait que j’oublie souvent, mais la Mattawa me le rappelle de façon magistrale.

Pour cela, je suis très reconnaissant.