Collage de chauve-souris et de papillons nocturnes du parc Killarney

Quand le soleil se couche au parc Killarney

Dans le billet d’aujourd’hui, la stagiaire en biologie Michelle Lawrence nous offre un aperçu de la « vie nocturne » au parc Killarney et nous explique comment le personnel s’emploie à protéger les populations de chauves-souris du parc.

D’aucuns considèrent le parc provincial Killarney comme un « joyau de la Couronne du réseau de parcs provinciaux » et c’est facile de voir pourquoi.

Avec ses montagnes de quartzite blanc et ses lacs aux eaux bleues étincelantes, Killarney est vraiment quelque chose à voir. Dans le milieu sauvage de Killarney, le pin blanc pousse, vit et meurt; les orignaux mordent à belles dents dans les lotus et les forêts et terres humides grouillent de fauvettes et d’autres oiseaux chanteurs.

Mais lorsque le soleil se couche, les créatures dans le parc ne vont pas toutes dormir…

La « vie nocturne » de Killarney

Insigne illustrant une réserve de ciel étoilé

Le parc se targue d’un ciel nocturne scintillant sur lequel les sources lumineuses humaines exercent peu d’influence. Killarney est récemment devenu le premier parc provincial de l’Ontario à recevoir la désignation de réserve de ciel étoilé de la Société royale d’astronomie du Canada.

Le ciel rempli d’étoiles à lui seul vaut la peine de veiller, mais que se passe-t-il lorsque le soleil se couche et que vous entrez à quatre pattes dans votre tente?

La « vie nocturne » prend la relève.

Escapade sous les étoiles à Killarney
La Voie lactée est souvent visible dans le ciel nocturne de Killarney

Les chouettes rayées émettent leurs cris envoûtants, souvent directement sur le terrain de camping George Lake. Les engoulevents-bois-pourris chantent et chantent… et chantent encore. Un chœur de rainettes crucifères pourrait suivre le mouvement. Les papillons nocturnes voltigent toute la nuit, cherchant à s’accoupler.

Et les chauves-souris – une des « créatures nocturnes » les plus incomprises – quittent leur aire de repos.

Ici à Killarney, nous aimons nos chauves-souris

La prochaine fois que vous assisterez à un programme de l’amphithéâtre en soirée ou que vous serez assis autour de votre feu de camp, regardez en haut : vous pourriez être assez chanceux pour voir une chauve-souris en train de voler dans le ciel.

Little Brown Bat
Petite chauve-souris brune en vol

Ce spectacle n’est pas rare dans le parc. Killarney abrite un assez grand nombre de petites chauves-souris brunes durant l’été.

Nous sommes ravis de les avoir. Les chauves-souris sont d’importantes prédatrices d’insectes aériens nocturnes et elles jouent un rôle crucial dans les écosystèmes de Killarney.

Les chauves-souris ne passent-elles pas tout leur temps dans des cavernes?

Contrairement à la croyance populaire, nos chauves-souris ne passent pas tout leur temps dans des cavernes.

une chauve-souris dans une caverne

Durant les mois d’été, les femelles cherchent des aires de repos chaudes (atteignant jusqu’à 38 degrés Celsius!) pour s’abriter le jour et pour élever leurs petits. Ces aires de repos consistent souvent en des coins et recoins dans des arbres ou des bâtiments dont l’extérieur est exposé au soleil, ce qui réchauffe l’intérieur.

À Killarney, nous voyons des chauves-souris se reposer derrière des enseignes, et même dans les tout petits espaces d’un cadre de porte.

Saviez-vous que les papillons nocturnes sont un des aliments préférés des chauves-souris?

Les chauves-souris et les papillons nocturnes ont évolué ensemble au fil des millénaires, jouant un jeu aérien du chat et de la souris. Les papillons nocturnes sont pleins d’éléments nutritifs dont  les chauves-souris, plus particulièrement les mères avec des nouveau-nés, ont besoin de consommer.

Les chauves-souris utilisent l’écholocalisation pour « voir » ce qu’il y a autour d’elles dans l’obscurité; elles émettent des cris aigus qui rebondissent sur les objets, y compris les papillons nocturnes, et ces sons sont renvoyés aux oreilles de la chauve-souris, ce qui lui permet d’éviter les obstacles et d’attraper les papillons nocturnes.

Sphynx du saule, papillon lune et saturnie cécropia

Les papillons nocturnes de grande taille comme le sphynx du saule, le papillon lune et la saturnie cécropia fournissent aux chauves-souris un repas copieux et beaucoup d’éléments nutritifs. Les chauves-souris aident à contrôler les populations de papillons nocturnes, dont les chenilles sont des phyllophages affamés.

Une lumière noire sur un drap blanc constitue un moyen efficace d’attirer et d’étudier les papillons nocturnes à des fins de surveillance ou pour les programmes du parc.

lumière noire sur un drap

La partie d’échecs évolue

Certains papillons nocturnes peuvent détecter les cris d’écholocalisation des chauves-souris et ont développé des moyens d’éviter ces dernières. Certaines espèces arrêtent tout simplement de voler et disparaissent rapidement de la trajectoire de vol de la chauve-souris. Le papillon lune a une longue « queue » sur ses ailes postérieures qui semble confondre la chauve-souris qui se dirige sur le corps juteux du papillon nocturne.

Étonnamment, certains papillons nocturnes ont même la capacité de produire un bruit aigu qui brouille le sonar de la chauve-souris, ce qui permet au papillon de s’enfuir.

collage de papillons nocturnes
Les espèces de papillons nocturnes sont 8 fois plus nombreuses que les papillons, et elles sont très importantes sur le plan écologique. Même s’ils sont souvent de petite taille et qu’on les aperçoit rarement parce qu’ils volent la nuit, les papillons nocturnes se présentent dans une variété étonnante de formes, de couleurs et de motifs

En outre, des scientifiques ont découvert que certains papillons nocturnes sont même dotés de la technologie furtive! Comme nous l’avons mentionné plus tôt, certaines espèces de papillons nocturnes peuvent détecter l’écholocalisation parce qu’ils ont développé des oreilles.

Cependant, la plupart des papillons nocturnes sont sourds; ils ont donc plutôt développé du poil. Le poil absorbe les cris d’écholocalisation de la chauve-souris, rendant le papillon pratiquement invisible pour la chauve-souris.

Nous devons protéger nos chauves-souris

Les petites chauves-souris brunes étaient jadis incroyablement abondantes. Maintenant, nous risquons de les perdre à cause du syndrome du museau blanc.

Le syndrome du museau blanc affecte les chauves-souris en hibernation en les faisant se réveiller plus souvent, les obligeant ainsi à chercher de la nourriture et de l’eau alors qu’il n’y en a pas. Cela brûle de précieuses réserves de graisse et entraîne finalement la mort de la chauve-souris.

chauves-souris ayant le syndrome du museau blanc

Cette maladie est causée par un champignon non indigène qui aime le froid et qui a été identifié pour la première fois dans l’État de New York en 2006. Il s’est rapidement propagé vers l’est et au Canada et a tué quelque 6 millions de chauves-souris!

En quoi aide le parc Killarney?

Durant l’été, les chauves-souris ne sont pas sensibles au syndrome du museau blanc. Le champignon qui cause la maladie prospère dans les milieux froids et humides comme ceux à l’intérieur des grottes.

Un chercheur vérifie s’il y a des dommages causés par le champignon sur l’aile d’une chauve-souris
Un chercheur vérifie s’il y a des dommages causés par le champignon sur l’aile d’une chauve-souris

Par ailleurs, le champignon ne peut pas survivre à la température estivale du corps d’une chauve-souris; mais lorsque la chauve-souris abaisse sa température corporelle durant l’hibernation, le champignon peut s’établir.

Pour cette raison, Killarney veut faire du parc un meilleur endroit où accueillir les chauves-souris durant l’été en leur fournissant de nouveaux dortoirs estivaux. Nous espérons que les survivantes du syndrome du museau blanc seront en mesure de faire croître à nouveau la population de petites chauves-souris brunes.

Le nouveau dortoir expérimental à chauve-souris

Cet été, des chercheurs en chauves-souris de l’Université de Winnipeg ont visité le parc et ont installé un dortoir chauffant à chauve-souris – un des nombreux installés autour de l’Ontario et du Manitoba.

Des chercheurs en chauve-souris pèsent et mesurent une petite chauve-souris brune capturée au cours d’un programme en soirée au parc provincial Killarney
Des chercheurs en chauve-souris pèsent et mesurent une petite chauve-souris brune capturée au cours d’un programme en soirée au parc provincial Killarney

Ils espèrent que ces dortoirs chauffants à chauve-souris amélioreront l’habitat de repos et de maternité pour ces animaux et se traduiront par un plus grand nombre de jeunes chauves-souris qui survivent à l’été.

Les chauves-souris semblent vraiment se plaire dans les dortoirs chauffants, mais les résultats de l’expérience n’ont pas encore été finalisés et on ne recommande pas encore d’utiliser de dortoirs chauffants à chauve-souris en dehors de cette expérience.

Restez à l’écoute!

Encore plus de dortoirs à chauve-souris

dortoir à chauve-souris

Nous avons également entrepris notre propre projet pour mieux accueillir les chauves-souris dans le parc en installant plus de dortoirs à chauve-souris.

En 2019, vous serez en mesure de voir un de nos nouveaux dortoirs à chauve-souris près de l’observatoire de Killarney.

Nous avons installé les dortoirs cet automne; ils seront donc disponibles au printemps 2019 lorsque les chauves-souris reviendront dans le parc après avoir quitté leur site d’hibernation. Nous avons minutieusement choisi des dortoirs à chauve-souris de bonne qualité et des endroits convenables.

Les chauves-souris sont plus susceptibles de prendre place dans les dortoirs si ceux-ci sont bien construits et se trouvent dans l’endroit parfait.

Voici ce que nous avons vérifié lorsque nous avons situé les nouveaux dortoirs à chauve-souris :

  • À l’épreuve des intempéries. Le dortoir à chauve-souris doit être à l’épreuve des intempéries, ou installé au-dessous d’un avant-toit (ou les deux!). Comment vous sentiriez-vous si votre toit fuyait?
  • Une bonne aire d’atterrissage. Les chauves-souris reviennent dans leur dortoir pour se reposer, et elles ont besoin d’une aire assez grande, rugueuse ou rainurée pour pouvoir y atterrir et s’agripper. Les surfaces intérieures du dortoir doivent également comporter une texture qui aide les chauves-souris à tenir bon.

  • L’endroit parfait. Comme les chauves-souris aiment les aires de repos chaudes, leur dortoir doit être installé dans un endroit exposé au soleil la plus grande partie de la journée. Elles aiment particulièrement les dortoirs installés sur les bâtiments, mais les grands dortoirs installés sur de grands poteaux font aussi l’affaire. Les dortoirs installés sur les arbres ont tendance à avoir trop d’ombre.
  • Des chambres étroites. L’étroitesse aide à garder les chauves-souris hors d’atteinte des prédateurs, dissuade les guêpes d’élire domicile à cet endroit et réduit la circulation d’air, ce qui maintient la chaleur.

Vous voulez construire votre propre dortoir à chauve-souris? Nos amis à Bat Conservation International ont d’excellentes ressources.

Nous n’avons pas encore terminé!

L’installation de dortoirs à chauves-souris n’est qu’une partie du projet; nous planifions de continuer à surveiller les populations de chauves-souris dans le parc et de documenter la diversité des papillons nocturnes.

Si vous souhaitez en apprendre davantage au sujet de ces fascinantes créatures ou aider à les surveiller, assistez à un programme en soirée sur les chauves-souris ou les papillons nocturnes au parc Killarney l’été prochain.

programme sur les chauves-souris

Nous espérons que vous serez en mesure d’apercevoir une chauve-souris quittant le nouveau dortoir pour la nuit, et de voir de près des papillons nocturnes et autres insectes nocturnes.

drap avec lumière noire

Suivez le parc provincial Killarney sur les médias sociaux (@KillarneyPP est sur Twitter, Facebook et Instagram durant le printemps, l’été et l’automne), et restez à l’écoute sur notre page des événements pour les programmes sur les chauves-souris, les papillons nocturnes et l’astronomie proposés chaque été.


Pour contribuer aux célébrations du 125e anniversaire de Parcs Ontario, les parcs aux quatre coins de la province organisent 13 programmes d’intendance pour aider à protéger la biodiversité dans les parcs provinciaux.