Projets scientifiques de Quetico en 2017

De nombreuses personnes, lorsqu’elles pensent à Quetico, s’imaginent camper dans l’arrière-pays ou pagayer dans un paysage magnifique. Le billet d’aujourd’hui, qui a été rédigé par Brian Jackson, biologiste de parc, porte sur les importants travaux scientifiques de Quetico.

Ce fut encore une année occupée en matière d’études scientifiques et de surveillance dans le parc provincial Quetico.

Voici simplement quelques-uns des projets réalisés au cours de l’été dernier :

Ce que racontent les cernes des arbres

Le Pin rouge est une des espèces emblématiques du parc provincial Quetico. Ces pins forment souvent de pittoresques bouquets de grands arbres le long des rives rocheuses des lacs.

Tree peeled back for resin
Ce Pin rouge a été pelé pour recueillir de la résine au début du XIXe siècle. Photo : Brian Jackson

Le Pin rouge est une espèce longévive qui peut vivre jusqu’à 300 ans. En fait, le Pin rouge était une source importante de résine utilisée pour la construction et la réparation des canots en écorce de bouleau (voir la photo).

En fait, la quantité élevée de résine dans le Pin rouge fait que les arbres morts et les souches résistent à la décomposition.

Le Pin rouge s’est également adapté à de multiples feux de forêt de faible intensité (des petits incendies qui parcourent les sous-bois).

Pourquoi étudier le Pin rouge?

Comme le Pin rouge vit très longtemps et peut survivre à des incendies de faible intensité, il peut nous en dire beaucoup sur l’histoire et le comportement des feux dans le parc.

À beaucoup d’endroits, des feux de faible intensité sont nécessaires à la régénération de certaines espèces.

Ils contribuent également à empêcher les incendies d’intensité élevée qui pourraient échapper à tout contrôle. Par exemple, les feux de faible intensité empêchent l’accumulation de matières mortes ou les couches denses d’arbustes, par exemple de Sapins baumiers. Si on laisse ces couches se constituer, l’incendie suivant bénéficiera de plus de combustible et sera plus intense.

Cet été, des membres du personnel du parc provincial Quetico et de la Quetico Foundation ont étudié, avec des chercheurs de l’Université du Minnesota et de l’Université du Wisconsin, des cicatrices sur les Pins rouges. Les chercheurs ont examiné à la fois des arbres vivants et les souches d’arbres morts au cours du siècle précédent.

Red pine stump with scares from fires
Section échantillonnée d’une souche de Pin rouge avec des cicatrices causées par des incendies de faible intensité répétés. Photo : Brian Jackson

Les cicatrices peuvent être causées par des incendies, et des incendies répétés laissent souvent des traces dans la croissance des arbres. D’autres cicatrices se sont formées lors de la collecte de résine, lorsqu’une section d’écorce a été enlevée de l’arbre pour faire couler cette dernière.

Qu’avons-nous appris?

Les chercheurs ont découvert que les peuplements situés le long des routes les plus fréquentées connaissent normalement une fréquence plus élevée de feux de faible intensité que les secteurs plus éloignés des itinéraires fréquentés. Cela est particulièrement vrai lorsque des arbres ont été pelés.

Les résultats de cette étude contribueront à informer le nouveau Plan de gestion des incendies du parc.

L’écrevisse

Close up of Rusty Crayfish
Écrevisse à taches rouges capturée à Prairie Portage. Photo : Ty Colvin

On ne trouve dans le parc provincial Quetico qu’une espèce indigène d’écrevisse : Orconectes virilis, l’Écrevisse à pinces bleues.

Toutefois, depuis au moins le début des années 1990, des écrevisses non indigènes se sont infiltrées dans le parc. À l’époque, des membres du personnel des pêches du Minnesota ont capturé des spécimens d’Écrevisse à taches rouges (Orconectes rusticus)  et d’Écrevisse à rostre caréné (O. propinquus) dans les lacs frontaliers partagés Basswood, Knife et Sucker.

Pourquoi étudier l’écrevisse?

Quand une nouvelle espèce arrive dans un écosystème, il est important d’en vérifier l’impact.

Au cours des trois dernières années, le personnel du parc provincial Quetico et de la Quetico Foundation a réalisé des études à l’aide de pièges à ménés modifiés appâtés avec des aliments pour chats. Ces études permettent  de mieux connaître la répartition et les caractéristiques biologiques de ces espèces introduites.

Des études ont également été réalisées sur des populations d’écrevisses indigènes afin de mieux connaître leurs caractéristiques biologiques et leurs préférences en matière d’habitat.

Quetico crayfish monitoring map
Carte des aires de surveillance des écrevisses dans le parc Quetico

Où en sont les nouvelles écrevisses?

Actuellement, la répartition de l’Écrevisse à taches rouges se limite au secteur autour de Prairie Portage (lac Basswood), mais l’Écrevisse à rostre caréné se déplace à la fois vers l’amont et vers l’aval depuis l’emplacement originel.

Jusqu’ici, nous avons trouvé des Écrevisses à rostre caréné dans une dizaine de lacs (donc, à peu près chaque lac que nous avons étudié à l’extrémité sud du parc).

Close up of a Clearwater Crayfish
Écrevisse à rostre caréné capturée dans le lac Sheridan. Photo : Ty Colvin

On ne sait pas vraiment pourquoi l’Écrevisse à rostre caréné se déplace, alors que l’Écrevisse à taches rouges ne le fait pas, étant donné que cette dernière a la réputation d’être l’espèce envahissante la plus agressive.

Comme l’Écrevisse à taches rouges serait sensible au niveau de calcium, des études ont été réalisées dans des lacs où le niveau de calcium est plus élevé pour voir si cela expliquait la différence. Cependant, les pièges n’ont permis de capturer que des Écrevisses à rostre caréné dans ces lacs, aucune écrevisse indigène et aucune Écrevisse à taches rouges n’ayant été capturée.

Qu’avons-nous appris?

Il semble que l’Écrevisse à rostre caréné soit en train d’éliminer nos écrevisses indigènes.

Les incidences écologiques du remplacement des écrevisses indigènes par l’Écrevisse à rostre caréné ne sont pas tout à fait établies, car la plupart des études ont porté sur les impacts de l’invasion de l’Écrevisse à taches rouges.

Il est important de vérifier si l’Écrevisse à rostre caréné remplace simplement l’Écrevisse à pinces bleues, oui si elle a également une incidence plus générale sur l’écosystème.

Veiller à ce que nos écosystèmes aquatiques demeurent sains et à ce que nos pêches demeurent durables

Amy Adair, employée de la Quetico Foundation, et Conrad Jourdain, technicien de Lac La Croix Fisheries, échantillonnent des poissons capturés dans le cadre d’une surveillance à grande échelle du lac Wolsely. Photo : Brian Jackson

La surveillance à grande échelle est la méthode standard employée en Ontario pour déterminer la situation des populations de poissons, et pour surveiller la qualité de l’eau, les conséquences de la pêche à la ligne et le zooplancton, espèces envahissantes comprises.

L’été dernier, le deuxième cycle de surveillance à grande échelle des milieux aquatiques a été achevé à Quetico.

Méthodes améliorées

Au cours des deux dernières années, le personnel de Quetico, conjointement avec la Section de la recherche et de la surveillance en matière de pêche, a examiné des moyens d’étendre la surveillance à grande échelle à l’écosystème aquatique général, tout en minimisant la mortalité de l’échantillonnage.

On s’est servi d’un matériel hydroacoustique (la haute technologie au service de la recherche de poissons) pour étudier plusieurs lacs afin de dénombrer les « particules » dans l’eau. Dans ce cas, ces particules vont du petit phytoplancton aux plus gros poissons.

Two scientists in a boat
Brian Jackson, biologiste du parc Quetico, et Dakota Lands, technicien de Lac La Croix Fisheries, échantillonnent des poissons capturés dans le cadre de la surveillance à grande échelle du lac Minn.

Les résultats des études hydroacoustiques et ceux des échantillons de zooplancton et de ce qu’on trouve dans les filets déterminent ensemble l’efficacité du programme de surveillance à grande échelle pour échantillonner l’éventail d’organismes d’un lac.

Ces données peuvent être utilisées pour évaluer la santé d’un écosystème dans ce qu’on appelle une analyse du spectre des tailles – une comparaison de l’abondance des organismes de tailles différentes dans une masse d’eau.

Il a été démontré que les écosystèmes sains ont une signature spectrale des tailles différente de celle des écosystèmes affectés par des problèmes de récolte excessive ou d’habitat.

Pourquoi étudions-nous nos lacs?

La surveillance à grande échelle nous procure les données dont nous avons besoin pour gérer nos pêches et nos écosystèmes aquatiques de façon durable.

researcher examing nets

En raison de l’état relativement préservé et de la diversité des lacs du parc provincial Quetico, c’est un des meilleurs endroits de la province où effectuer ces recherches.

Comme les écosystèmes aquatiques et les populations de poissons de Quetico subissent un stress moindre que d’autres lacs ou régions, ils nous renseignent sur l’impact de facteurs de stress à l’échelle de la province tels que le changement climatique.

Un gros merci!

Une grande partie de ce travail a été accompli grâce au soutien de la Quetico Foundation, qui fournit une équipe de recherche de quatre personnes et un stagiaire en biologie.

Parmi les autres personnes qui ont contribué à la recherche et à la surveillance figurent des techniciens des ressources de la Première Nation du Lac La Croix et des membres du personnel du MRNF, par exemple les équipes de surveillance à grande échelle.

Les données que nous recueillons nous fournissent les connaissances nécessaires pour protéger la riche biodiversité de Quetico et gérer de façon durable nos ressources naturelles dans l’ensemble de la province!