Si vous avez visité récemment le parc provincial Presqu’ile, vous avez probablement aperçu des membres du personnel et des bénévoles en train d’abattre des pins heureux de vivre (à l’époque de Noël!) et de les introduire (*SOUPIR*) dans la déchiqueteuse.
Vous vous êtes même peut-être approché(e) pour demander d’une petite voix larmoyante : Pourquoi prenez-vous notre arbre de Noël? Pourquoi?
Voici ce qu’il en est :
Les arbres qu’on est en train d’abattre et de déchiqueter sont d’une espèce très particulière : le pin sylvestre.
Et le pin sylvestre est une espèce envahissante.
Quelle est la différence entre une espèce normale et une espèce envahissante?
- Indigène : une espèce qui est du Canada
- Non indigène : ces espèces ne sont pas originaires du Canada, mais on en trouve quand même qui poussent ici, comme les rosiers dans votre jardin
- Envahissante : ce sont les méchantes. Les espèces envahissantes sont des espèces non indigènes qui sont devenues incontrôlables et font maintenant concurrence aux espèces indigènes
Mais comment un arbre européen qui peut atteindre 35 m a-t-il pu traverser l’océan?
De la même manière que les rosiers – des gens les ont apportés.
Les périples du pin sylvestre
Dans les années 1920 et 1930, il y a eu au Canada un gros problème d’érosion des sols. Après quelques années de sécheresse et une politique de coupe à blanc, beaucoup de secteurs étaient en péril.
Pour le reboisement, le Canada a fait venir des experts d’Europe. Et ces pros de l’exploitation forestière ont parlé de leurs principales essences, dont l’épicéa commun, le pin d’Autriche et – vous l’avez deviné – le pin sylvestre.
Et ça a marché. Les nouveaux arbres ont contribué à rééquilibrer le sol et à favoriser le reboisement.
Il s’avère cependant que le pin sylvestre est un arbre fabuleux, mais pas dans le bon pays. Cet arbre rustique a évolué pour survivre dans des environnements rigoureux.
En Europe, il avait des prédateurs et des contrôles naturels. Mais au Canada, il pouvait se propager à sa guise, envahissant de nombreux écosystèmes sensibles de l’Ontario, dont des savanes de chênes, des prairies d’herbes hautes et des dunes de sable.
Le pin sylvestre menace également…
l’écosystème de panne de Presqu’ile
Voici la panne.
Très beau, mais c’est juste un pré, non?
Non.
Cet écosystème divers est un habitat G20 — ce qui signifie qu’il y a moins de 20 lieux comme celui-là dans le monde entier.
Dans la panne prospèrent des fleurs sauvages et des herbes, dont beaucoup ne poussent nulle part ailleurs. Vous y verrez des créatures telles que la bécassine de Wilson ou la rainette faux-criquet de l’Ouest. les voici
Quant aux fleurs sauvages, admirez ces merveilles :

L’écosystème rare de la panne survit parce que des arbres indigènes du Canada peuvent y pousser.
Mais tout n’est pas si rose…
…parce que le pin sylvestre tente de coloniser l’environnement de la panne, éliminant les espèces indigènes.
Stopper l’invasion du pin sylvestre n’est pas une mince affaire, mais heureusement nous avons eu beaucoup d’aide de nos bénévoles et de nos partenaires.
Présentation de nos héros prêts à en découdre
Presqu’ile dispose d’une armée pour lutter contre le pin sylvestre, et notamment les Friends of Presqu’ile, qui font un travail remarquable.
Leur mission : maîtriser la propagation du pin sylvestre et éliminer l’espèce dans les endroits sensibles.
Ces équipes dévouées utilisent des scies à broussailles pour les petits arbres et des scies à chaîne pour les gros.
Contrairement à d’autres espèces, le pin sylvestre ne rejette pas de souche ni ne drageonne, et on peut donc laisser les arbres abattus là où ils sont tombés, où ils pourront nourrir des animaux ou leur servir d’habitat, ou les introduire dans la déchiqueteuse.
La déchiqueteuse? s’écrie une visiteuse inquiète. Pauvres arbres de Noël!
Ne vous inquiétez pas – ces arbres ne seront pas jetés au rebut. Les copeaux des pins sylvestres abattus sont utilisés sur les sentiers un peu partout dans nos parcs.
Donc, si vous apercevez nos équipes en train d’introduire des arbres de Noël dans la déchiqueteuse, ne vous en faites pas – nous ne faisons pas partie des grognons de tout poil qui détestent les fêtes.
Nous gérons les espèces envahissantes et protégeons un écosystème sensible.
Et nos équipes de membres du personnel du parc et de bénévoles obtiennent d’excellents résultats. Dans le parc provincial Ferris, ils ont fait un si beau travail qu’il ne reste plus un seul pin sylvestre envahissant!
Si cela ne fait pas battre votre coeur d’amoureux de la nature, qu’est-ce qui y parviendra?