La mesure d’un voyage en canot

Le billet d’aujourd’hui est une diatribe polie de la bibliothécaire du parc provincial Quetico, Jill Sorensen.

Il semble que nous entendions constamment parler de voyages de style expédition – des récits où les gens ont battu des records de vitesse, ont pagayé les plus longues distances ou ont été « les premiers » à terminer un parcours. Les ampoules. La privation de sommeil. L’endurance.

Et c’est très bien ainsi. Je n’ai aucun problème avec le suivi des kilomètres ou les tentatives de course. Mais si vous insistez pour mesurer tous vos voyages, puis-je vous suggérer de compter autre chose? Quelque chose qui vous relie plutôt au paysage ou à une part de l’histoire culturelle.

Un peu moins de vitesse. Un peu plus d’appartenance.

Voici quelques suggestions d’autres choses à compter :

1. Chutes d’eau

Eau tombant sur des roches brunes

Et si vous mesuriez votre voyage en fonction du nombre de nuits où vous entendez l’eau couler depuis votre tente? Comment la dynamique de votre voyage pourrait-elle changer en donnant la priorité aux chutes d’eau?

2. Nuits sous les étoiles

Des étoiles au-dessus des arbres dans un ciel sombre

Quetico a récemment été désigné comme un parc international de ciel étoilé par l’IDA. Dans une dizaine d’années, quel regard porterez-vous sur un voyage où vous aurez compté le nombre total de constellations observées au lieu des mètres de portage parcourus?

3. Types de poisons mangés

Un pêcheur pêchant dans un lac au coucher du soleil

Le doré jaune vaut-il vraiment la peine d’être comparé à l’achigan? Dans un test de goût à l’aveugle, pouvez-vous, vous ou votre partenaire de canot, faire la différence entre la truite et le brochet? Essayez de goûter à une variété de types de poissons pour éveiller votre curiosité.

4. Lieux de baignade

Plage de sable au bord d’un lac avec des reflets de nuages

Il y a des trous d’eau spectaculaires et de célèbres « bains à remous » naturels. Pourquoi ne pas apporter votre maillot de bain et voir dans combien d’endroits vous pouvez faire trempette?

Vous pourriez même remarquer plus de tortues, de canards et de grenouilles.

5. Feux de camp

Groupe autour d’un feu de camp sous les aurores boréales

Quand j’avais 22 ans, j’ai passé tout un été dans l’arrière-pays du parc Quetico sans prendre le temps de faire un seul feu de camp. C’était vite, vite… pas de temps à perdre.

Aujourd’hui, que je pagaie pendant 10 heures dans une journée ou non, m’attarder près d’un feu au crépuscule est ce que j’attends avec le plus d’impatience. Et si vous mesuriez votre voyage à la qualité de la lumière de votre feu de camp?

6. Les choses naturelles que vous avez décelées

Une ancolie du Canada dans la forêt

Avez-vous déjà dérivé le long d’un marais ou d’un ruisseau et été intrigué par toutes les fleurs sauvages? Ou peut-être avez-vous toujours voulu apprendre le chant des oiseaux ou en savoir plus sur le lichen qui recouvre ces superbes formations rocheuses?

Si vous planifiez intentionnellement votre voyage à l’aide d’un guide, vous pourriez vous surprendre à admirer la biodiversité.

7. Histoires

Canot sur le rivage au coucher du soleil.

Vous ne voyagez pas dans une contrée sauvage. La terre renferme d’innombrables histoires de personnes qui sont venues avant vous ou qui sont encore présentes sur la terre.

Par exemple, à Quetico, vous pourriez suivre les coups de pagaie des Ojibwés au-delà de la colline Warrior, des voyageurs ou de Simon Dawson le long de l’extrémité nord du parc, ou d’Aldo Leopold le long du lac Basswood.

Peut-être tomberez-vous par hasard sur des pictogrammes autochtones. Les mystères de leur création commencent vraiment à résonner alors que vous allez et venez le long de parois rocheuses proéminentes. À quelle hauteur seraient-ils s’ils avaient été peints par une personne debout sur un lac gelé plutôt que penchée hors d’un canot? Qui était ici et quelles histoires ces personnes essayaient-elles de partager?

Comment le fait de mesurer votre voyage selon les histoires pourrait-il révéler votre propre sentiment d’appartenance?

« Combien de temps doit durer mon parcours? »

Lorsqu’on demandait à Bill Mason pourquoi il pagayait ces « lents canots Prospector en bois entoilé », il aimait répondre : « Pourquoi voudrais-je aller vite? »

De nombreux campeurs doivent parcourir de longues distances pour arriver à leur destination, pour ensuite courir partout dans le parc.

S’attarder près des chutes d’eau, des pictogrammes ou sous un ciel étoilé peut tout simplement offrir un récit plus durable et plus significatif (et beaucoup moins d’ampoules!).

Donc, lorsque les campeurs m’appellent pour me demander combien de temps ils doivent prendre pour effectuer un parcours, attendez-vous à ce que je leur réponde : « Le plus longtemps possible! ».