L’histoire du jardin de pollinisateurs du parc provincial Emily

Le billet d’aujourd’hui provient d’Alexander Renaud, responsable du programme Découverte au parc provincial Emily.

En été 2018, notre personnel du programme Découverte au parc provincial Emily a voulu apporter une contribution IMPORTANTE au parc.

Les années précédentes ont vu l’introduction de boîtes de protection des nids de tortue, la collecte de données sur les espèces au moyen d’un bioblitz et la conception et la création d’un nouveau réseau de sentiers.

Nous avons décidé de créer un jardin de pollinisateurs!

Pourquoi créer un jardin de pollinisateurs?

Pendant une dizaine d’années, notre personnel du programme Découverte et de l’entretien au parc Emily s’est efforcé de produire un impact positif sur l’environnement.

Tout a commencé lorsque le personnel a remarqué que des plantes telles que le dompte-venin de Russie, le nerprun commun et la salicaire pourpre (une fois retirées des rives) provoquaient à nouveau des dégâts considérables dans le parc. L’élimination de ces espèces envahissantes est essentielle pour que les espèces végétales indigènes puissent s’épanouir!

Visiteurs du parc Emily contribuant à un programme de gestion des espèces envahissantes qui leur a appris comment reconnaître et éliminer les plantes nuisibles.
Même des campeurs ont contribué au blitz d’élimination dans le parc!

La réalisation de ces projets peut prendre des années parce que les plantes en question sont très robustes et résilientes. Le nerprun commun, en particulier, existe dans le parc depuis des décennies et il est extrêmement difficile à éliminer. Il ne suffit pas de couper la tige à ras. Il repousse de plus belle!

Comment ces plantes sont-elles arrivées dans le parc? Difficile à croire en traversant le parc Emily aujourd’hui, mais le terrain de camping était autrefois des champs agricoles. Les seuls arbres qui existaient étaient les cèdres qui composent ce qui est maintenant le terrain de camping Cedar.

Bien que certaines plantations aient été effectuées dans le parc, une grande partie de la végétation est revenue à son état naturel, y compris les envahisseurs dont nous avons traité auparavant! Les semences sont arrivées transportées de propriétés voisines et par des animaux de passage.

Photo aérienne historique du parc provincial Emily Provincial Park et du terrain de l’autre côté de la rivière, maintenant Cowan's Bay.
Vue aérienne du parc Emily peu après l’ouverture à la fin des années 1950

Nous travaillons assidûment pour rétablir l’équilibre au sein de l’écosystème du parc. Nous avons donc décidé réintégrer quelques plantes plutôt que de les éliminer! En réintroduisant ces espèces dans l’écosystème, nous fournissons nourriture et habitat à toutes sortes de bêtes qui en dépendent.

Qu’est-ce que des pollinisateurs?

Pourquoi donc tenons-nous tant à ces pollinisateurs? Qu’ont-ils de si spécial?

Saviez-vous qu’environ 80 à 95 % des espèces végétales ont besoin d’aide extérieure pour monter en graine?

Picture of a yellow butterfly.
Un magnifique papillon tigré qui n’est qu’un des nombreux pollinisateurs au parc Emily

Les pollinisateurs, y compris les animaux comme les oiseaux, les abeilles, les chauves-souris, les papillons, les papillons de nuit, les scarabées et les mouches, transportent les grains de pollen de l’anthère (organe mâle) d’une fleur vers le stigmate (partie femelle). Lorsque cela se produit, la pollinisation a lieu!

Monarque butinant une fleur

Ce n’est que la première étape, mais elle est cruciale pour que les plantes se multiplient!

Le bon emplacement… c’est essentiel

Avant d’aller trop loin, nous devons trouver l’emplacement parfait.

Photo montrant comment le personnel a délimité le parterre de fleurs à l’aide de planches de bois posées sur l’herbe.
Le personnel a tenté d’imaginer l’aspect du produit final

Notre personnel du programme Découverte est très occupé durant l’année! L’emplacement doit être accessible, là où les visiteurs peuvent le voir, et suffisamment grand pour accueillir plusieurs plantes, mais pas outre mesure pour empêcher que le projet soit achevé à temps. Plus important encore, nous voulions attribuer une vocation à un espace.

Nous avons tous convenu que cette zone d’herbe dans l’allée menant au bureau était parfaite! Un espace nettement sous-utilisé auquel on pouvait confier une nouvelle mission. En évaluant la situation, nous avons envisagé la possibilité de présenter neuf plantes uniques dans une planche de jardin à deux niveaux. Ensuite, nous avons pris les pelles et nous nous sommes mis au travail.

Photo montrant une zone vide avec le cadre du jardin en boîte installé.

Après avoir pelleté tout le sol sableux au-dessous et placé du tissu d’aménagement paysager noir pour réduire les risques de réapparition d’herbe, nous l’avons rempli avec de la nouvelle terre. Ainsi fait, nous sommes allés dans la serre prendre nos plantes locales.

Choisir nos espèces

Maintenant, vous vous demandez peut-être comment avons-nous réduit notre sélection à seulement neuf plantes. Plus de 750 espèces de plantes indigènes se trouvent dans la région de Kawartha, mais toutes ne se trouvent pas au parc Emily. Nous avons consulté des experts locaux et étudié les recherches et les enquêtes réalisées dans le parc au fil des ans.

Vue du jardin de pollinisateurs aussitôt après que tout ait été planté.
Et voilà! Toutes nos nouvelles plantes ont trouvé domicile dans le jardin

Nous avons pris des plantes :

  • qui toléraient le soleil, l’emplacement que nous avons choisi n’offre pas beaucoup d’ombre,
  • qui étaient inscrites sur la liste des espèces recensées, mais que l’on avait pas vues dans le parc récemment,
  • que nous avons trouvées dans une plus vaste étendue géographique.

Nous voulions que les visiteurs se sentent inspirés, nous avons donc également choisi des plantes qui fleurissent tout au long de notre saison d’exploitation – de mai à octobre – afin que vous ayez toujours quelque chose à voir lors de votre visite!

Les neuf finalistes

Voici les plantes qui ont maintenant élu domicile au parc Emily :

Benoîte à trois fleurs : Plein soleil. Cette plante à croissance lente, de type fougère, est l’une des toutes premières à fleurir au printemps et elle continue de s’épanouir tout au long de l’été. La plante tire son nom des longues gousses en forme de plumes ressemblant à de la fumée.

Benoîte à trois fleurs

Séneçon doré : Un peu d’ombre. Ces fleurs jaune vif se démarquent certainement! Bien qu’elles entrent dans la famille des asters, elles fleurissent de mai à juillet, l’une des plus précoces de l’espèce. Elles mesurent environ deux pieds de haut et présentent des feuilles en forme de cœur.

Penstémon digitale.

Penstémon digitale : Plein soleil. Cette grande et belle plante produit des fleurs d’un blanc profond en mai et juin. En raison de la forme des fleurs, seuls les pollinisateurs qui ont une longue langue pourront accéder au pollen à l’intérieur. Les abeilles et les colibris sont des visiteurs fréquents de cette plante.

Asclépiade tubéreuse : Plein soleil. C’est une plante vivace touffue à fleurs orange vif. Le bouquet de fleurs au sommet peut souvent mesurer de 2 à 5 pouces de diamètre et il attire tous les papillons!

Rudbeckie hérissée (marguerite jaune) : Plein soleil. La fleur sauvage indigène la plus populaire cultivée en Ontario. Elle fait partie de la famille des tournesols et tire son nom anglais (black-eyed Susan) des centres brun foncé/violet de la tête de la fleur. Assurez-vous d’éclaircir la talle ou elle s’étendra!

Black-eye susan.

Céanothus d’Amérique (thé du New Jersey) : Plein soleil. Un arbuste court qui ne dépasse pas 3 pieds. Parfait pour ancrer les coins de notre jardin et qui produit une belle grappe de fleurs blanches. Autre avantage de cette plante, elle résiste à la sécheresse!

Géranium sauvage.

Géranium sauvage : Ombre. Superbe plante vivace à cinq pétales. Floraison de la fin du printemps au début de l’été, c’est un bel ajout à tout jardin. La fleur de la plante finira par céder la place à une gousse en forme de bec d’oiseau, puis qui desséchera et se détachera de la plante.

Physocarpe à feuilles d’obier : Un peu d’ombre. Nous avons choisi cet arbuste de plus grande taille comme élément central du jardin. Il fleurit tard au printemps avec des grappes de fleurs blanches et roses. À l’automne, il produit des fruits rouges qui servent de nourriture à nos amis à plumes. Il grandira (5 à 10 pieds) et fournira un peu d’ombre à toutes les plantes qui l’entourent.

Liatris à épis : Plein soleil. Cette plante est répertoriée comme espèce « menacée » en Ontario. Le développement urbain et la concurrence avec les envahissants roseau commun européen et salicaire pourpre nuisent aux peuplements existants.

Liatris à épis.

Comment pouvez-vous aider?

1. Créez votre propre petit jardin! Vous serez émerveillé par ce que quelques plantes peuvent faire pour aider l’écosystème qui vous entoure. Beaucoup de ces petites bestioles ont un long chemin devant elles et apprécient la collation que vos fleurs leur offrent.

2. Laissez l’herbe pousser un peu plus et ignorez les « mauvaises herbes ». Beaucoup de plantes indigènes étaient considérées nuisibles par ceux qui se sont établis en Amérique du Nord et elles ont acquis une mauvaise réputation. Les pissenlits, par exemple, sont l’une des premières plantes à fleurir au printemps et constituent une source essentielle de nutriments pour les premiers insectes réveillés après le dégel.

3. Parlez-en. Nous ne disposons pas tous de grands espaces dégagés que nous pouvons convertir en jardins de pollinisateurs. Et ça se comprend! En contribuant simplement à diffuser le message quant au bien qui peut être bien fait, vous faites déjà votre part.

Lors de votre prochaine visite au parc provincial Emily, ne manquez pas d’arrêter au bureau du parc pour trouver l’inspiration concernant votre propre jardin de pollinisateurs ni d’observer qui visite nos fleurs ce jour-là!