Les impressionnants papillons tigrés du parc provincial Charleston Lake

Le billet d’aujourd’hui est rédigé par Chris Robinson, chargé des programmes éducatifs du patrimoine naturel au parc provincial Charleston Lake.

Il s’agit d’un temps de l’année animé et coloré au parc provincial Charleston Lake; le soleil plombe toute la journée et les jours semblent sans fin. Les mois de juin et juillet sont les meilleurs mois pour pratiquer l’observation des papillons!

Les papillons tigrés sont parmi les papillons les plus éclatants du parc. Ils sont bien connus pour leur grande taille, leurs couleurs uniques et leurs « queues » en forme de bandelette sur leurs ailes postérieures.

Ces papillons portent bien leur nom; ils sont jaunes avec des bandes noir foncé qui rappellent celles des tigres. Vous pouvez facilement les voir rôder le long de la forêt ou en train de récolter du nectar de différentes plantes.

Il y a deux espèces de papillons tigrés au parc provincial Charleston Lake : le Papilio glaucus et le papillon tigré du Canada. Toutefois, comme les deux papillons sont étroitement reliés, ils sont difficiles à différencier.

Le Papilio glaucus

Le Papilio glaucus, situé plus au sud, est un peu plus grand (une envergure de 7 à 10 cm) et le bord interne de son aile postérieure est souligné d’une étroite bande noire. Sa répartition géographique s’étend jusqu’au sud de la Floride, mais au Canada, on le trouve uniquement dans le sud de l’Ontario.

Ce porte-queue produit deux générations. La première génération émerge à la fin du mois de mai et en juin, tandis que la deuxième génération prend son envol en juillet et parfois en août.

Le papillon tigré du Canada

Le papillon tigré du Canada est le plus petit des deux avec une envergure de 5 à 9 cm. On le retrouve au nord, du Yukon jusqu’au sud des Appalaches aux États-Unis.

Contrairement aux chrysalides (cocons) du Papilio glaucus, ceux du papillon tigré du Canada peuvent survivre aux températures froides de l’hiver. Le papillon tigré du Canada ne produit qu’une génération par année, habituellement de la fin mai à la fin juin. Par conséquent, si vous voyez un papillon tigré en juillet ou en août, il s’agit presque certainement d’un Papilio glaucus.

Le quotidien d’un papillon

En tant qu’adulte, les papillons suivent une routine quotidienne. Le matin, ils se prélassent au soleil pour augmenter leur température corporelle et réchauffer leurs muscles de vol.

Les papillons dépendent du soleil pour se réchauffer, car comme tous les insectes, ils ne peuvent pas se réchauffer eux-mêmes comme les humains ou les autres mammifères. Lorsqu’ils sont réchauffés, ils butinent pour se nourrir de nectar, un suc mielleux.

Une fois bien nourris, les papillons tigrés mâles passent la grande majorité de l’après-midi à chercher des femelles. Ils jouent la navette et empruntent toujours le même trajet, souvent le long des ruisseaux, des routes ou des champs. Un mâle suivra une femelle qu’il rencontre et essaiera de s’accoupler avec elle. Une femelle qui n’est pas intéressée par ses avances étendra ses ailes pour empêcher le mâle de s’accrocher à elle.

Lorsqu’une femelle qui s’est accouplée est réchauffée et nourrie, elle commence la tâche essentielle de chercher des plantes où elle peut déposer ses œufs, comme les cerisiers et les frênes du parc. La femelle du papillon tigré du Canada est moins capricieuse et elle dépose aussi ses œufs sur les peupliers et les saules.

La femelle préfère déposer ses œufs sur des feuilles exposées sur le côté sud des arbres et à moins de 2,5 m du sol, probablement en raison d’une chaleur accrue du soleil et d’une protection contre le vent offerte par les arbres. Les températures élevées accélèrent le développement des chenilles qui sortent des œufs, ce qui est d’une importance cruciale. Un développement rapide signifie que les œufs sont exposés moins longtemps aux oiseaux prédateurs et aux parasites.

Rester en vie

Comme les chenilles du papillon tigré sont savoureuses pour les oiseaux, elles doivent trouver des façons originales de se cacher des prédateurs. Au cours de la première période de croissance, les chenilles imitent l’apparence du guano afin de ne pas être aperçues. Lorsqu’elles atteignent la maturité, les chenilles deviennent vert foncé, ce qui leur permet de se camoufler sur les feuilles qu’elles mangent.

Ces chenilles ont deux taches ressemblant à des yeux qui lui confèrent un profil de serpent. Cela les fait paraître plus intimidantes et aide à éloigner les prédateurs. Elles ont aussi des appendices fourchus, semblables à des tentacules (unique aux chenilles de papillon tigré), qui sortent derrière leur tête lorsqu’elles sont contrariées. Ces appendices dégagent une odeur fétide et on croit qu’il s’agit d’un mécanisme de défense contre les prédateurs, tout particulièrement les fourmis.

Si la chenille du papillon tigré dépend du camouflage, ce n’est pas le cas pour le papillon adulte aux couleurs flamboyantes. Pour se cacher des nombreux oiseaux affamés, les papillons tigrés adultes sont très astucieux. Chaque aile postérieure est décorée d’un motif unique qui converge vers l’aile intérieure où il y a un point bleu et une longue « queue » en forme de bandelette. Cela donne l’impression qu’il y a une « fausse tête » au bas des ailes postérieures (la partie la plus éloignée de la vraie tête) avec des yeux (les points bleus) et des « antennes » (les queues). Un prédateur potentiel pourrait être attiré à cette fausse tête plutôt qu’à la vraie tête et au corps.

Il n’est pas inhabituel de voir des papillons tigrés avec des ailes postérieures abîmées, où leurs queues étaient jadis. Les papillons peuvent survivent avec une aile endommagée. Cependant, ils ont moins de chance de survivre une morsure à la tête ou au corps. Gardez l’œil ouvert pour les papillons aux ailes postérieures endommagées avec des déchirures en forme de bec d’oiseau.

Un spectacle à ne pas manquer

Un autre fait intéressant à propos de la vie des papillons tigrés est leur tendance à se regrouper en grand nombre (par centaines!) autour des trous d’eau ou des endroits mouillés où ils se bousculent pour une place. Les papillons tigrés rassemblés autour des trous d’eau sont presque toujours des mâles.

Pourquoi seulement des mâles?

À vrai dire, les mâles cherchent à manger les sels du sol humide autour des trous d’eau, puisque les plantes dont les papillons et les chenilles se nourrissent sont naturellement faibles en sodium. Les mâles adultes donnent le sodium aux femelles par le spermatophore, un grand « cadeau de noce » (équivalent à la moitié du poids du mâle), qui est déposé dans la femelle lors de l’accouplement. La femelle a besoin du sodium pour produire des œufs. Gardez l’œil ouvert pour ces « clubs du trou d’eau », un groupe de papillons mâles. C’est un phénomène fascinant!

Des papillons partout!

Le Papilio glaucus et le papillon tigré du Canada sont seulement deux des 70 espèces de papillons enregistrées au parc provincial Charleston Lake, et ils figurent parmi les  plus reconnaissables.

Lors de votre passage dans le parc, gardez l’œil ouvert pour ces papillons rapides aux couleurs flamboyantes. Ces impressionnants papillons tigrés sont faciles à repérer au parc provincial Charleston Lake.