Les excréments de loup et de caribou offrent des indices essentiels quant à leur migration et leur rétablissement possible

Cet hiver, des scientifiques ratissent l’arrière-pays de l’Ontario, ramassant des échantillons d’excréments de loup et de caribou en espérant que les boulettes riches en ADN leur donnent de précieux indices sur la vie de ces espèces en voie de disparition.

Cette collecte fait partie des efforts continus pour recueillir des données importantes grâce à une méthode beaucoup moins envahissante que le piégeage ou la pose de colliers. Chaque hiver, au cours des quelques dernières années, des scientifiques ont survolé diverses régions de la province en hélicoptère, atterrissant aux endroits où ils avaient aperçu certains types de traces d’animaux. Puis ils suivaient ces traces à pied et ramassaient les excréments chemin faisant. Cette méthode leur permet de recueillir les échantillons dont ils ont besoin sans avoir à effrayer les animaux ou à interagir avec eux.

Empreintes génétiques

« Ces renseignements génétiques nous donnent une couche de données supplémentaire pour nous aider à comprendre et à gérer ces espèces en péril dans l’ensemble de la province », a dit l’écologiste Steve Kingston, qui étudie le caribou des bois (ou caribou sylvestre) dans le parc provincial Slate Islands, au sud de Terrace Bay.

« En recueillant ces échantillons d’excréments, nous pouvons obtenir ce que j’appelle les “empreintes digitales” des animaux. Nous nous servons ensuite de ces renseignements pour estimer le nombre d’animaux qui se trouvent sur les îles Slate. Nous pouvons aussi déterminer quels individus reviennent au même endroit pour donner naissance (ce que j’appelle la fidélité au site) ou s’ils vont au même endroit pendant l’hiver. »

Raisons du déclin

Le loup de l’Est et le caribou des bois font tous deux l’objet de recherche en raison de leur important déclin en Ontario au cours du dernier siècle. Dans le passé, la chasse excessive et l’augmentation de l’empreinte humaine ont partiellement causé ce déclin, ce qui a, en retour, eu des répercussions sur la biodiversité et les écosystèmes que ces animaux contribuent normalement à créer.

En recueillant des échantillons d’ADN à partir des excréments de loup et de caribou, les scientifiques peuvent mieux étudier le déclin de ces animaux, cartographier leurs habitudes de migration, de reproduction et d’alimentation courantes, examiner où et pourquoi ils se déplacent et recueillir suffisamment de données pour permettre éventuellement de renverser leur déclin.

« Grâce à ce récent avantage de posséder des renseignements génétiques sur le caribou des îles Slate, nous avons maintenant la possibilité d’observer comment un petit groupe d’animaux qui survit sur la terre ferme après être venu des îles sur la glace l’hiver dernier. Ce petit groupe de caribous présente un intérêt particulier parce qu’il n’a pas été exposé aux prédateurs comme les loups ou les ours sur les îles Slate, mais qu’il le sera sur la terre ferme », a expliqué Steve Kingston.

Ces travaux font partie de la stratégie générale du ministère des Richesses naturelles et des Forêts qui vise à étudier le déclin de ces animaux et d’évaluer comment procéder à l’avenir.

Entreprise par Brent Patterson, l’étude sur les loups dans le centre de l’Ontario révèle aussi des faits fascinants au sujet de la répartition du loup de l’Est quant aux aires protégées et aux moyens qui permettraient de protéger l’espèce.

Les objectifs de l’étude sont de soutenir des populations de loup écologiquement durables, de fournir des avantages sociaux, culturels et économiques fondés sur des populations de loup écologiquement durables, et de rehausser la sensibilisation et la compréhension de la population au sujet du rôle que joue le loup dans des écosystèmes qui fonctionnent naturellement et de sa conservation en Ontario.

M. Patterson dit que « l’échantillonnage non envahissant d’excréments et le profilage génétique subséquent des animaux qui ont déposé ces excréments sont un outil important qui nous aide à surveiller la répartition des loups, des coyotes et des hybrides dans l’ensemble de l’Ontario. Associer le génotype d’un animal au type d’habitat dans lequel ses excréments ont été trouvés nous donne aussi un important aperçu des besoins en habitat de ces animaux. Les résultats obtenus jusqu’à présent démontrent clairement que les loups de l’Est ont besoin de zones protégées relativement vastes pour la persistance de ses populations. »

Les études sur loup de l’Est et le caribou des bois sont toutes deux effectuées en partenariat avec le Centre d’établissement d’empreintes génétiques et d’analyses génétiques des ressources naturelles de l’université Trent, à Peterborough.

Pour plus de renseignements sur le loup de l’Est, cliquez ici.

Pour plus de renseignements sur le caribou des bois, cliquez ici.