L’expression anglaise « the early bird gets the worm » (l’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt, ou, dans notre cas, qui sont là tôt dans la saison) fait généralement penser au merle. Mais le véritable oiseau hâtif n’est pas le Merle d’Amérique avec sa poitrine rouge. C’est le Mésangeai du Canada.
Le roi des vacances à la maison
Cet oiseau du Nord n’est pas un de ces amis à plumes des beaux jours, de ceux qui s’envolent vers le sud pour échapper aux frimas. Comme le geai bleu, son cousin mieux connu, le mésangeai du Canada est canadien jusqu’à la moelle. Cet oiseau duveteux à la calotte noire supporte neige et froid dans le véritable Nord majestueux et sauvage.

À la fin de février, lorsque le printemps est tout au plus la promesse d’une marmotte, le merle d’Amérique commence à rêver à l’amour. Le mésangeai du Canada a une longueur d’avance. La plupart d’entre eux ont déjà trouvé l’amour de leur vie. Chaque heureux couple a sa propre parcelle de terre, un territoire de 150 hectares où il passera le reste de ses jours.
On est si bien chez soi!
Au moment où les merles migrateurs gagnent le nord, les mésangeais du Canada en sont déjà à mettre la dernière main à un nid pour toute la famille. Il est confortable et douillet, doublé de cocons et de bouts de fourrure et de plumes.
Ils choisissent habituellement un endroit abrité du côté sud ensoleillé d’un conifère, pour profiter de la chaleur du soleil, bien entendu.
« On a froid »
Au moment où les merles migrateurs atteignent le sud de l’Ontario au début de mars, les inséparables du Nord sont déjà en train de couver de trois à cinq œufs. Les oisillons éclosent au début d’avril, quand les forêts du Nord sont couvertes de neige à hauteur des cuisses et que les lacs sont gelés. Mais les oisillons sont au chaud, même lorsqu’il y a une tempête de neige ou qu’il fait moins 30, grâce à la chaleur corporelle de maman et à l’excellente isolation du nid.

Les jeunes ont toutes leurs plumes et volent dès la première semaine de mai. Ils ont quitté le nid avant que la plupart des oiseaux migrateurs soient même arrivés!
Qu’est-ce qu’il y a à manger?
Il n’y a pas beaucoup de vers dans les mois glaciaux de mars ou d’avril. De quoi vivent donc ces oiseaux qui ont pris de l’avance? Comment nourrissent-ils leurs petits?
Le mésangeai se nourrit d’insectes, d’araignées, de baies et de champignons. De morceaux de viande arrachés à un animal mort. D’œufs ou de bébés oiseaux dérobés dans le nid d’un autre oiseau. Ils chapardent même des aliments humains, ce qui leur a valu le surnom de « détrousseurs des campeurs ».
Lorsqu’ils trouvent une bonne source d’aliments, ils en recueillent le plus possible – beaucoup plus que ce qu’ils peuvent manger!
Mettez tout ça dans le frigo
Les mésangeais passent la fin de l’été et l’automne à cacher des aliments pour l’hiver. Mais pas dans un endroit unique comme un arbre creux. Ces oiseaux futés mettent un soupçon de champignon ici, un savoureux morceau de charogne là, dans des coins et des recoins de l’ensemble de leur territoire de 150 hectares.

Mais d’abord ils font tourner la nourriture dans leur bouche pour l’enduire de leur salive collante. Ils collent ces morceaux gluants derrière des flocons d’écorce, sous du lichen, entre des aiguilles d’épinette ou dans la fourche d’un arbre. Un oiseau peut cacher un millier de morceaux de nourriture par jour.
Cacher et chercher
Comment retrouvent-ils tous ces repas? Des chercheurs pensent que c’est à l’aide de leur mémoire.
Ils ont observé des mésangeais en hiver. Ces oiseaux ne perdent pas de temps à chercher de la nourriture. Ils ne la repèrent pas à l’odeur et ne tombent pas dessus par hasard. Ils se posent sur une branche et quand ils ont faim, ils se dirigent directement vers un de leurs garde-manger cachés.
Salut, petit oiseau
Des naturalistes du parc provincial Algonquin observent le mésangeai du Canada depuis les années 1960. Il s’agit de l’étude ornithologique la plus ancienne au monde.

Et ils se sont rendu compte que la population de mésangeais du Canada du parc diminue lentement.
Moins de la moitié des territoires de mésangeais du Canada identifiés pendant les années 1970 sont peuplés aujourd’hui. Et les chercheurs pensent savoir pourquoi : les pannes du frigo.
Il n’y a plus de grands froids
Le gros des aliments que consomme le mésangeai du Canada sont périssables. En raison du changement climatique, les hivers deviennent plus doux. Les aliments cachés gèlent et dégèlent, gèlent et dégèlent. Leur nourriture devient-elle non comestible?

Les naturalistes du parc ont remarqué que les oiseaux semblent abandonner les territoires à feuillus et s’en tenir aux secteurs tourbeux à épinettes noires. L’écorce de l’épinette constitue peut-être un meilleur frigo. Les naturalistes pensent qu’elle ralentit la décomposition. C’est une bonne nouvelle pour les parents mésangeais ayant plusieurs bouches affamées à nourrir.
Le mésangeai randonneur
On trouve des mésangeais du Canada dans tous les territoires et provinces du Canada. Les campeurs du parc Algonquin peuvent n’en voir aucun de tout l’été, mais il est difficile de les rater à l’automne et en hiver.

Ces charmants ambassadeurs de l’hiver recherchent les humains. Dotés d’une vue perçante et curieux, ils vont à la rencontre des randonneurs et skieurs et les suivent le long du sentier.
Le canari dans la mine de charbon
Les amateurs d’oiseaux risquent d’être bientôt désappointés. Le mésangeai du Canada est une espèce indicatrice – le canari dans la mine de charbon – et le parc Algonquin se trouve à la limite méridionale de son aire. Si le changement climatique se poursuit, cet affectueux favori des visiteurs du parc pourrait disparaître d’Algonquin pour de bon.