Soleil se couchant sur le lac

Le point de vue d’une personne extérieure sur l’importance de l’anishinaabemowin

Le billet d’aujourd’hui provient de Brian Jackson, biologiste retraité du parc provincial Quetico

L’anishinaabemowin est le nom traditionnel de la langue du peuple Anishinaabeg ou Ojibway qui vit depuis des siècles sur le territoire maintenant connu sous le nom de parc provincial Quetico.

Au cours des dernières années, Quetico a pris des mesures pour intégrer davantage d’anishinaabemowin dans le matériel éducatif du parc.

Citons par exemple la brochure « Animals of Quetico in anishinaabemowin », disponible aux postes d’entrée (en anglais seulement), ou le nouveau présentoir des noms de lacs en anishinaabemowin/ojibwé sur lequel nous travaillons et qui sera installé au pavillon du sentier Dawson.

Mais pour les personnes non autochtones comme moi, qui connaissent très peu cette belle langue, pourquoi est-il important d’en apprendre davantage sur l’anishinaabemowin?

Je pense qu’il y a plusieurs raisons

La première est qu’il s’agit d’un signe de respect envers les personnes qui vivaient sur cette terre et en prenaient soin avant notre arrivée et qui continuent cette intendance aujourd’hui et demain.

Canot sur le rivage

Lorsque la plupart d’entre nous voyagent dans un pays non anglophone, nous essayons d’apprendre au moins quelques phrases de la langue maternelle.

Être capable de dire « bonjour » et « merci » dans la langue de l’hôte est une forme de respect envers les gens qui sont de là-bas.

De même, être capable de dire ne serait-ce que quelques mots comme boozhoo (bonjour) et miigwech (merci) est un signe de respect envers les Anishinaabeg et les Ojibway, et une reconnaissance du fait qu’ils sont les peuples qui occupaient cette terre avant notre arrivée.

J’ai découvert que l’anishinaabemowin est une langue merveilleusement riche et complexe qui rend compte de l’histoire, de la culture et du lien spirituel avec la terre d’une manière qui n’est pas possible avec d’autres langues.

Le soleil qui brille à travers les arbres

Le maintien de cette culture est non seulement essentiel pour les peuples autochtones, mais il enrichit également la vie des non-Autochtones.

Les enseignements autochtones pour prendre soin de la terre sont de plus en plus importants pour nous tous aujourd’hui, et beaucoup de ces enseignements disparaîtraient si la seule langue qui les transmet était perdue.

Garder l’anishinaabemowin en vie

Le fait d’être conscient de l’importance de l’anishinaabemowin et de soutenir son utilisation en tant que personne non autochtone contribue à la survie de cette langue.

Nous avons la chance d’avoir des communautés locales comme Zhingwaako Zaaga’Iganing (Première Nation du lac la Croix) dont les membres parlent couramment l’anishinaabemowin.

Des aînés qui en ont fait leur langue maternelle toute leur vie aux jeunes membres qui travaillent fort pour s’assurer qu’elle continue de faire partie de leur avenir, l’anishinaabemowin est bien vivant ici.

La pleine lune

Entendre parler l’anishinaabemowin aujourd’hui est un honneur que l’on a bien failli perdre pendant la période des pensionnats autochtones des 150 dernières années.

Entendre la langue parlée aujourd’hui est un rappel important de ce que l’on a failli perdre à cause des actions de notre culture, ainsi qu’une leçon pour ne pas laisser cela se reproduire à l’avenir.

Un lien à la terre

Enfin, l’occasion pour moi d’entendre une personne parler l’anishinaabemowin est magnifique, même si je ne comprends pas tous les mots.

Le rythme de la langue fait autant partie de la terre que les vagues sur les rochers ou la brise dans les pins, le cri du huard ou le hurlement du loup.

Un lac indigo avec des roseaux au premier plan. Au loin, le soleil se couche, donnant au ciel des teintes d’orange, de mauve et de violet. La silhouette d'un littoral se trouve sur la droite.

Des noms tels que Gaa’andokonaadeg (« lac où l’on ramasse de l’écorce de bouleau pour les canots et les récipients ») et Baasiminaani Zaaga’igan (« lac où l’on va cueillir des baies ») montrent une intimité et un lien avec le paysage que les noms anglais atteignent rarement, voire jamais.

Maintenir ce lien

Vue du lac depuis l’intérieur du canot

J’ai appris que, pour les Anishinaabeg, prendre soin de la terre est une responsabilité sacrée. En signant le traité no 3 avec les non-Autochtones, ils ont transmis ces devoirs et responsabilités à tous les peuples avec lesquels ils partagent la terre, y compris nous.

Apprendre quelque chose sur l’anishinaabemowin, même s’il ne s’agit que de quelques mots ou de la compréhension des noms, est une autre façon d’accroître notre lien avec le paysage de Quetico et de mieux comprendre ce que signifie prendre soin de la terre.

Je suis redevable aux peuples autochtones de la région et, en particulier, au peuple de Zhingwaako Zaaga’Iganing, qui m’a permis d’être plus conscient du lien avec la terre qui m’entoure.

Miigwech.