Goéland

Le plaisir d’observer le goéland et la mouette!

Dans le billet d’aujourd’hui, Tim Tully, naturaliste en chef du parc Awenda, défend ce que certains considèrent comme l’indéfendable : le goéland ou la mouette. 

Si un animal a déjà été injustement traité, c’est bien le goéland ou la mouette.

Il est temps de remettre les pendules à l’heure et de prendre la défense de ce « sous-ordre » d’oiseau injustement décrié.

Il existe une diversité spectaculaire d’espèces en Ontario. Vingt et une des 54 espèces de goélands et de mouettes du monde ont été répertoriées dans la province.

Les parcs provinciaux de l’Ontario, en particulier ceux situés autour des Grands Lacs, constituent un refuge naturel pour ces oiseaux de rivage incompris.

Grands voyageurs

Certains goélands et mouettes ont des noms descriptifs qui reflètent une caractéristique déterminante.

Notre espèce la plus commune en Ontario, le goéland à bec cerclé, a un anneau noir proéminent qui entoure son bec jaune.

Goéland à bec cerclé

D’autres espèces ont des liens historiques originaux.

La mouette de Bonaparte doit son nom au cousin de Napoléon, le biologiste français Charles Lucien Bonaparte, le premier qui a recueilli un spécimen à Philadelphie en 1815.

La mouette de Franklin doit son nom au célèbre explorateur de l’Arctique, le capitaine John Franklin, dont l’expédition dans l’Arctique canadien a été la première à recueillir et à identifier cette espèce en 1823.

Qui se ressemble…

Les goélands et mouettes partagent des caractéristiques communes.

Ils ont de longues ailes et des pattes palmées, un bec légèrement crochu et une queue carrée ou arrondie. La taille des espèces en Ontario varie du petit goéland pygmée qui mesure 11 pouces, au relativement géant goéland marin qui mesure 30 pouces.

Il est vrai que les goélands et mouettes peuvent s’avérer difficiles à distinguer les uns des autres avec leur subtile combinaison de plumage gris, blanc et noir. Même les ornithologues les plus avertis accordent rarement à ces oiseaux ce qui leur revient.

Il faut de la patience et des compétences pour cerner les différences subtiles entre les espèces et les catégories d’âge.

Les goélands et mouettes sont comme un miroir…

Heureusement pour la plupart d’entre nous, nous rencontrons des goélands et mouettes presque tous les jours. Ce sont des détritivores opportunistes. Les goélands et mouettes mangent aussi bien des matières végétales qu’animales, et sont connus pour se nourrir de charognes.

Ils intimident souvent un petit oiseau de rivage par un acte effronté de piraterie aérienne pour lui voler un repas gratuit. Aucune scène de décharge ou de stationnement de restauration rapide n’est complète sans la présence d’un goéland ou d’une mouette. C’est peut-être là que se trouve l’origine de nos préjugés collectifs.

Goéland

Nous nous moquons des goélands et mouettes en les qualifiant d’oiseaux éboueurs, de faucons bousiers (je suis poli), de bandits des frites ou de rats du ciel.

Toutefois, comment pouvons-nous blâmer ces oiseaux alors que nous, les humains, sommes à l’origine de leur surabondance?

Les goélands et mouettes profitent de toute source de nourriture disponible. Les déchets de masse des décharges constituent un véritable buffet pour les goélands et mouettes. Ces oiseaux sont l’une des rares espèces généralistes à avoir prospéré parallèlement à la croissance explosive de l’humanité.

Il est difficile de reprocher aux goélands et mouettes d’occuper le précieux créneau de détritivore et de nettoyer nos dégâts dans la foulée.

Des clients qui reviennent

Dans les parcs, cette question se pose sur nos plages et nos rivages.

Les gens attirent les goélands et mouettes en laissant des déchets, ou pire, en les nourrissant activement pour les attirer plus près. Le prochain visiteur du parc hérite d’un problème plus important, car les goélands et mouettes reviennent en s’attendant à recevoir de la nourriture.

Dans le pire des cas, un utilisateur de la plage ramasse une pierre à proximité et la lance pour faire fuir un oiseau sans méfiance.

Goéland près d’une personne somnolant sur une plage

Il est illégal de harceler ou de maltraiter les animaux sauvages dans les parcs provinciaux. Nourrir les animaux sauvages, y compris les goélands et mouettes, pour notre plaisir et notre amusement est considéré comme du harcèlement.

Cela empêche les oiseaux de respecter leurs habitudes naturelles tout en introduisant des éléments malsains dans leur régime alimentaire.

Les goélands et mouettes ont de nombreuses vertus. Ils sont les maîtres incontestés de l’air. Ils planent sur les courants ascendants comme aucun autre oiseau, flottant sans effort en exploitant les différences subtiles de pression atmosphérique entre la surface de l’eau et les vagues déferlantes.

Ils effectuent souvent leurs manœuvres complexes de louvoiement et d’ondulation sans un seul battement d’ailes. On a même récemment constaté que les goélands et mouettes modifiaient leur trajectoire de vol pour profiter des petits courants ascendants qui s’élèvent des rangées d’immeubles bas!

Voyez le côté positif des goélands et mouettes!

Voici donc un défi. La prochaine fois que vous côtoierez des goélands et mouettes sur la plage d’un parc, asseyez-vous un instant pour vous émerveiller de leur mode de vol complexe et sans effort.

Il est peut-être temps pour nous de reformuler la description de travail du goéland ou de la mouette en « ingénieur sanitaire honoraire » et de remercier la famille élargie des goélands et mouettes pour leurs efforts de nettoyage.

Une autre mesure consisterait à leur rendre service en éliminant les fils de pêche ou les anneaux de bouteilles en plastique qui pourraient empêtrer ou blesser ces oiseaux vulnérables.

Les goélands et mouettes ont leur place dans les airs où ils peuvent être admirés, et non sur une plage où ils boitent avec un membre cassé.

Ne nourrissez pas les animaux sauvages et laissez les goélands et mouettes s’alimenter de manière naturelle. Et n’oubliez pas qu’il n’y a pas d’autre nom pour désigner un goéland ou une mouette!