Une libellule au corps rouge et aux ailes dentelées, posée sur une feuille vert clair.

Le monde fascinant des libellules et leur importance pour les écosystèmes

Le billet d’aujourd’hui provient de Sarah Lamond, naturaliste au parc provincial Algonquin.

Imaginez la scène… une chaude journée de juillet à Algonquin.

Vous vous prélassez dans la lueur du jour et explorez un sentier d’interprétation. Tout est parfait jusqu’à ce que vous entendiez ce bourdonnement caractéristique et sentiez une douleur trop familière sur votre cuir chevelu. Les mouches à chevreuil sont arrivées. Balayant l’essaim grandissant, vous regardez le ciel et vous vous demandez; il n’y aura donc jamais de répit?

Puis elles arrivent. Les prédatrices préhistoriques. Les dévoreuses de mouches à chevreuil. Les championnes du peuple : les libellules.

Nous n’apercevons souvent que brièvement les libellules, alors qu’elles virevoltent à la vitesse de 55 km à l’heure, à la recherche d’insectes. Mais leur vie incroyable ne se limite pas à la chasse, ce que la plupart des gens ignorent.

Libellule anax précoce

Aussi étonnant que cela puisse paraître, sur les quelque 7 000 espèces de libellules que l’on trouve aujourd’hui dans le monde, environ 130 se trouvent en Ontario. Chaque espèce a des couleurs et des motifs, des niches et des comportements qui lui sont propres.

Mais ce n’est que le début de ce qui rend les libellules si incroyables!

Sachez différencier une libellule d’une demoiselle

Les libellules font partie de la famille des odonates (qui signifie « les dentés », car elles ont de grandes mandibules dentées), qui comprend les libellules et les demoiselles. Les odonates existent depuis 325 millions d’années!

Bien que les libellules et les demoiselles présentent des similitudes au niveau de la famille, certaines caractéristiques clés les distinguent. Les libellules ont un corps relativement robuste, alors que les demoiselles ont un corps plus fin.

Photos côte à côte de deux insectes au corps long et fin. À gauche, une demoiselle sarcelle brillante aux ailes noires. À droite, une libellule grise aux ailes dentelées posée sur une feuille.
Une espèce de demoiselle connue sous le nom de caloptéryx à taches apicales est posée sur une feuille les ailes fermées (à gauche), tandis qu’une cordulie écorcée repose les ailes déployées (à droite)

La façon la plus simple de les différencier est cependant lorsqu’elles sont posées. Les ailes des libellules assises sont étendues de chaque côté du corps, tandis que les demoiselles assises déplient leurs ailes et les tiennent au-dessus de leur corps.

Au début : la vie sous l’eau

Les libellules ont un parcours de vie fascinant. Alors que nous pensons qu’elles volent dans le ciel, elles passent en fait la majeure partie de leur vie sous l’eau à l’état larvaire.

Lorsqu’elles pondent leurs œufs, les femelles adultes planent au-dessus de l’eau jusqu’à ce qu’elles trouvent l’endroit idéal, puis plongent continuellement le bout de leur abdomen dans l’eau pour y libérer les œufs. Après éclosion des œufs, la larve peut mettre de deux à six ans avant de devenir adulte!

Pendant le stade larvaire, les bébés libellules muent entre 6 et 15 fois. Pour assurer l’alimentation durant ce processus, les libellules se nourrissent d’autres invertébrés aquatiques, de larves et parfois même de petits poissons! À cette fin, elles disposent d’une mâchoire extensible qu’elles peuvent déployer à la vitesse de l’éclair pour capturer leurs proies.

Non seulement elles disposent d’un moyen unique d’attraper de la nourriture, mais leurs mouvements rapides dans l’eau sont également particuliers. Les larves de libellule ont des branchies qui tapissent leur rectum et pompent l’eau à travers elles. Lorsqu’elles doivent se déplacer rapidement, elles expulsent de l’eau sous pression par l’extrémité de leur intestin, ce qui les propulse dans l’eau à grande vitesse. Elles utilisent cette tactique à la fois pour chasser leurs proies et pour éviter de devenir le dîner de prédateurs plus imposants comme les poissons et les grenouilles.

De l’état larvaire à l’état adulte

Lorsqu’une nymphe de libellule est enfin prête à se transformer en adulte, elle sort de l’eau en rampant sur la terre ferme, mue pour se débarrasser de sa vieille peau (appelée exuvie) et apparaît sous la forme d’un jeune adulte ailé.

Deux nymphes de libellules brunes tenues dans la paume d’une main.
Carapaces séchées d’exuvies de libellules (nymphes) trouvées sur un rocher près d’une rivière

Il faut souvent plusieurs heures avant que la libellule puisse commencer à voler, car elle doit pomper le sang dans l’abdomen et dans les veines des ailes, qui se déploient progressivement.

Des prédateurs habiles dans les airs

Au stade adulte, les libellules ne vivent que peu de temps, de quelques semaines à six mois. Pendant cette courte période, elles se concentrent sur trois points :

  • défendre leur territoire
  • trouver un partenaire pour se reproduire
  • s’alimenter

Les libellules adultes chassent leurs proies en vol et sont extrêmement agiles. Elles peuvent voler en avant, en arrière, faire du surplace en plein vol et même tourner sur place à 360 degrés!

En volant, elles utilisent leurs six pattes pour attraper leur nourriture en plein vol, puis l’amènent jusqu’à leurs grandes mandibules pour se nourrir.

Les libellules ont une excellente vision par rapport à d’autres insectes. Leurs grands yeux composés, genre extraterrestre, sont constitués de près de 28 000 unités individuelles, appelées ommatidies, qui couvrent la majeure partie de leur tête.

Leur champ de vision, combiné à leur capacité de vol, leur permet d’attraper de la nourriture tout en plongeant et en évitant les prédateurs (ou le filet à insectes d’un naturaliste averti!).

Les libellules dans le parc provincial Algonquin

Les libellules font partie des espèces préférées des naturalistes du parc Algonquin. Depuis 26 ans, le personnel naturaliste du parc provincial Algonquin organise un comptage annuel des libellules et des demoiselles au cours de la première semaine de juillet.

Silhouette d’une personne tenant un filet à insectes, debout sur un quai, alors que le soleil se couche en arrière-plan.
Naturaliste posté sur les quai Opeongo à l’affût de l’épithèque de Provancher, une espèce qui ne sort qu’après le coucher du soleil

Ce comptage est géré de façon très similaire à d’autres enquêtes sur la science communautaire, comme le Recensement des oiseaux de Noël. Lors de ce type d’enquête, un cercle de comptage est déterminé et divisé en zones. Des groupes de naturalistes et de bénévoles se voient alors confier un secteur où ils identifient et comptent toutes les libellules et demoiselles qu’ils observent au cours de la journée.

Pour identifier correctement de nombreuses espèces, il faut les attraper dans un filet à insectes et les manipuler pour les examiner de plus près; on peut ensuite les relâcher sans leur causer de dommage.

Quelque 74 espèces ont été recensées le jour du comptage! Il est important d’avoir une idée du nombre d’odonates chaque année pour suivre les tendances à long terme de leurs populations et nous aider à déterminer les déclins ou les régénérations d’espèces dans la région.

Les libellules sont importantes du point de vue écologique!

Libellule

Les libellules ne sont pas seulement fascinantes pour leur cycle de vie et leur style de vol. Elles sont importantes pour leurs écosystèmes et constituent de précieux indicateurs environnementaux, car elles sont tributaires d’écosystèmes aquatiques et de chaînes alimentaires sains.

Les changements dans la population de ces insectes peuvent aider à révéler les changements dans les écosystèmes aquatiques. Ils sont des prédateurs de premier plan dans le monde des insectes et, en tant que tel, joue un rôle important dans le contrôle de la population d’insectes – en particulier les insectes piqueurs et les ravageurs agricoles.

Pour en savoir plus

Les libellules et les demoiselles sont des espèces faciles à observer. On les trouve à peu près partout où il y a de l’eau. Si vous souhaitez en savoir plus sur les espèces que vous pouvez trouver en Ontario, il existe d’excellents guides de terrain, tels que le Photo Field Guide to the Dragonflies and Damselflies of Southern Ontario et le Algonquin Field Guide to the Dragonflies and Damselflies of Algonquin Park and Surrounding Area.

Vous pouvez également télécharger des photos de vos observations de libellules et de demoiselles vers les bases de données scientifiques iNaturalist et Odonata Central.

Le partage de billets contribue aux projets scientifiques communautaires en cours qui permettent de suivre ces magnifiques créatures dans notre région!