Collage de photo d’un sentier forestier et d’une plage de sable.

80 années de changement dans les dunes de sable de Neys

Le billet d’aujourd’hui provient de Micaela Lewis, stagiaire du programme Découverte au parc provincial Neys.

Contempler le système de dunes boisées emblématique de Neys est une expérience fascinante que les visiteurs du parc adorent.

Grâce au sable doux, aux arbres recouverts de lichen et aux fleurs sauvages aux couleurs vives, la forêt paraît enchantée.

Toutefois, le paysage n’a pas toujours paru ainsi.

Les dunes datent de plusieurs milliers d’années, car la rivière Little Pic a déposé du sable le long des berges de la rivière et dans la baie d’Ashburton.

La baie est bordée d’une longue étendue de plage qui fait la réputation du parc. Les vagues créées par les vents sur le lac Supérieur déplacent le sable sur le rivage, formant ainsi les dunes.

Les dunes de Neys ont connu des années de changement. Joignez-vous à nous dans un périple dans l’histoire pour explorer cet écosystème unique.

Une métamorphose soudaine

Saviez-vous qu’il y a quelque 80 ans, avant que Neys ne devienne un parc provincial, le territoire du parc était utilisé comme camp de prisonniers de guerre?

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la Grande-Bretagne a financé la construction du camp no 100 de Neys dans le secteur qui est maintenant le parc Neys.

Photos d’époque du camp de prisonniers.
Camp no 100 de Neys

Pour créer le terrain du camp, les dunes ont été aplanies. Ils voulaient que la zone soit aussi plane que possible afin de maximiser la visibilité pour les gardes, leur permettant ainsi de surveiller les prisonniers à tout moment.

Le camp n° 100 de Neys a été fermé en 1946 et finalement démantelé en 1953, la plupart des matériaux de construction ayant été retirés de la zone.

Vers cette époque, les dunes ont été laissées relativement dénudées, permettant au sable de se déplacer librement, sans grand couvert arboré pour le protéger des vents puissants du lac Supérieur.

Cette situation a empêché le sol de stabiliser, et donc la végétation de prendre racine, laissant le paysage beaucoup plus aride qu’aujourd’hui.

Les choses ont changé dans les années 1960, lorsque les Boy Scouts du Canada ont planté des rangées de pins rouges dans les dunes dans le cadre de leur projet du centenaire.

Collage photos d’arbres majestueux dans une forêt.
Pins rouges plantés à l’extérieur du centre d’accueil (à gauche) et le long du sentier Dune (à droite).

Les pins rouges ne sont pas originaires de la région, ce qui signifie qu’ils n’y poussent pas naturellement.

Le début de la succession

Le nivellement des dunes et la plantation de pins ont perturbé l’écosystème existant, déclenchant un processus de changement appelé succession secondaire.

Il s’agit du phénomène qui se produit lorsque des plantes et des animaux reviennent et s’établissent après une perturbation majeure de l’écosystème.

Cladonie arbuscule (gauche) et andropogon eucomus (droite)

Les herbes et les lichens ont été les premiers à habiter la plantation de pins rouges, stabilisant la surface des dunes. Ces espèces peuvent prospérer dans des environnements limités en nutriments et jouent souvent un rôle dans les premiers stades de la succession.

Les dunes abritent une grande variété de lichens, y compris la cladonie arbuscule, qui pousse sur la surface des dunes, et l’andropogon eucomus, qui pousse sur les branches des arbres.

Saviez-vous qu’un lichen est composé de deux organismes différents qui travaillent ensemble pour survivre? C’est ce qu’on appelle une interaction mutualiste, qui est un type de symbiose où les deux organismes bénéficient de leur collaboration.

Le lichen est composé de champignons, qui créent sa structure, et d’algues, qui réalisent la photosynthèse pour se nourrir. Grâce aux champignons qui protègent les algues de la perte d’eau, les algues peuvent vivre dans des conditions difficiles où elles se dessécheraient et mourraient autrement.

Les herbes et les lichens sont suivis par les mousses qui fournissent d’autres nutriments au sol, ce qui permet aux premières plantes de succession de commencer à croître.

Des arbres gigantesques et imposants

Les pins rouges eux-mêmes influent également sur la succession forestière.

Étant donné qu’ils ne sont pas naturels dans cet écosystème, de nombreux pins rouges disparaissent prématurément.

Collage photos de deux forêts hygrophiles.
Succession forestière tardive le long du sentier Kopa Cove (gauche) et du sentier Dune (droite).

Bien qu’elles fournissent une couverture et une stabilité aux dunes, les aiguilles de pin tombées au sol modifient la chimie du sol et le rendent acide.

C’est également le cas pour une espèce naturelle telle que le pin gris, bien qu’un arbre en bonne santé répande moins d’aiguilles que nos pins vieillissants.

Les pins augmentent la zone d’ombre et réduisent la capacité des plantes des dunes à réaliser la photosynthèse et à croître dans le sous-bois.

Vue sur des arbres verts sur fond de ciel bleu.
Trembles s’épanouissant à l’extérieur du centre d’accueil

Au-delà de la limite de la plantation de pins rouges se trouve une forêt plus riche en biodiversité.

Avec le déclin du pin rouge du parc, la forêt est maintenant progressivement replantée.

Le bouleau gris et l’épinette blanche, qui sont des espèces indigènes de la région, sont introduits pour remplacer les pins mourants, de sorte que nous puissions avoir une forêt plus biodiversifiée en leur absence.

Outre la plantation de pins rouges, la forêt du parc compte également d’autres variétés d’arbres, comme le peuplier faux-tremble, le sapin baumier et l’épinette noire.

Les dunes en éclosion

Les plantes à faible croissance que l’on trouve dans les dunes comprennent le thé du Labrador, le bleuet et le genévrier.

Le thé du Labrador est utilisé par certains peuples autochtones et, historiquement, par les premiers colons et les marchands de fourrures, pour préparer un thé riche en vitamine C, bien qu’une infusion prolongée risque de le rendre toxique.

Collage d’une fleur rose et de plantes basses avec des baies.
Cypripède acaule (ou sabot de la Vierge) en éclosion (gauche) et bouquet de quatre-temps incrusté de clintonie boréale (droite).

Les dunes abritent également une grande variété de fleurs sauvages, telles que le maïanthème du Canada, la trientale boréale, le quatre-temps, la clintonie boréale, le rosier des chiens et le cypripède acaule.

Les éclosions spectaculaires du cypripède acaule peuvent être observées pendant la majeure partie des mois de juin et juillet. Il s’agit d’un spectacle particulier, car chaque plante met environ dix ans à atteindre l’âge de floraison.

Comme beaucoup d’autres plantes répertoriées ici, elles sont connues pour bien pousser dans les sols acides, ce qui explique pourquoi elles ont élu domicile dans les dunes de Neys.

Protection des dunes

Les dunes sont importantes pour de multiples raisons.

Elles font obstacle aux inondations lors des tempêtes et protègent la forêt intérieure des vents provenant du lac Supérieur.

Elles entretiennent les plages en agissant comme une réserve de sable, en restituant du sable aux plages et ainsi compensent l’érosion.

La végétation des dunes empêche le sable d’être projeté vers des endroits indésirables, comme les terrains de camping et les routes.

Ces dunes précieuses ont besoin de notre aide.

L’écosystème peut être menacé par l’activité humaine. L’utilisation par les piétons peut nuire considérablement aux dunes et réduire la couverture végétale, car de nombreuses plantes sont sensibles à l’érosion.

La prochaine fois que vous foulerez le sol du parc provincial Neys, n’oubliez pas de rester sur les sentiers désignés.

Ensemble, nous pouvons traiter nos dunes avec précaution afin de protéger cet important écosystème.

Protégeons l’intégrité écologique!