Baie Pancake

D’où la baie Pancake tire-t-elle son nom?

Le billet d’aujourd’hui a été rédigé par — vous l’avez deviné — le parc provincial Pancake Bay.

D’où la baie Pancake (la baie des crêpes) tire-t-elle son nom? Il y a autant de réponses que de personnes interrogées.

Si vous demandez à une personne du coin, elle vous donnera une version de l’histoire. Si vous demandez à un naturaliste du parc Pancake Bay, il vous en donnera une autre. Et si vous interrogez un enfant, il vous répondra que c’est parce que la plage est plate comme une crêpe 😉

Mais peu importe la personne interrogée, le nom a une étroite relation avec les voyageurs.

Les voyageurs de la baie Pancake

Les voyageurs étaient des fils de fermiers du Québec. Ces robustes voyageurs ont affronté le littoral du lac Supérieur lors de leurs expéditions vers l’ouest à la recherche de fourrures.

Ils se déplaçaient en brigades de 4 à 20 canots de maître (ou canots de Montréal). Chaque canot mesurait 10 mètres de long et était fabriqué à partir d’écorce de bouleau et de planches de cèdres attachées entre elles avec des racines d’épinette, le tout imperméabilisé avec un mélange de résine d’épinette, de cendre et de graisse animale.

Voyageurs
Canots dans la brume, lac Supérieur (1869), par Frances Anne Hopkins

Chacun de ces énormes canots était chargé de trois tonnes et demie de marchandises destinées au troc avec les trappeurs autochtones.

Les voyageurs se déplaçaient dans leurs grands canots par eau et par portage de Montréal à Fort William, le quartier général de la Compagnie du Nord-Ouest dans l’intérieur des terres, à l’extrémité ouest du lac Supérieur.

map of Lake Superior

Là, ils rencontraient d’autres voyageurs qui naviguaient sur de plus petits canots (canot du Nord), qui transportaient les objets de traite vers le nord et l’ouest, où les fourrures abondaient. Les deux groupes de voyageurs échangeaient les objets de traite contre des sacs remplis de fourrures, qu’ils ramenaient à Montréal en canot.

La baie doit-elle son nom à sa plage lisse?

Les voyageurs évitaient les rives rocheuses lorsqu’ils cherchaient un endroit où camper la nuit. Ils appréciaient particulièrement les grandes plages de sable – comme celle-ci dans la baie Pancake – parce que leurs gros canots étaient fragiles et qu’ils ne pouvaient leur faire toucher terre alors qu’ils étaient encore chargés.

Plage Pancake Bay

Les plages permettaient à une brigade entière de décharger et de tirer ses canots sur la grève simultanément. Les voyageurs sautaient dans l’eau peu profonde, déchargeaient chacun un ballot, un baril ou une caisse de marchandises de 40 kg et les transportaient jusqu’au rivage.

Le canot de 270 kg était tiré sur la plage par quatre voyageurs, et tourné sur la plage à l’envers pour servir d’abri à l’équipage pendant la nuit.

Coucher de soleil sur le lac

Depuis la vaste étendue du lac Supérieur, la plage de sable blanc paraissait peut-être aussi lisse qu’une crêpe, ou peut-être que les eaux de cette baie abritée semblaient parfois « aussi lisses qu’une crêpe ».

Ou alors le nom du parc vient-il du régime alimentaire des voyageurs?

Le repas traditionnel – et invariable – des voyageurs qui pagayaient entre Montréal et le Fort William était une soupe épaisse composée de pois secs et de lard salé. Ils commençaient leur journée avant l’aube, pagayant pendant quelques heures avant de prendre leur premier repas de la journée, réchauffant une marmite de soupe indigeste sur un feu allumé rapidement. La teneur élevée en matières grasses de ce repas donnait aux voyageurs les calories dont ils avaient besoin pour supporter les longues journées (jusqu’à 16 heures!) de pagayage et de portage.

carte de la région de Batchawana/baie PancakeLa baie Pancake était souvent la dernière étape avant d’arriver à Sault Ste. Marie lors de leur voyage de retour vers Montréal.

Les habitants du coin racontent que les voyageurs mélangeaient leurs restes de farine et de sel pour faire frire de délicieuses galettes, une sorte de pain frit ressemblant à une crêpe. La farine était une denrée rare pour les voyageurs, mais ces histoires sont corroborées par un récit écrit au début des années 1800 par un homme qui se rendait à Fort Gary, au Manitoba, avec une brigade de voyageurs.

poêle sur un feu de camp

La galette bretonne est une sorte de crêpe avec une garniture savoureuse. Les voyageurs recherchaient des œufs de goélands pour compléter leur régime habituel, et les ajoutaient peut-être au mélange.

Venez célébrer l’histoire de la baie Pancake!

L’itinéraire principal des voyageurs d’aujourd’hui ne passe plus le long des rives du lac Supérieur, mais la baie Pancake est encore un lieu de halte pour ceux qui empruntent la Transcanadienne.

voyageurs

Alors, pour rester dans l’esprit des voyageurs d’antan, nous vous invitons à célébrer le mets emblématique de la baie Pancake la prochaine fois que vous visiterez le parc!