Descente de la rivière Pakeshkag dans le parc provincial Grundy Lake

Le billet d’aujourd’hui nous vient de Sonje Bols, ancienne naturaliste au parc provincial Grundy Lake.

Une partie du travail d’un naturaliste de parc consiste à se familiariser avec les merveilles naturelles et culturelles de son parc grâce à l’exploration.

Qu’il s’agisse de marcher dans les tourbières pour attraper et identifier les libellules, de retourner des pierres à la recherche de serpents ou de suivre d’anciennes voies de canotage des Autochtones, les naturalistes ont entrepris d’explorer et observer chaque parcelle de leur parc et être ainsi en mesure de transmettre leur savoir et leur expérience aux visiteurs et aux gestionnaires du parc.

Excursion d’un jour

Dans cet esprit, les naturalistes du parc provincial Grundy Lake ont planifié une excursion en canot sur la rivière Pakeshkag à la fin d’août 2018.

Cette rivière relie le lac central Pakeshkag au lac Cantin et à la rivière Pickerel au nord. La rivière Pickerel se jette dans l’emblématique rivière des Français, la première désignée rivière du patrimoine canadien en 1980.

Cela signifie que vous pouvez planifier une excursion en canot vers cette rivière patrimoniale directement à partir du parc provincial Grundy Lake!

Quelques options s’offrent à vous pour accéder à la rivière Pakeshkag :

  • Pagayez le lac Gurd vers le nord en passant par le lac Beaver et effectuez quelques portages jusqu’au lac Pakeshkag.
  • Ou bien, évitez le difficile portage de 650 m entre les lacs Gurd et Beaver et portagez 1,2 km le long du sentier du lac Pakeshkag jusqu’au lac Beaver (cherchez le panneau du lac Beaver).
  • Ou encore, portagez toute la longueur du sentier du lac Pakeshkag (2,6 km) jusqu’au lac Pakeshkag (conseil : un porte-canot est très utile pour ces deux dernières options!

Le niveau d’eau

Un autre objectif de l’excursion était de constater la situation relative au niveau de l’eau.

Vous vous souvenez peut-être que la majeure partie de l’Ontario a connu un été très sec. Nous nous demandions si la rivière Pakeshkag était encore navigable durant une année aride! Alors que nous pagayions le long du lac Pakeshkag, nous espérions pouvoir nous rendre jusqu’à la rivière Pickerel.

Membres du personnel avec filet et pagaies

Le départ

Le temps en début de journée était nuageux et frais, mais est rapidement devenu ensoleillé et chaud. Nous nous sommes débarrassés de nos chandails en pagayant le long des pinèdes et des rives rocheuses, lisses et plates du lac.

Rive rocheuse
Photo : Connor Ferguson

Après environ une heure de pagayage, nous avons tiré le canot sur la grève.

À cet endroit, la voie est bloquée par une étroite péninsule rocheuse d’environ 3 à 4 m de largeur sur laquelle vous devez soulever votre canot plutôt que de faire du portage. La vue magnifique et les rochers lisses et plongeants étaient parfaits pour pique-niquer et se baigner!

Canot sur les rochers
L’acostage
Pont-tunnel
Le pont-tunnel de la voie ferrée, normalement rempli d’eau

Après 15 autres minutes de pagayage, nous sommes arrivés au portage de 185 m, qui d’ailleurs passe également sous un pont de voie ferrée.

Il est indiqué que le portage commence juste avant le pont, mais comme les niveaux d’eau étaient très bas, nous avons décidé de vérifier si nous pouvions transporter nos canots dans le tunnel sous le pont. Ce n’est pas possible lorsque les niveaux d’eau sont plus élevés et le portage est alors le moyen de passer.

Ces bas niveaux d’eau nous ont donné la possibilité d’explorer la zone qui autrement aurait été cachée sous l’eau.

Nous avons repéré des grenouilles du Nord et des gloxinias des fleuristes là où normalement jaillit une petite chute d’eau sautant de rocher en rocher, dans une zone qui était immergée à peine quelques mois auparavant.

Groupe marchant sur les rochers

Sous pression

Grundy Lake est un parc qui a été façonné par l’eau et la glace.

Des nappes de glace ont érodé l’ancien Bouclier canadien pendant des milliers d’années. Lorsque la glace a commencé à y fondre il y a environ 10 000 ans, l’eau s’écoulant sous une forte pression entre la glace et la roche a décapé et sculpté la surface du substratum rocheux.

Fleurs rouges près d’une étendue d’eau
Gloxinias des fleuristes d’un rouge vif poussant dans les marais et le long des berges

Des cavités dans le substratum rocheux retiennent maintenant des étendues d’eau et des terres humides qui dotent Grundy Lake d’une série d’habitats variés pour les plantes et les animaux.

Poursuite de l’excursion

De nouveau, nous avons sauté dans nos canots et suivi la rivière Pakeshkag, en prenant soin d’éviter la grande étendue d’herbe à puce en fin de portage.

Après quelque 30 minutes de pagayage sur la partie large, la rivière a obliqué vers le nord et est devenue nettement plus étroite.

Employée pagayant dans un canot

La rivière aux rivages rocheux spectaculaires a graduellement fait place à une rivière brune sinueuse remplie de nénuphars. Le rivage était d’abord bordé de forêts, puis de zones humides herbeuses.

Il était parfois difficile d’avancer, nos pagaies servant davantage de perche pour pousser que de pagaie, mais nous pouvions tout de même faire des progrès réguliers et gratifiants au fil de la rivière. Nous avons fait passer nos canots par-dessus cinq barrages de castor, le lit de la rivière devenant chaque fois un peu plus étroit et plus profond.

Canotage sur la rivière

Un bon bâtisseur « pas barré »!

Les castors sont des ingénieurs de la nature : ils construisent des canaux et des barrages dans le but de contrôler le débit de l’eau. Les castors sont quasi aquatiques et adaptés pour vivre dans l’eau, avec des pieds palmés pour nager, une troisième paupière transparente et une fourrure imperméable.

Personne marchant sur un barrage de castor

Ces créatures à fourrure veulent construire leur gîte au milieu d’un grand étang afin d’empêcher leurs prédateurs (loups et ours) de les atteindre. Les castors mangent les brindilles et les branches d’arbres, comme le tremble et le bouleau, qu’ils coupent avec leurs dents avant acérées.

L’eau est synonyme de sécurité pour les castors, donc ils construisent des barrages dans des zones inondées pour être le plus près possible des arbres. Ils entreposent les branches sous l’eau, comme un réfrigérateur, pour les garder au frais et les conserver.

Gîte de castor

Amis de la flore et de la faune

Nous avons aimé pouvoir observer les entrées (autrement immergées) d’un gîte de castor et plusieurs tortues peintes se prélassant. Lorsque les castors construisent leurs barrages, ils créent d’importants habitats pour les plantes et les animaux qui vivent dans l’eau et au bord de l’eau.

Libellule gracieuse
Les libellules gracieuses ont des ailes vivement contrastées

Un moucherolle à côtés olive a plongé au-dessus de nous à un moment donné et nos cœurs ont palpité lorsque nous avons aperçu une libellule gracieuse. Cette libellule particulière est relativement commune dans la région, mais n’avait jamais été observée auparavant dans le parc!

Le personnel du parc enregistre les plantes et les animaux observés dans tout le parc à l’aide de diverses applications liées à la nature, dont iNaturalist et eBird.

Les moucherolles et les libellules font partie des nombreuses créatures qui vivent dans la zone comprise entre la terre et l’eau et connue sous le nom d’habitat « riverain ».

Au grand bonheur des pagayeurs, Grundy Lake possède une multitude de ces types d’écosystèmes.

La rivière a fini par rejoindre le lac Cantin et la rivière Pickerel. De là, le parcours à la pagaie a été venteux, mais pittoresque, jusqu’au pont de la rivière Pickerel le long de la route 69, ou attendait notre moyen de transport pour rentrer au parc.

Jonction du lac et de la rivière
Le lac Cantin et la rivière Pickerel. Photo : Sarah Wiebe

Tous les voyages ont une fin

Dans l’ensemble, le voyage nous a pris six heures et s’est étendu sur environ 8 km aller-retour. Nous avons effectué des dizaines d’enregistrements sur la faune pour iNaturalist, y compris une espèce nouvelle dans le parc. De tels enregistrements aident les gestionnaires de parc à maintenir l’intégrité écologique des parcs provinciaux.

Groupe d’employés le pouce en l’air en signe de succès

Non seulement avons-nous réussi à naviguer le long de ce magnifique parcours (et raconter l’expérience aux visiteurs du parc curieux), mais nous avons également pu être témoins d’une situation absolument unique.

De plus, nous avons effectué des douzaines d’enregistrements sur la faune pour iNaturalist, y compris une espèce nouvelle dans le parc. De tels enregistrements aident les gestionnaires de parc à maintenir l’intégrité écologique des parcs provinciaux.

Un groupe de naturalistes de parc peut-il trouver une meilleure façon de passer la journée?