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Des chevaux à Quetico

Devinez quel animal en voie de disparition se mêlera aux visiteurs cet été dans le parc provincial Quetico. Vous avez besoin d’un indice?

Ils piafferont de bonheur si vous prenez un égoportrait avec eux.

Un animal sauvage

Si vous avez dit qu’il s’agissait du poney du lac La Croix, vous vous méritez une étoile d’or. Des hordes de ces chevaux sauvages vivaient autrefois dans le parc provincial Quetico. Mais contrairement à la plupart des animaux sauvages, ces poneys sont si affectueux qu’on peut les flatter et les nourrir.

« Ces petits poneys vivaient de façon presque indépendante dans la forêt boréale, dit Trevor Gibb, le directeur de Quetico. Quand j’ai entendu parler d’eux pour la première fois, je me suis dit : « C’est pas possible! Comment est-ce qu’ils ont pu survivre? » Mais ils étaient robustes, ces petits. Apparemment, ils ont vécu une vie férale – à demi-sauvage – près de la Première Nation du lac La Croix jusque dans les années 1970. »

Horsecollar Junction

La plupart des gens n’ont jamais entendu parler de ce petit cheval canadien, élevé par les Anishinaabe pour le transport l’hiver.

Mais Darcy Whitecrow se rappelle bien.

quetico ponies

Il a grandi dans la Première Nation de Seine River, à une heure à l’est du parc provincial Quetico. Il y avait autrefois tant de chevaux dans la réserve qu’elle était connue sous le nom de Horsecollar Junction.

« Tout le monde dans la région a un lien direct avec ce cheval. Comme il n’y avait pas de routes, le cheval était vraiment précieux. »

Un partenariat de travail

Lorsque les lacs et les rivières gelaient, les gens utilisaient les poneys du lac La Croix pour tirer les traîneaux, transporter le bois et faire le tour des territoires de piégeage.

« Ils étaient libres comme les cerfs, dit Darcy. De temps en temps, quand les gens en avaient besoin, ils allaient en chercher. »

C’était un échange de bon procédés. Les Anishinaabe nourrissaient et abritaient les chevaux durant l’hiver, lorsque le fourrage était rare et les prédateurs affamés. Le reste de l’année, les chevaux se débrouillaient.

Une race en voie de disparition

Darcy with pony

Mais quand le Nord s’est ouvert, le moteur à combustion interne est apparu. Les bateaux à moteur, les motoneiges, les scies à chaîne et les camions ont mis le poney du lac La Croix au chômage.

Le seul cheval de race indigène canadienne a commencé à disparaître.

En 1977, il n’en restait que quatre. Ils vivaient sur le territoire de la Première Nation du lac La Croix, à la limite sud-est de Quetico.

Au secours!

Un programme bien conçu de reproduction a lentement permis de reconstituer la population de poneys du lac La Croix, qui sont environ 150. Darcy, un ancien travailleur social, et sa femme, le Dr Kim Campbell, ont souvent travaillé avec la petite et sympathique race dans le cadre de programmes de thérapie équine.

Il y a quelques années, ils ont décidé de prendre quelques poneys et de lancer leur propre programme dans la ville natale de Darcy.

girl leading horse through water

Le Grey Raven Ranch permettrait aux jeunes Anisinaabe de renouer avec la nature, leur histoire et leur culture. Et les adolescents aideraient à sauver la race créée par leurs ancêtres.

Bienvenue chez vous

« Nous sommes le seul ranch à avoir ramené les poneys dans la réserve où ils ont d’abord été élevés, affirme Kim. Je pense que c’est très spécial. »

Les gens de la Première Nation de Seine River sont on ne peut plus d’accord.

Darcy with pony

« Quand nous avons ramené le cheval dans la réserve de Seine River, on nous a honorés lors du pow-wow, a dit Darcy. Les aînés étaient tous assis au centre pour une cérémonie du calumet et rendaient grâce. »

« Certains d’entre eux n’avaient pas vu de cheval depuis 50 ans. Ils avaient les larmes aux yeux. »

Un nouveau partenariat

Depuis l’ouverture du ranch sans but lucratif, plus de 30 jeunes de la réserve ont suivi une formation et se sont occupés des poneys. Chaque adolescent se découvre des talents cachés.

« Fred a l’œil pour les choses pointues qui peuvent percer la peau de l’animal et le blesser, dit Kim. Phil, c’est notre empaqueteur de foin. Il peut en mettre plus dans un camion que qui que ce soit que j’aie jamais vu. Serene est notre dresseuse. »

Ça marche dans les deux sens

Lac La Croix youthIl n’y a pas que dans le paddock qu’on acquiert des compétences. Les ados s’initient également à la gestion en s’occupant du ranch sans but lucratif et en apprennent davantage sur la science de l’élevage des chevaux.

Par-dessus tout, les jeunes acquièrent d’importantes compétences pour la vie telles que l’autodiscipline, la confiance en soi et la patience.

« On pense qu’on élève un cheval, dit Darcy en souriant. Mais c’est le cheval, en fait, qui vous forme. »

Le plan décennal

La nouvelle de leur réussite se répand, ajoute Darcy, et ça suscite l’intérêt pour la préservation du poney du lac La Croix.

« Nous venons d’adopter une résolution au niveau du Traité no 3 pour appuyer la cause de ces chevaux. Le plan de cinq à dix ans prévoit l’élaboration de programmes au sein de chacune des Premières Nations, afin que chacune puisse procurer à ses jeunes une expérience directe du travail avec des chevaux au sein de leur propre communauté. »

Il sait à quelle équipe faire appel.

« Nous avons formé nos jeunes, et ceux-ci pourront former les leurs. »

Local ou d’importation?

poniesLes scientifiques s’interrogent. Le cheval moderne aurait disparu d’Amérique du Nord il y a 10 000 ans, et aurait été réintroduit par les explorateurs européens.

Des aînés anishinaabe ne sont pas d’accord. Ils affirment que les poneys « ont toujours été là ».

Ils peuvent avoir raison, affirme Kim, professeur à Harvard en semi-retraite. « Il se fait beaucoup de recherches actuellement pour savoir si le cheval a vraiment disparu d’Amérique du Nord. »

La race a évolué avec certaines adaptations. Un aileron nasal empêche le froid de pénétrer. De petites oreilles duveteuses découragent les vilaines mouches noires. Un marqueur génétique qui n’existe pas chez le mustang. Puis il y a les témoignages archéologiques – des pictogrammes et des ossements remontant à des siècles avant l’arrivée des Européens en Amérique du Nord.

Seulement à Quetico

Vous pouvez tout apprendre à ce sujet dans le parc provincial Quetico. Au cours des deux derniers étés, le parc a invité le Grey Raven Ranch à faire connaître au public les chevaux et leur riche histoire.

Quetico pony ride

« Nous avons pour mandat de renseigner le public sur le patrimoine naturel et la culture, et plus précisément sur les caractéristiques actuelles et passées du parc. Ça nous convenait donc naturellement, dit Trevor. Et tout le monde aime les chevaux et les poneys. Nous savions que cela serait populaire. »

Ce fut bien le cas. « Ponies in the Park » (Des poneys dans le parc) demeure le programme éducatif le plus fréquenté de Quetico.

Rencontres proches

« Les jeunes, en particulier, sont fous des poneys, affirme Trevor. Ils aiment pouvoir s’approcher d’eux. Et les adultes sont fascinés par l’histoire unique de la race. »

Trevor and Darcy
Le directeur Trevor Gibb et Darcy Whitecrow

Les chevaux restent à Quetico tout le week-end. Des jeunes du Grey Raven Ranch s’occupent d’eux, font étalage de leurs talents de cavaliers et répondent aux questions.

« Les gens viennent dans l’enclos. Des familles entières avec leurs enfants – ils les nourrissent, les flattent, se prennent en photo avec eux, dit Darcy. Et les chevaux, ils adorent ça. En quelques jours, nous avons eu plus de 150 visiteurs. »

Venez voir par vous-même

ponies in the park day

Venez dans le parc provincial Quetico pour votre propre expérience directe le week-end de la fête du Travail. Les poneys vous rencontreront dans le secteur de fréquentation diurne du terrain de camping Dawson Lake.

Apportez des carottes.