chenille sur un arbre

Des chenilles très affamées

Si vous avez vu un chêne de l’Ontario dernièrement, vous avez probablement fait la connaissance de la spongieuse (Lymantria dispar) envahissante.

Les chenilles spongieuses ont été introduites pour la première fois en Amérique du Nord à la fin des années 1860, et elles sont très voraces! Leur cuisine de prédilection est les feuilles de chêne, mais au cours des années d’éclosion particulièrement mauvaises – comme celle-ci – elles peuvent se propager vers de nombreuses autres essences.

Comment puis-je me protéger et protéger mon emplacement de camping?

Nous savons que de nombreux visiteurs se posent des questions à ce sujet et se demandent peut-être ce qu’il faut faire s’il y a des chenilles spongieuses dans le parc pendant leur visite.

Pour votre confort en camping, évitez de manipuler les chenilles avec votre peau nue. Elles ne piquent pas, mais leurs poils peuvent être irritants et provoquer des éruptions cutanées.

Vous devriez également apporter une bâche ou un abri-repas pour l’aire de séjour de votre emplacement de camping. Les feuilles des arbres sont riches en fibres, et ces chenilles en ressentent certainement les effets.

Bas les pattes, chenille!

Nymphe
Après avoir mangé à leur faim, les chenilles se transformeront en nymphes en juillet

Les chenilles spongieuses (ou larves) se transforment au fur et à mesure qu’elles évoluent. Les jeunes chenilles émergent des masses d’œufs à la fin de mai et se nourrissent de feuilles jusqu’au début de juillet. Les chenilles adultes peuvent avoir jusqu’à 2,5 pouces de longueur.

Alors que les chenilles effectuent leur cycle biologique, les arbres peuvent sembler perdre leurs feuilles du jour au lendemain. Ce phénomène soulève souvent des inquiétudes chez les campeurs et les visiteurs au sujet de la santé des arbres et des écosystèmes de nos parcs.

Bien qu’il existe des insecticides, ils sont très coûteux.

Le Bacillus thuringiensis (ou Btk), le produit couramment utilisé pour lutter contre les éclosions de spongieuse, peut tuer d’autres lépidoptères (papillons et papillons nocturnes) au moment de la pulvérisation. [1] [2]

Bien que le moment et la méthode d’application puissent minimiser les répercussions sur certaines espèces comme les monarques, l’Ontario abrite plus de 1 600 espèces de papillons et de papillons nocturnes, dont beaucoup sont à l’état larvaire en même temps que les chenilles spongieuses.

Les chenilles de papillons et de papillons de nuit sont d’une importance capitale en juin – presque toutes nos espèces d’oiseaux nicheurs nourrissent leurs petits de ces chenilles. Un seul couple de mésanges à tête noire a besoin de milliers de chenilles pour élever une seule couvée d’oisillons. De nombreuses espèces de papillons et de papillons nocturnes sont également rares et ont besoin d’être protégées.

Les décisions concernant la gestion des espèces envahissantes nécessitent souvent de trouver un équilibre entre plusieurs plus-values foncières. D’autres gestionnaires des terres peuvent décider que la pulvérisation est nécessaire pour protéger leurs arbres.

Parcs Ontario a décidé de ne pas prendre de risque quant aux conséquences éventuelles sur d’autres lépidoptères. On ne prévoit donc pas de pulvérisation pour la spongieuse dans les parcs provinciaux cette année, mais celle-ci pourrait avoir lieu en dehors des limites des parcs. Les écologistes et les gestionnaires de Parcs Ontario continueront de surveiller la situation de près à l’avenir.

Devrions-nous nous inquiéter à propos des arbres dans les parcs?

Heureusement, les arbres à feuilles en santé sont très résistants à ces mangeuses de feuilles. [3]

Même si les arbres ont perdu leurs feuilles et ne seront donc pas en mesure de pousser beaucoup cette année, bon nombre développeront une deuxième ou même une troisième pousse de feuilles plus tard au cours de la saison.

Nos arbres disposent également d’une armée de défenseurs naturels. Des oiseaux comme les coulicous à bec jaune et à bec noir, les geais bleus, les orioles et les tohis à flancs roux trouvent délicieuses les chenilles de la spongieuse, tandis que les petits mammifères comme les souris et les écureuils aiment bien manger les chrysalides.

Les guêpes utiles parasitent les masses d’œufs, et les mésanges à tête noire se nourrissent des œufs pendant l’hiver. [4] Les hivers froids sont un autre ennemi de la spongieuse; ses œufs ne survivent souvent pas lorsque les températures descendent en dessous de -20 oC pendant des périodes prolongées. [5]

À mesure qu’une éclosion progresse, des contrôles naturels plus dévastateurs commencent à se mettre en place.

Deux maladies, le virus de la polyédrose nucléaire (également appelé VPN) et un champignon appelé Entomophaga maimaiga, se propagent facilement dans les populations de spongieuses pendant les années d’éclosion. [6] [7] Entre la prédation et la maladie, les populations s’effondrent généralement en deux ou trois années.

Le ministère du Développement du Nord, des Mines, des Richesses naturelles et des Forêts surveille les éclosions de spongieuse en Ontario. Vous trouverez les résultats de son étude et de plus amples renseignements sur cette espèce sur son site Web.

Comment puis-je aider?

Nos arbres ont déjà vu ce phénomène, et le verront encore. Mais il y a bien des choses que vous pouvez faire pour aider :

Faites ce que vous pouvez pour réduire votre empreinte carbone.  Le changement climatique peut aggraver les effets d’espèces envahissantes comme la spongieuse.

Spongieuse
Spongieuse femelle

Les éclosions de spongieuses sont associées à des hivers chauds, tandis que les conditions fraîches et humides du printemps favorisent la propagation de champignons d’origine naturelle au sein de la population qui jouent un rôle clé dans l’effondrement de la population au cours des années d’éclosion. Le changement climatique perturbe les régimes climatiques qui permettent de maîtriser de nombreuses espèces envahissantes, ou potentiellement envahissantes.

Les œufs des chenilles ne survivent pas à des températures froides soutenues; les hivers toujours chauds pourraient causer des éclosions plus fréquentes dans l’avenir ou du stress supplémentaire sur les arbres.

Ne déplacez pas le bois à brûler sur de longues distances. Même si les spongieuses, les agriles du frêne et d’autres insectes nuisibles ont peut-être déjà élu domicile à votre destination, il en existe bien d’autres dont nous souhaitons empêcher l’entrée. Un simple bout de bois de feu contaminé peut détruire des millions d’arbres – achetez votre bois de feu au bureau du parc lorsque vous vous inscrivez à votre emplacement de camping, ou achetez-le auprès d’un fournisseur local du parc.

Informez-vous et informez autrui au sujet des menaces à nos arbres et forêts. Plus particulièrement, nos chênes maintenant affaiblis risquent d’être affectés par le flétrissement du chêne, une maladie provoquée par un champignon envahissant provenant de l’autre côté de la frontière canado-américaine.

Pour aider à prévenir la contamination, les propriétaires fonciers et les gestionnaires devraient éviter de tailler ou de couper leurs chênes entre avril et juillet. Lorsque vous visitez un parc de Parcs Ontario, avertissez un employé du parc si vous voyez un chêne en train de perdre ses feuilles en juillet, ou un chêne dont les feuilles brunissent à l’extrémité.

Spongieuse

Mieux vaut prévenir que guérir

Une fois qu’une espèce envahissante est établie dans un écosystème, les efforts de lutte peuvent parfois faire plus de tort que de bien. Dans ce cas, nous devrions retenir qu’il vaut mieux prévenir que guérir, et nous concentrer sur les moyens d’empêcher l’entrée de nouvelles espèces envahissantes en Ontario.

Nous aimons nos arbres, mais n’oubliez pas qu’ils ne sont qu’une partie des réseaux de biodiversité de nos parcs. Le personnel extraordinaire de nos parcs travaille avec des spécialistes des insectes et des forêts pour protéger tous les liens entre les écosystèmes qui rendent la vie possible en Ontario.

N’oublions pas qu’en ce qui a trait aux espèces envahissantes, la prévention est cruciale. Montrez aux arbres que vous vous souciez d’eux en empêchant les nouvelles espèces envahissantes de pénétrer dans nos parcs.


[1] Heimpel A.M. et T.A. Angus. 1959. The site of action of crystalliferous bacteria in Lepidoptera larvae. Journal of Insect Pathology 1: 152-170.

[2] Broderick, N.A., C.J. Robinson, M.D. McMahon, J. Holt, J. Handelsman et K.F. Raffa. 2009. Contributions of gut bacteria to Bacillus thuringiensis-induced mortality vary across a range of Lepidoptera. BMC Biology 7(11).

[3] Eisenbies M.H., C. Davidson, J. Johnson, R. Amateis, et K. Gottschalk. 2007. Tree mortality in mixed pine-hardwood stands defoliated by the European Gypsy Moth (Lymantria dispar L.). Forest Science 53(6) 683-691.

[4] McCullough, D.G., K.A. Raffa, et R.C. Williamson. 1999. Natural enemies of Gypsy Moth: the good guys! Extension Bulletin E-2700, Michigan State University Extension.

[5] Andersen, J.A., D.G. McCullough, B.E. Potter, C.N. Koller, L.S. Bauer, D.P. Lusch, et C.W. Ramm. 2001. Effects of winter temperatures on gypsy moth egg masses in the Great Lakes region of the United States. Agricultural and Forest Meteorology 110(2001) 85-100.

[6] Podgwaite, J.D., K.S. Shields, R.T. Zerillo, et R.B. Bruen. 1979. Environmental persistence of the Nucleopolyhedrosis virus of the Gypsy Moth Lymantria dispar. Environmental Entomology 8(3) 528-536.

[7] Andreadis, T.G. et R.M Weseloh. 1990. Discovery of Entomophaga maimaiga in North American gypsy moth, Lymantria dispar. Proceedings of the National Academy of Sciences 87 2461-2465.