De camp de prisonniers de guerre à parc provincial

Le billet d’aujourd’hui a été rédigé par Laura Myers, spécialiste du marketing à Parcs Ontario.

Il y a environ 70 ans, l’emplacement du terrain de camping du parc provincial Neys avait l’air bien différent d’aujourd’hui.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le secteur connu maintenant sous le nom de parc provincial Neys était appelé Neys Camp 100 (camp no 100 de Neys).

À l’époque, au lieu de campeurs, on y trouvait surtout des prisonniers de guerre (PG) allemands haut gradés. Le camp a fonctionné de 1941 à 1946.

Overview of Neys Camp 100.
Vue du camp no 100 de Neys.
View from Lookout Trail at Neys on a sunny day.
Vue du terrain de camping du parc provincial Neys aujourd’hui, depuis le sentier Lookout.

Pourquoi le Canada et pourquoi Neys?

La Grande-Bretagne manquait d’espace pour interner ses prisonniers de guerre, et on craignait que si des prisonniers s’échappaient cela risquait de compromettre les défenses du pays.

La Grande-Bretagne a demandé l’aide du Canada et financé la construction de 26 grands camps de prisonniers de guerre un peu partout au pays. Trois camps de PG se trouvaient le long de la rive nord du lac Supérieur; un à Angler, près de la localité actuelle de Marathon, un autre à Red Rock et un dernier à Neys.

Situé sur la rive nord du lac Supérieur, Neys est un endroit isolé. Dans les années 1940, il l’était encore plus, car la route n’avait pas encore été achevée.

Neys fut choisi pour devenir un camp de PG surtout à cause de la proximité du chemin de fer. Le Canadien Pacifique assurait un accès direct au site, et les prisonniers et les approvisionnements pouvaient être facilement transportés et déchargés sur la voie d’évitement de Neys.

Le lac Supérieur, le plus grand des Grands Lacs par la superficie, et la forêt boréale constituaient des limites naturelles pour le camp. Cela rendait toute évasion difficile.

Kreigsmarine and Luftwaffe prisoners of war arriving at Neys, circa 1941.
Prisonniers de guerre de la Kriegsmarine et de la Luftwaffe arrivant à Neys, vers 1941.

De quoi avait l’air le camp no 100 de Neys?

Imaginez le terrain de camping du parc provincial Neys sans arbres et plat. Représentez-vous 27 bâtiments de différentes grandeurs, et une enceinte rectangulaire où une caserne était entourée de trois rangées de barbelés de 10 pieds de hauteur, avec une tour de guet à chaque angle. Essayez de vous imaginer arrivant à Neys en hiver, comme le premier train de prisonniers en janvier 1941. Imaginez que vous voyagiez sans savoir où vous vous trouvez, les panneaux de signalisation ferroviaire ayant été recouverts.

Aerial view of Neys Camp 100, 1947.
Vue aérienne du camp no 100 de Neys, 1947.

Le camp no 100 de Neys pouvait accueillir 500 prisonniers et 100 gardiens. Le nombre de prisonniers a fluctué tout au long de la guerre.

Dans l’enceinte des prisonniers se trouvaient 4 casernes, une caserne de prisonniers haut gradés, un hôpital, un mess, une salle de loisirs et une cellule d’isolement.

Beaucoup de prisonniers ont affirmé avoir été bien traités et avoir bien mangé alors qu’ils étaient internés au camp no 100 de Neys. On dit que les prisonniers se voyaient servir des œufs frais à leur arrivée au camp, recevaient des rations de sucre et mangeaient des aliments tels que de la soupe, du ragoût, des pommes de terre, du pain et de la viande marinée.

Les prisonniers passaient le temps à pratiquer des sports et à jouer à des jeux, à jouer d’instruments de musique et à créer des œuvres d’art. Les prisonniers de guerre travaillaient également pour la Pigeon River Timber Company, grâce au programme d’emploi des prisonniers.

Neys Camp 100 Volleyball Team, 1943
Équipe de volleyball du camp 100 de Neys, 1943
Craftsmen and Crafts, Neys Camp 100
Artisans et produits d’artisanat, camp no 100 de Neys

Dis donc, c’est un ours noir?

Prisoners with Nellie the black bear.
Prisonniers avec l’ourse noire Nellie.

Les prisonniers du camp no 100 de Neys avaient une ourse noire apprivoisée.

Elle s’appelait Nellie. On racontait qu’elle obéissait à des ordres en allemand, qu’on la promenait en laisse et qu’elle était leur mascotte lors de manifestations sportives. On ignore comment elle a été domestiquée.

Qu’est devenu le camp après sa fermeture?

Les prisonniers du camp no 100 de Neys ont été renvoyés en Allemagne en mars 1946, mais un bon nombre ont immigré par la suite au Canada.

Les infrastructures du camp ont plus tard été utilisées comme camp de relocalisation de Nippo-Canadiens durant environ six mois, en 1946 et 1947. Aux Nippo-Canadiens qui avaient été déplacés et détenus dans des camps d’internement pendant la guerre, le camp de relocalisation de Neys fournissait un endroit où habiter et manger gratuitement et tenter de retrouver des visages connus.

Tous les bâtiments ont été démontés en 1953, et les matériaux ont été réutilisés dans des villes proches telles que Marathon (Ontario).

Y a-t-il des vestiges du camp?

Aujourd’hui, on trouve des vestiges de bâtiments et d’autres éléments du camp dans l’ensemble du terrain de camping. Ils nous rappellent l’histoire du camp n100 de Neys.

Cette photo montre les vestiges les plus importants du camp, ceux du mess.

Mess Hall, circa 1940.
Le mess, vers 1940.
Mess Hall Remnants, 2017
Vestiges du mess, 2017

Le mess était un bâtiment en forme de H. C’est là que mangeaient les prisonniers. Il y avait deux grandes salles à manger et une cuisine dans la section centrale.

Des PG aux visiteurs du parc

Le secteur qu’occupait le camp no 100 de Neys a été reboisé à la fin des années 1950 et au début des années 1960. Il est devenu une aire de pique-nique et de camping pour les gens de la région.

Neys a été officiellement désigné parc provincial en 1965 et a ouvert ses portes au campeurs – sans le moindre barbelé!