Le billet d’aujourd’hui provient de la biologiste Monica Fromberger, spécialiste du pluvier siffleur de la zone sud-est de Parcs Ontario.
Chaque année, le parc provincial Darlington dirige un programme de conservation du pluvier siffleur pour aider cet oiseau de rivage spécial en voie de disparition.
Cette année, le couple de pluviers du parc a encore réussi!
Les inséparables Blue et Miss Howard ont réussi à faire éclore, à faire s’envoler et à élever leurs quatre oisillons afin de migrer pour la deuxième année consécutive.
Présentation de l’heureux couple
Blue est notre fier papa pluvier. Il doit son nom au petit point bleu sur sa bague de patte orange caractéristique des Grands Lacs.
Nous pouvons distinguer nos pluviers grâce à la combinaison unique de bagues de couleurs sur leurs pattes. Presque tous les pluviers siffleurs des Grands Lacs en sont pourvus.
Blue a éclos d’un nid de l’île de Toronto en 2018, et il était célibataire à sa première saison de reproduction en 2019.
On l’a repéré sur plusieurs plages alors qu’il cherchait une partenaire – une tâche ardue lorsque votre espèce est en voie de disparition!

Miss Howard joue le premier rôle féminin, avec un peu plus d’expérience que Blue.
Elle a éclos d’un nid du parc provincial Wasaga Beach en 2015, et a nidifié au parc provincial Presqu’ile pour la première fois en 2016. Elle a nidifié pour la première fois à Darlington en 2017, et y a fait son nid chaque année depuis.
Miss Howard tient son nom du fait qu’elle passe régulièrement ses hivers au parc Fred Howard en Floride. Nous le savons grâce à nos collègues ornithologues du Sud qui nous signalent des observations de nos pluviers siffleurs bagués.

Ces deux-là se sont rencontrés pour la première fois à Darlington en 2019, mais Miss Howard était prise. Rassurez-vous, ils se sont retrouvés en 2020.
Ils ont eu une année incroyablement fructueuse en élevant les quatre oisillons pour les faire migrer : une première pour le couple et pour Darlington!
2021 : l’année de l’amour
Blue a regagné Darlington le 25 avril, et a attendu patiemment Miss Howard. Elle est arrivée le 29 avril.
Miss Howard a pondu son premier œuf le 8 mai. Elle a complété sa ponte de quatre œufs le 14 mai, en pondant un œuf tous les deux jours.

Dès qu’un nid de pluvier siffleur est créé, le personnel de Parcs Ontario se met au travail. Il clôture la zone et installe un dispositif de protection contre les prédateurs au-dessus du nid.
Cette mesure protège les œufs et le parent incubateur des perturbations humaines et des animaux comme les ratons laveurs, les mouffettes, les renards et les goélands.

Comme le font les couples de pluviers siffleurs, Blue et Miss Howard partagent les tâches d’incubation. Cela donne à chaque oiseau la chance de chercher de la nourriture et de déployer ses ailes.
Drame en vue
Notre couple dynamique n’était pas seul sur la plage cette année.
Trois autres pluviers siffleurs se sont joints à lui le 3 mai, soit un total de cinq pluviers siffleurs sur la plage de Darlington!
Prenant une pause de son rôle de parent, l’oiseau occupé Blue s’est mis à interagir avec deux des pluviers : Chewie et 086. Les deux se sont accouplés avec Blue et ont fait leurs propres nids.

Étant donné que Blue avait déjà un nid, il s’agit de « copulations hors couple ». Chewie et 086 ont couvé leurs œufs seules, sans l’aide de Blue.
Comme les couples de pluviers partagent les tâches d’incubation, il peut être difficile pour ces nids supplémentaires d’éclore. Lorsque l’oiseau incubateur quitte le nid pour aller chercher de la nourriture, les œufs sont exposés aux intempéries.
Après une incubation en solitaire, 086 a abandonné sa tentative de nidification. Elle est demeurée dans les environs de Darlington pendant le reste de l’été.

Chewie a tenu bon jusqu’au bout, incubant son nid après les 27 jours habituels d’éclosion. Cela lui a probablement pris plus de temps parce qu’elle n’avait pas de partenaire pour couver pendant qu’elle cherchait de la nourriture.
Malheureusement, un matin, un petit oiseau (peut-être un carouge à épaulettes ou un pluvier kildir) a picoré trois des quatre œufs de Chewie. Bien qu’il restât un œuf intact, il a été abandonné.
Chewie et 086 ont entamé leur migration vers le sud le jour suivant.
Bien que ce soit une triste fin pour les deux nids, Chewie et 086 sont parties saines et sauves. Nous espérons qu’elles pourront revenir l’année prochaine pour réessayer.
Bienvenue aux jeunes pluviers
Pendant que ces triangles amoureux se déroulaient, Miss Howard et Blue continuaient à couver leurs œufs avec application.
Le couple est devenu de fiers parents lorsque les quatre œufs ont éclos le 9 juin.
Les oisillons ont commencé à explorer leur nouveau monde de 12 à 24 heures après s’être extirpés de leur coquille.

Les oisillons pluviers siffleurs sont très indépendants. Ils quittent le nid peu après l’éclosion et peuvent même chercher leur propre nourriture. Ils comptent toujours sur leur mère et leur père pour les garder en sécurité et au chaud.
C’est toujours une période vulnérable pour les familles de pluviers siffleurs. Il est important que nous leur donnions l’espace dont ils ont besoin.
Ils grandissent si vite
Ces quatre boules de poils passent de la taille d’une balle de golf à celle d’un adulte en 23 jours environ. Leur pleine grandeur est comparable à celle d’un merle.
À ce stade, ils peuvent voler environ 50 m, et on dit alors qu’ils ont réussi leur envol. Nos oisillons se sont envolés le 2 juillet.
Ils continuent à se nourrir, à grandir et à développer leurs techniques de vol.

Blue et Miss Howard ont continué à surveiller les jeunes à l’envol. Miss Howard a démissionné de ses fonctions parentales un peu plus tôt. C’est typique des femelles pluviers, car elles dépensent plus d’énergie en début de saison pour pondre des œufs.
Miss Howard a entamé sa migration le 6 juillet, et Blue a suivi le 11 juillet. Les quatre jeunes à l’envol ont tour à tour entrepris leur migration vers le sud. Le dernier, appelé Red Dot, nous a quittés le 6 août.

Red Dot a même sifflé un « au revoir » juste avant que nous les regardions s’envoler vers le sud au-dessus du lac Ontario.
Le couple dynamique reviendra-t-il?
Les pluviers siffleurs reviennent souvent à la plage où ils ont nidifié avec succès.

Bien que nous ne puissions dire avec certitude que nous reverrons nos chers amis pluviers, nous pouvons continuer à préserver l’habitat naturel des plages dont ils ont besoin pour accomplir leur cycle de reproduction.
Nous espérons que Blue et Miss Howard auront une migration sûre, et qu’ils reviendront à Darlington l’année prochaine.
Comment nous pouvons aider
Lorsque vous nous verrez sur la plage en train de surveiller les pluviers siffleurs, venez nous parler!
Nous aimons sensibiliser nos visiteurs à cette espèce particulière qui a élu domicile à Darlington pour l’été.

Voici comment nous vous encourageons à contribuer :
- laissez vos animaux domestiques à la maison (notre plage est interdite à ces derniers)
- nettoyez vos ordures et vos déchets alimentaires (ils attirent les prédateurs indésirables!)
- laisser aux pluviers leur espace en restant en dehors de la zone protégée
En dernier lieu, communiquez leur histoire et répandez l’amour du pluvier!
Apprenez-en plus sur les efforts de repeuplement du pluvier siffleur en Ontario et la façon dont vous pouvez y contribuer.