Comment l’histoire a changé à Quetico

Si une image vaut mille mots, que vaut alors une peinture? Surtout une peinture créée par le grand peintre canadien Paul Kane dont les voyages à travers le Canada ont permis la réalisation de certains des croquis et peintures symbolisant l’histoire de notre pays.

Inestimable? Peut-être.

Du moins dans la façon dont elle reflète les débuts du patrimoine canadien.

Exposition sur le travail de Paul Kane

Organisée par le Musée royal de l’Ontario, une exposition à venir au parc provincial Quetico présentera le travail de cet artiste et explorateur irlandais, et révélera une histoire inattendue qui a donné naissance à une de ses toiles iconiques : les Rapides de la rivière des Français.

Kane était surtout connu pour illustrer la vie quotidienne dans le Nord-Ouest canadien avant l’établissement des Européens. Par l’entremise de son art, il a capturé admirablement les cultures autochtones lors de ses voyages en canot de 1845 à 1848.

Le 30 mai 1846, sir George Simpson lui autorisa le passage dans une brigade de pelleteries de la Compagnie de la Baie d’Hudson et Kane écrivit les mots ci-dessous dans son journal de l’époque.

« Nous sommes partis de bonne heure et nous sommes arrivés au Portage des Français à l’heure du déjeuner. Nous avons déchargé les canots du plus gros des bagages et les avons transportés en suivant le portage, une distance de trois miles, afin de remettre les canots à l’eau, de l’autre côté, parce que la rivière était devenue trop peu profonde, et se rassembler à l’extrémité du portage. En soirée, nous avons établi le camp près d’un petit lac nommé Sturgeon, après avoir parcouru une distance de 48 miles et passé le portage des Français et le portage des Morts. » [Traduction]

Paul Kane, Wanderings of an Artist

Travail de détective

Pendant des années, on a pensé que Kane avait peint les Rapides de la rivière des Français sur les lieux de la rivière de Français, adjacente à la baie Georgienne du lac Huron; cependant, un travail de détective effectué par Ken Lister, conservateur adjoint en ethnologie du Musée royal de l’Ontario, a complètement changé cette présomption.

En 2006, Lister a découvert que Kane avait réalisé la peinture à l’extrémité est du portage des Français (French Portage) à Quetico et non pas à la baie Georgienne.

Lister a confirmé son hypothèse en étudiant de près les journaux de voyage et les croquis de Kane, et en visitant Quetico lui-même. Il a pu retrouver l’endroit exact peint sur la toile, endroit qu’on peut voir aujourd’hui là où la Route 11 traverse la rivière des Français.

Bien que la végétation ait beaucoup poussé depuis 1846, l’endroit peint sur la toile fut vérifié par Lister qui a pu se frayer un chemin à travers des fourrés.

Endroit historique

« [C’était] extraordinaire de s’asseoir là, sur la roche où Kane s’était assis pour réaliser ce croquis particulier », a déclaré Lister sur une vidéo du ROM.

Andrea Allison, bibliothécaire à Quetico, était avec Lister le jour où il a fait sa découverte.

« Je me souviens très bien de ce jour-là, déclare Allison. Ken Lister est une personne très réservée, et après avoir réalisé la connexion avec Quetico, il est venu vers nous et a dit : “C’est considérable. C’est vraiment considérable.” Je pense que le travail de détective qu’a entrepris Lister a mis en lumière une page d’histoire de l’art intéressante, et son travail a permis de retrouver l’endroit exact où ont été réalisés certains de ces croquis et peintures. »

« Ce paysage particulier acquiert ainsi une importance nouvelle dans l’histoire canadienne, et maintenant, il fait partie de notre patrimoine culturel », ajoute Lister.

L’ouverture de l’exposition est prévue pour le 16 mai 2015, au Quetico.

C’est là une des choses trippantes qu’on trouve au Quetico.