Comment être un limier de la faune en hiver

Le billet d’aujourd’hui a été rédigé par David Bree, chargé des programmes éducatifs du patrimoine naturel dans le parc provincial Presqu’ile

À l’arrivée de l’hiver, nous pensons souvent que la nature s’endort, mais, bien qu’elle ralentisse, il s’y passe encore bien des choses. En fait, l’hiver permet mieux que le reste de l’année d’apprendre ce que font les animaux de nos champs et de nos forêts.

Je parle, bien sûr, de l’observation des pistes dans la neige.

L’hiver est la période idéale pour affûter vos talents de limier de la faune!

Les meilleurs pisteurs peuvent suivre des pistes en tout temps de l’année, dans tous les terrains, mais la plupart d’entre nous ont besoin de boue, de sable ou de neige où s’inscrivent des empreintes que nous pouvons voir facilement. Et la neige est ce qu’il y a de mieux, puisqu’il y en a partout!

Dépistez quelques suspects inhabituels

Des pistes dans la neige peuvent vous apprendre quelles sortes d’animaux il y a autour. Beaucoup sont les mammifères familiers, écureuils et lapins, par exemple, mais beaucoup de traces ont été laissées par des mammifères qui ne sortent que la nuit et sont très secrets.

Et ce n’est pas seulement une question d’identification. L’observation des pistes vous permet de voir ce qu’ont fait les animaux. Je connais ses itinéraires, et je sais quand il marche et quand il court. Parfois, je sais même ce qu’il attrape pour son repas, et tout cela en suivant des empreintes dans la neige.

Que font ces créatures d’hiver?

L’observation des pistes me permet d’avoir une idée du nombre de cerfs qu’il y a dans le parc, des endroits où ils aiment descendre vers le lac pour boire la nuit, où ils dorment et combien il y a de jeunes dans la harde.

Empreintes de cerfs de Virginie
Empreintes de cerfs de Virginie

Je peux voir où des petits oiseaux, probablement des juncos et des moineaux, ont sauté sur la neige pour s’approcher de tous les bouts d’herbe qui dépassaient à la surface et manger les graines qui s’y trouvaient.

Vous pouvez voir où une souris (ou un campagnol – je ne peux pas distinguer ces deux petits mammifères par leurs traces) est sortie de la neige pour trottiner vers son prochain tunnel…

Traces de souris
Traces de souris

…et parfois on peut voir où elle n’a pas réussi. Les traces prennent fin abruptement dans une dépression bordée par les marques de bouts d’aile. Un hibou, ou peut-être un épervier, y a trouvé son repas.

Mais qu’est-ce que c’était?

Une année, je suis arrivé dans le stationnement du parc pour voir les traces les plus bizarres que j’avais jamais vues. Toutes petites avec le pouce qui faisait saillie à un grand angle. Qu’est-ce que ça pouvait bien être? 

Oppossum tracks

Heureusement, il y avait beaucoup de bons livres et de sites Web sur ce sujet et j’ai pu me rendre compte qu’il s’agissait d’un opossum de Virginie – un mammifère inconnu jusque-là dans le parc! C’était là la preuve que l’aire de cette espèce s’étendait maintenant plus loin au nord, jusque dans notre région, mais les deux derniers hivers, qui ont été rigoureux, les ont peut-être fait retourner d’où ils venaient. (Je n’ai encore vu aucune piste cet hiver.)

La meilleure période pour observer les pistes?

Il est plutôt facile de voir des pistes dans la neige, mais il faut une certaine expérience pour les identifier. Il faut d’abord sortir après toutes les petites chutes de neige.

Les meilleures empreintes se trouvent dans une mince couche de neige (5-20 mm) sur une base dure. Une nouvelle neige sur un  terrain de stationnement ou sur une neige plus ancienne durcie est idéale. On peut voir tous les détails et les pistes évoquent tout à fait celles des livres.

J’ai trouvé une piste! Qu’est-ce que je fais maintenant?

Regardez la forme générale de l’empreinte et répondez à ces questions :

  • est-elle ronde ou allongée?
  • combien d’orteils voyez-vous?
  • voyez-vous des griffes?
  • quelle est sa grosseur?

La réponse à ces questions peut être très utile. Par exemple, les traces de l’écureuil roux et de l’écureuil gris sont semblables, mais les traces de ce dernier sont deux fois plus grosses que celles de l’autre.

Ensuite : observez la structure ou l’allure des traces

Empreintes de coyote
Empreintes de coyote

De nombreuses belettes sautent, alors les empreintes viennent en paires. Mais les chiens sauvages comme le coyote et le renard tendent à mettre une patte devant l’autre, laissant une trace étroite et droite dans la neige. Les chiens domestiques marchent les pattes plus écartées et – s’ils ne sont pas tenus en laisse – rarement en ligne droite.

Les lapins et les lièvres qui font des bonds rapides atterrissent sur leurs deux grosses pattes postérieures en laissant traîner leurs deux pattes antérieures une derrière l’autre. Les écureuils retombent également sur leurs grosses pattes postérieures, mais leurs deux pattes antérieures touchent le sol l’une à côté de l’autre. (Cela peut aussi aider si les pistes se terminent au pied d’un arbre. Les écureuils grimpent aux arbres, pas les lapins.)

Empreintes de lièvre
Empreintes de lièvre

Et puisqu’il est question des arbres, n’oubliez pas de regarder à la base des troncs s’il y a des rognures ou de l’écorce. Bien que ce ne soient pas là de véritables empreintes, cela peut indiquer le passage d’un mammifère grimpeur  ou peut-être la présence de pics à la recherche de nourriture dans l’arbre.

Identifier des traces dans de la neige épaisse et poudreuse est beaucoup plus ardu et le novice devrait s’en abstenir. Les empreintes ne sont pas nettes et souvent de la neige tombe dessus. Vous pourrez peut-être réussir à creuser et à voir les traces laissées par les sabots d’un cerf tout au fond plutôt que le coussinet plantaire d’un coyote, mais ne vous découragez pas si vous n’y arrivez pas – c’est difficile!

Prêts à exercer vos talents de limier des neiges?

Testez vos connaissances avec ces photos prises par nos #snowsleuths. Pouvez-vous identifier ces pistes?

Mieux encore : lancez-vous sur les sentiers. Les oiseaux et les mammifères sont encore actifs (cherchant leur prochain repas ou essayant de ne pas en devenir un), et la meilleure façon de découvrir quels sont ceux qui sont présents, c’est de repérer leurs traces.

Et si jamais vous apercevez les empreintes d’un opossum, avertissez-moi.