Cinquante nuances de geai gris au parc Algonquin : le phénomène de la reproduction hivernale bat son plein

Prenez vos jumelles, votre appareil photo ou votre téléphone intelligent, remplissez un sac plein de pain, de fromage et de raisins. Le monde fascinant de la saison hivernale des amours du geai gris (aussi mésangeai du Canada) est actuellement à découvrir au parc Algonquin. Et si vous êtes chanceux (comme le sont la plupart des fanatiques du geai gris), ces adorables et sociables oiseaux viendront se nourrir dans votre main.

« Les geais gris sont des oiseaux fascinants », de dire le naturaliste du parc Algonquin à la retraite, Dan Strickland. « Ils sont très confiants et apprennent rapidement que les gens peuvent être une source de nourriture, et donc ils viennent voir les gens au lieu du contraire. Ils sont souvent apprivoisés et viennent se poser sur vos mains. »

Cette visiteuse du parc Algonquin est ravie qu

Nids recouverts de neige au parc Algonquin

Oui, malgré des températures de -20 °C, on peut apercevoir ces authentiques « oiseaux des neiges » canadiens nichant sur des arbres couverts de neige et couvant leurs œufs. Leur source alimentaire? Des cachettes pleines de petits fruits, de champignons, d’insectes, de viande et autre nourriture qu’ils entassent dans des arbres (habituellement des conifères) pendant l’été et l’automne.

Le geai gris a une étonnante mémoire et se souvient des cachettes où il a dissimulé sa nourriture. Ainsi, toute l’année, il se déplace de cachette en cachette pour se nourrir.

« Trouver sa nourriture en hiver n’est pas un problème pour le geai gris », affirme Strickland.

Le déclin du geai gris

Malheureusement, au cours des 20 dernières années, le geai gris a subi un déclin de 50 % au parc Algonquin, et les chercheurs font beaucoup d’efforts pour en découvrir la raison. Ils pensent que le changement climatique pourrait être responsable de la dégradation de la qualité et de la quantité de la nourriture qu’amassent dans les arbres ces oiseaux pour s’en nourrir.

En collaboration avec Ryan Norris, écologiste de l’Université de Guelph, et ses étudiants des cycles supérieurs, Strickland travaille sur ce qui a été décrit comme « l’une des plus longues études d’une population marquées de vertébrés partout au monde ».

Russ Rutter, qui a longtemps été naturaliste au parc Algonquin, a commencé cette étude dans les années 1960. Après son décès, dans les années 1970, Strickland a poursuivi les recherches et les a élargies pour en faire un à côté récréatif à son travail comme naturaliste en chef au parc Algonquin. Strickland poursuit l’étude pendant sa retraite et en apprend toujours au sujet de ces oiseaux très particuliers.

« Les archives démontrent qu’au cours des 33 dernières années, au sein des territoires de l’aire de répartition du geai gris, de plus grandes surfaces dominées par des arbres à feuilles caduques, comme l’érable à sucre, sont devenues inoccupées que des surfaces dominées par des conifères, particulièrement l’épinette noire », peut-on lire sur le site Web de l’université de Guelph.

Système de baguage unique

Dans le cadre de l’étude, et afin de vérifier les habitudes d’« engrangement » du geai gris, Strickland utilise un système de baguage ingénieux qui permet d’identifier chaque oiseau à l’aide de bagues colorées selon diverses combinaisons. Auparavant, il nourrissait certaines paires d’oiseaux avec de la nourriture colorée avec un marqueur fécal. Il cessait ensuite de fournir la nourriture colorée et a remarqué qu’elle réapparaissait dans la fiente de jeunes oiseaux.

« Cela prouvait que les oiseaux mangeaient de la nourriture qu’ils avaient entreposée 40 jours auparavant et s’en servaient pour nourrir leurs oisillons, explique Strickland. En conséquence, [nous savons] qu’ils trouvaient certainement des aliments entreposés bien que nous ignorions toujours selon quelle quantité. Il reste que tout semble indiquer qu’ils retrouvent cette nourriture “engrangée”, et ce, grâce à leur mémoire. »

Solutions futures

Aussi fascinante que soit cette étude, il reste beaucoup de travail à faire afin de découvrir la raison du déclin des geais gris dans le parc Algonquin, et de comprendre leur comportement social souvent étrange. C’est une bonne chose que Strickland et son équipe de chercheurs aiment leur travail et les oiseaux à ce point. Espérons qu’ils continueront à trouver des réponses.

Vous désirez en savoir plus au sujet de l’étude sur le geai gris?

Communiquez avec le centre des visiteurs du parc Algonquin pour obtenir la liste des oiseaux que Strickland a marqués grâce à son système de baguage multicolore pour identifier chaque oiseau par son nom. On peut rejoindre Dan à perisoreus1@gmail.com.