Une personne tenant un filet à libellule sur le bord du lac au coucher du soleil.

La chasseuse de libellules

Sonje Bols est interprète et naturaliste à Parcs Ontario et coordonne le programme Découverte dans un certain nombre de parcs du Nord-Est de l’Ontario. Elle adore les libellules : elle les observe, elle en attrape, elle identifie leurs espèces et elle touche à peu près à tout ce qui les concerne.

Dès qu’il fait assez chaud pour être dehors en tee-shirt et en short, il y a de fortes chances que vous me trouviez à l’extérieur en train de chasser les odonates.

Odonate est le nom de famille scientifique d’un groupe d’insectes composé des libellules et des demoiselles.

Aller chasser les odonates signifie s’aventurer à l’extérieur pour attraper et identifier ces insectes.

Obsédée par le besoin d’aller chasser les odonates

Ces dernières années, c’est devenu une sorte d’obsession pour moi. Un passe-temps étrange, vous pouvez penser, mais écoutez-moi jusqu’au bout.

Une libellule tenue par deux doigts.
La bonne façon de tenir un odonate est de le saisir délicatement par ses ailes, comme sur la photo.

J’ai été initiée au monde de la chasse aux odonates alors que je participais au programme Découverte du parc provincial Algonquin au cours de l’été 2009.

Plus précisément, je me souviens d’une conversation informelle que j’avais un après-midi avec deux autres naturalistes du parc devant la bâtisse du personnel, au cours de laquelle l’un d’eux s’est arrêté au milieu d’une phrase en apercevant une libellule qui virevoltait au-dessus de la pelouse.

Il saisit vivement son filet, s’est lancé à la poursuite de l’insecte et, après quelques rapides coups de filet, il a finalement réussi à l’attraper. Extirpant l’insecte frétillant hors de son filet, il a soupiré : « Ah! Une aeshne du Canada. Je pensais que c’était peut-être une cordulie ». (J’appris par la suite que la cordulie est un genre de libellule que l’on rencontre rarement.)

J’ai été amusée et quelque peu intriguée par l’intensité du personnage.

Deux personnes agitant des filets à libellules sur une promenade de bois.
Quelques fervents naturalistes chassant les libellules.

J’ai d’abord pensé : « Un moment… il y a plus d’une sorte de libellule? » et « Attraper des libellules, c’est une activité captivante? ».

Quatre mains tenant des libellules.
La famille des anisoptères est un groupe particulièrement coloré et charismatique de grands odonates. Ici, nous voyons la variété dans une seule espèce : æschne porte-crosses.

J’ai vite appris qu’il existe plus de 100 espèces différentes d’odonates dans le seul parc Algonquin (près de 200 en Ontario). Effectivement, les attraper est une activité captivante (il y a plus de 64 000 observations d’odonates de l’Ontario sur l’application nature iNaturalist, et ce n’est pas fini).

Apprendre auprès des meilleurs

Cet été, j’ai eu la chance d’accompagner mes collèges dans de nombreuses expéditions de chasse aux odonates à travers le vaste parc. Il s’agissait de naturalistes talentueux de Parcs Ontario, et ils étaient toujours enthousiastes à l’idée de partager leurs connaissances avec les autres.

Personnes attrapant des libellules dans l’eau, avec une main tenant une libellule en gros plan.
Une expédition de chasse aux odonates typique après le travail, cherchant des gomphes de Scudder.

Sous leur mentorat, j’ai acquis une passion durable pour ces insectes et le désir de les attraper et de les identifier.

Contrairement à de nombreux autres insectes (papillons et papillons de nuit, par exemple), il est relativement facile de manipuler les libellules sans endommager leurs ailes, à condition d’être délicat.

On peut les extraire délicatement du filet et les tenir avec leurs ailes jointes au-dessus de leur dos. Cela permet de les observer de près, de les identifier et de les relâcher assez rapidement.

Des habitudes propres à chaque espèce

Chaque espèce a sa propre personnalité : les habitats qu’elle fréquente, ses habitudes de vol et la saison à laquelle elle vole. Et chacune est un plaisir à découvrir.

J’ai appris que l’on peut généralement trouver l’æschne vineuse volant à basse altitude au-dessus des plans d’eau stagnante, et que les épithèques de Provancher et les agrions vespéraux ne sortent généralement qu’au crépuscule.

Les hagénies (chasseuses de libellule) chassent et tuent d’autres libellules, et la plupart des odonates gobent volontiers une mouche à chevreuil si vous l’agitez devant leurs mâchoires.

Une libellule chasseuse de libellule et sa proie.
La bien nommée libellule « Dragonhunter » en anglais, avec sa proie : une épithèque princière. S’il s’agissait d’un documentaire sur la nature, le narrateur dirait : « À la fin de ce conte de fées, c’est le dragon qui tue le prince ».

Bien que j’aie pu me moquer de ce naturaliste loufoque pourchassant une libellule sur la pelouse de la bâtisse du personnel, à la fin de l’été, j’étais tout aussi enthousiasmée que lui par les odonates.

Qu’y a-t-il de si intéressant à attraper des odonates?

Pour dire les choses simplement, c’est agréable. Il n’y a rien de tel que le plaisir d’un coup de filet réussi, annoncé par le doux son d’un odonate bourdonnant emprisonné dans le filet. Je trouve que c’est un peu comme attraper un poisson ou marquer un but.

Personnes sur une promenade en bois cherchant des libellules.
Départ à l’aventure à la chasse aux odonates.

Faites appel à quelques amis tout aussi enthousiastes, et instaurez une compétition amicale (« voyons qui peut attraper le plus d’espèces aujourd’hui! ») et le plaisir s’accroît.

Vous pouvez trouver des libellules presque partout, et je considère qu’il est particulièrement gratifiant d’explorer de nouveaux habitats pour déterminer quelles espèces je peux découvrir. Où que j’aille, j’ai toujours la possibilité d’en attraper une nouvelle.

Il est tout aussi gratifiant de les identifier de visu.

Les oiseaux et les mammifères n’offrent parfois qu’un aperçu et peuvent être difficiles à identifier (les parulines juvéniles, par exemple?), mais les odonates présentent souvent des motifs frappants et des caractéristiques distinctives, ce qui facilite leur identification.

Deux libellules, chacune tenue dans une main.
Identifier les libellules est amusant! Les motifs et les marques de couleur sont essentiels pour identifier les espèces. Les rayures brisées sur le thorax de la libellule de gauche l’identifient comme étant une æschne domino, tandis que la forme de canne de l’autre révèle une æschne des pénombres.
Comparaison d’une libellule avec un guide pratique.
Pour les espèces plus difficiles, il existe d’excellents guides de terrain.

C’est aussi de bons souvenirs

Mes meilleures expériences de chasse aux odonates (et certains de mes meilleurs souvenirs) ont toujours impliqué un bon groupe d’amis, une incursion mouvementée dans la nature et l’objectif d’attraper une espèce particulièrement rare.

Deux photos de paysage.

Il m’est arrivé de me tenir au milieu d’une nuée dense d’æschnes à tubercules et d’en attraper six d’un seul coup de filet.

J’ai arpenté d’innombrables tourbières tout en étant assaillie par des mouches noires pour attraper une cordulie de Franklin ou une cordulie bistrée.

J’ai passé la journée à faire du canot et du portage dans la chaleur du mois d’août jusqu’à une rive reculée pour trouver un ophiogomphe boréal.

Et l’effort en vaut TOUJOURS la peine – explorer un nouvel environnement, inscrire un nouvel odonate sur la liste, et vivre une belle histoire inoubliable. Les défis rendent la victoire d’autant plus agréable.

Il n’est pas surprenant que vous en trouviez ici

Tous ces coups de filet ne sont pas seulement pour le plaisir – ils contribuent également à notre connaissance de la faune du parc et de la répartition des espèces dans la province. Les observateurs des odonates agissent comme des scientifiques de terrain, surveillant les fluctuations des populations et découvrant même des espèces qui n’avaient jamais été signalées auparavant!

Il y a quelques années, un groupe d’anciens naturalistes du parc Algonquin a même publié un guide de terrain sur les odonates du parc provincial Algonquin et des environs. C’est ce guide de terrain qui m’a permis de comprendre l’identification des odonates et il est considéré par beaucoup comme le meilleur pour l’Est du Canada.

J’ai commencé à chasser les odonates dans les parcs de Parcs Ontario, ce qui est logique, car les parcs sont des refuges pour les odonates. Les parcs protègent de vastes étendues de terres humides qui constituent un habitat essentiel pour leur étape de vie aquatique.

Une personne tenant un filet à libellule, sur le bord d’un lac au coucher du soleil.
Observation des libellules dans la forêt boréale sur les rives du lac Achilles, parc provincial Fushimi Lake.

De nombreux parcs proposent également des programmes Découverte axés sur la capture et l’identification des insectes, ainsi que des listes de contrôle des espèces que vous pouvez trouver.

Cependant, si votre curiosité pour les odonates est piquée au vif, vous ne devez pas forcément visiter un parc pour commencer à agiter un filet!

J’ai attrapé de superbes libellules partout, y compris dans les centres-villes, les champs de maïs et les banlieues.

Il existe de nombreuses façons de profiter du plein air, de créer des souvenirs et d’éprouver un sentiment d’accomplissement, et la chasse aux odonates est une de mes façons. Je vous encourage à prendre un filet et à faire un essai – vous pourriez bien en développer une passion!