Bûcheron

La vie d’un bûcheron en 5 objets

Le billet d’aujourd’hui nous vient de Sonje Bols, coordonnatrice du programme Découverte de la zone Nord-Est de Parcs Ontario.

Vous êtes-vous déjà demandé à quoi aurait ressemblé la vie d’un bûcheron il y a 100 ans?

Était-ce une vie pleine d’aventures? Ou bien une existence dure et pénible?

Certains bûcherons avaient-ils vraiment une force surhumaine? Quelle part de vérité peut-on trouver dans les légendes et les chansons décrivant leurs exploits, leurs luttes et leurs triomphes?

Voici cinq objets de Marten River qui illustrent ce qu’était réellement la vie d’un bûcheron!

Mais d’abord, un petit contexte

Aux premiers temps du pays, une grande partie de la population canadienne travaillait dans l’industrie forestière.

Dans le cas de l’Ontario, l’exploitation forestière était (et est toujours dans le Nord) une composante majeure de l’économie et a défini les types de colonisation de bon nombre de ses communautés, en particulier dans le Nord de l’Ontario.

Une vieille photo en noir et blanc d’une voiture à cheval tirant un chargement de bois à travers une forêt enneigée.
Un attelage de chevaux négocie une pente sur une route de glace. Des fers à cheval à crampons leur donnent de l’adhérence sur la surface glacée.

Au début du XXe siècle, la région de Marten River était un haut lieu de l’industrie forestière, plusieurs camps forestiers étant situés dans ce qu’on appelait alors une « pinery » en raison de l’abondance de pins blancs.

Le parc provincial Marten River abrite aujourd’hui une réplique complète d’un camp forestier du début des années 1900, appelé The Winter Camp, ainsi qu’un musée de l’exploitation forestière.

Ce musée abrite une vaste collection d’objets utilisés dans les camps d’hiver de l’époque.

Voici un aperçu de ce que contient le musée et de ce qu’il nous révèle sur la vie des bûcherons il y a 100 ans.

1. C’est l’heure du déjeuner!

La journée d’un bûcheron commençait par un bon repas.

Ce lourd triangle en métal était suspendu à l’extérieur de la cuisine et servait à appeler les hommes à l’heure du repas.

Triangle en métal accroché à l’extérieur de la cabane
La cuisine du « camp d’hiver » de Marten River est équipée d’un triangle en métal lourd qui sert à appeler les hommes au repas.

Le cuisinier (ou l’aide-cuisinier) frappait l’intérieur du triangle avec une tige de métal, et le bruit sourd qui en résultait indiquait à tout le camp que la nourriture était prête!

Le déjeuner était pris rapidement, bien avant le lever du soleil, afin que les bûcherons puissent profiter au maximum de la lumière limitée en hiver.

Ils arrivaient à leur aire de coupe juste quand il faisait assez clair pour travailler.

Le dîner était préparé pour la brousse, et ils le mangeaient assis sur des troncs d’arbres abattus; le souper était servi après la tombée de la nuit, lorsque les hommes rentraient finalement au camp.

Après ces longues journées de dur labeur, de bons et copieux repas étaient très importants!

Les bûcherons consommaient environ 7 000 calories par jour; à la fin de la saison cependant, il n’était pas rare que certains des plus grands hommes aient perdu jusqu’à 30 à 40 livres en raison du travail acharné qu’ils avaient effectué durant tout l’hiver.

table de cuisine de chantier avec vaisselle et lampes à huile
Les tables de la cuisine de chantier sont dressées et attendent – les bûcherons mangeaient des repas copieux qui les nourrissaient pour les longues et froides journées d’hiver et le dur travail de sciage des pins.

Les menus typiques comprenaient beaucoup de viandes conservées et de fruits en conserve, du pain frais et de nombreux desserts.

Les cuisiniers étaient généralement compétents et respectés, et bon nombre appliquaient une règle stricte d’interdiction de parler à table pour réduire au minimum les distractions et maintenir l’efficacité à l’heure du repas.

La nourriture était essentielle, et prise très au sérieux!

2. La meilleure amie du bûcheron

À partir des années 1870, la scie de travers s’est imposée dans les camps de bûcherons pour l’abattage des arbres et la coupe des grumes, rendant sans aucun doute le travail beaucoup plus facile que l’utilisation de haches.

photo ancienne d’hommes sciant un arbre
Les bûcherons, appelés « scieurs », coupent l’épais tronc de pin avec leur scie de travers.

Elle doublait la productivité de la hache, de sorte qu’une équipe de trois bûcherons pouvait couper environ 100 bûches par jour au lieu de 50!

Les bûcherons qui savaient manier la scie de travers devenaient des « scieurs » et étaient mieux rémunérés.

collage d’une scie suspendue, gros plan de la scie
Les dents spécialisées de la scie de travers aident à couper le bois et à éliminer la sciure de la coupe

Il a fallu du temps pour perfectionner les deux types de dents de la scie – les dents coupantes pour scier l’arbre, et les dents rabotantes pour enlever la sciure. L’espacement et la longueur des dents devaient être parfaits pour que le travail soit effectué facilement.

3. Pour les lourdes charges

fer à cheval
Les fers à cheval munis de crampons métalliques aidaient les chevaux à maintenir leur traction lorsqu’ils tiraient de lourdes charges.

Les chevaux, un autre bon ami des bûcherons, étaient indispensables dans les débuts de l’exploitation forestière.

À moins d’avoir une force surhumaine, on ne pouvait pas faire grand-chose autour du camp sans ces « hayburners » (consommateurs de foin) comme les hommes les appelaient.

Ils travaillaient en étroite collaboration avec les bûcherons pour accomplir des tâches incroyables : du transport de traîneaux de débardage de 20 tonnes au glaçage des routes avec le camion-citerne à eau ressemblant à une surfaceuse à glace.

Bon nombre de ces chevaux étaient amenés au camp par leurs propriétaires, qui travaillaient avec eux dans leurs fermes le reste de l’année. Les conducteurs d’attelage (ceux qui s’occupaient des chevaux et les conduisaient) préféraient généralement travailler avec les chevaux qu’ils connaissaient.

chevaux tirant un camion-citerne à eau
Le camion-citerne à eau a surfacé les routes de glace que les attelages de chevaux utilisaient.

Comme la plupart des travaux d’exploitation forestière étaient effectués en hiver, ces chevaux devaient se frayer un chemin dans des conditions de neige et de glace. C’est pourquoi ils étaient chaussés de fers à cheval à crampons pour adhérer aux routes glacées.

4. Allumer la forge

L’une des caractéristiques des premiers camps forestiers était leur autosuffisance. Les camps étaient autosuffisants par nécessité. La plupart étaient très isolés des communautés les plus proches, en raison de la distance, du manque de routes et des neiges de l’hiver.

Avec son enclume, le forgeron pouvait fabriquer ou réparer la plupart des outils dont les bûcherons avaient besoin.

Les bûcherons ne pouvaient pas simplement se rendre à la quincaillerie la plus proche pour acheter des pièces de rechange pour leur équipement, des outils ou une boîte de clous!

Ils avaient besoin de quelqu’un sur place qui pouvait faire toutes les réparations et fabriquer les outils dont ils pouvaient avoir besoin. Cette personne était le forgeron.

Les forgerons s’occupaient de tout, du ferrage des chevaux à la fabrication et à la réparation de chaînes, de poêles à bois, de tourne-bois, de tourne-billes à éperon et de toute une série d’autres outils et pièces d’équipement.

Les enclumes comme celle ci-dessus ont dû être très sollicitées pendant la saison d’exploitation forestière.

une personne tenant un fer à cheval

Une fois que la zone autour du camp avait été entièrement exploitée – un processus qui ne prenait que quelques années – le camp était abandonné.

Le forgeron emportait tous les outils, ainsi que d’importantes pièces de métal. Même s’ils étaient lourds et difficiles à transporter, ils étaient très précieux et en valaient la peine.

Presque tout le reste, fabriqué en bois, était laissé à l’abandon et pourrissait!

5. Jouez-nous un morceau!

Les bûcherons travaillaient du lever au coucher du soleil, six jours par semaine, dans toutes les conditions climatiques hivernales.

Le dimanche étant leur seul jour de repos; le samedi soir était donc consacré aux jeux, aux histoires et à la musique.

Image côte à côte d’un violon et d’une personne portant une chemise rouge, un jean et des bretelles jouant du violon à l’extérieur d’une cabane en rondins.

La plupart des patrons de camp s’efforçaient de veiller à ce qu’au moins un de leurs employés soit également musicien pour remonter le moral pendant les longs hivers.

Dans ces camps isolés, les bûcherons ont inventé des histoires à dormir debout et des légendes comme celles de « Big Joe Mufferaw » et de « Peter Emberley » pour commémorer la vie remarquable ou tragique de leurs amis.

Ces chansons et contes, nés des légendes des camps d’hiver, sont encore racontés et chantés aujourd’hui.

Les outils indispensables

Ces cinq objets sont quelques-uns des « outils indispensables » utilisés quotidiennement par les bûcherons lorsqu’ils vivaient dans les camps d’hiver, et chacun d’eux raconte un peu de leur histoire.

L’utilisation d’objets comme une scie de travers ou un fer à cheval pour raconter une histoire peut nous aider à comprendre les personnes qui ont vécu et travaillé à une époque et dans une industrie qui a joué un rôle majeur dans le développement et l’histoire de l’Ontario.

Leur ingéniosité, leurs efforts et leurs luttes, ainsi que leurs histoires continuent de nous fasciner aujourd’hui.

Visitez le camp d’hiver!

Au début des années 1970, le personnel du parc a commencé à planifier un musée de l’exploitation forestière qui reproduirait le type de camp saisonnier dans lequel les bûcherons vivaient pendant les mois d’hiver lorsqu’ils coupaient les énormes pins.

Camp d’hiver

Par conséquent, Marten River abrite maintenant le camp d’hiver, une recréation de ces camps de bûcherons temporaires qui étaient courants à Temagami et dans le Nord à l’époque de l’exploitation forestière à cheval, à la fin des années 1800 et au début des années 1900.

Visitez Marten River pour la journée ou venez camper sur les rives de la rivière Marten, et explorez le camp d’hiver!

Vous voulez en savoir plus sur l’histoire des bûcherons? Vous êtes au bon endroit! Découvrez l’histoire de la construction du camp d’hiver. Marten River accueille le  Festival des bûcherons chaque été. Consultez son calendrier des événements pour en savoir plus sur les événements de cette année!