Autour d’un déversoir

Ce billet a été rédigé par Allison Dennis, directrice du parc provincial Neys.

Qu’est-ce exactement qu’un déversoir?

Le terme « déversoir » a titillé ma curiosité après mon premier examen du Plan de gestion du parc provincial Neys. Je me suis donc tournée vers mon moteur de recherche préféré pour résoudre ce mystère.

Il s’avère qu’un déversoir est un ouvrage construit sur la largeur d’une rivière ou d’un ruisseau pour augmenter le niveau de l’eau en amont à une hauteur déterminée.

Qu’est-ce que cela a à voir avec un parc provincial?

La gestion de l’eau à Neys

Original Neys weir

Contrairement à un barrage, qui dévie l’excès d’eau au moyen d’évacuateurs de crues, un déversoir a pour but de permettre à l’excès d’eau de passer par-dessus la structure et de couler vers l’aval.

Dans le parc provincial Neys, il y a un déversoir en béton sur le ruisseau qui autrefois constituait la principale source d’eau du parc. Ce déversoir en béton permettait au ruisseau de former un bassin. Cette eau était ensuite utilisée pour alimenter l’ancienne station de pompage du parc.

Une nouvelle installation de traitement de l’eau a été construite en 2003 pour respecter les nouvelles normes en matière de salubrité de l’eau potable. Ce nouveau système fournit maintenant un meilleur approvisionnement en eau au parc, rendant l’ancien déversoir désuet.

Il fallait donc maintenant démanteler le déversoir.

Pourquoi enlever le déversoir?

Brook trout yearling

Les cours d’eau froids comme celui-ci contiennent des habitats pour le poisson et servent de frayères et de lieu de croissance importants pour les salmonidés.

Les déversoirs, même petits, peuvent provoquer la fragmentation des habitats, limitant les déplacements et les migrations des poissons et des autres habitants des cours d’eau.

L’enlèvement de ce déversoir était une étape importante pour restaurer l’intégrité écologique du parc Neys. Il a permis d’améliorer la connectivité et l’habitat du ruisseau, tout en réduisant les conséquences possibles de la sédimentation, laquelle peut rendre difficile l’accès aux habitats et aux sources de nourriture dont les poissons ont besoin pour survivre!

Les déversoirs peuvent également provoquer des changements dans le paysage en aval et en amont. En amont d’un déversoir, les habitats où l’eau circule librement commencent à se transformer en bassins et à ressembler davantage à des lacs. Ceci peut causer la disparition de certaines particularités naturelles importantes pour le frai et la croissance des poissons, comme les bancs.

Les frayères, en aval, et la diversité de cet habitat peuvent également être affectées par une réduction de la quantité de gravier pouvant se déplacer librement vers l’aval.

De manière générale, des structures artificielles telles que les déversoirs peuvent également avoir une incidence sur la température de l’eau, son contenu en oxygène, la rapidité du courant et l’érosion. Ensemble, ces changements sont susceptibles d’imposer un stress à l’écosystème d’un cours d’eau et d’avoir des répercussions négatives sur sa biodiversité et les populations de poissons.

À l’évidence, on a tout avantage à se débarrasser du déversoir!

Travail d’observation

Staff and dip nets

Le projet d’enlèvement a débuté par un travail d’inventaire des poissons pour déterminer quelles espèces étaient présentes, et pour étayer le processus d’évaluation environnementale préalable.

Étant donné que l’enlèvement du vieux déversoir allait exiger de travailler dans le ruisseau même, il était également nécessaire d’avoir recours à des stratégies d’atténuation afin d’éviter de nuire aux poissons. Il était important de confirmer la présence de poissons, tant en amont qu’en aval du déversoir, avant de mettre au point nos plans.

Au printemps de 2017, le personnel de Parcs Ontario a utilisé des épuisettes à différents endroits le long du ruisseau afin d’identifier les espèces de poissons auxquelles il sert d’habitat, et de recueillir des données de référence pour le site. Cela nous permettrait d’effectuer un suivi des répercussions positives de l’enlèvement du déversoir sur les poissons au fil du temps.

Notre examen a confirmé la présence d’Ombles de fontaine en amont du déversoir, et d’Ombles de fontaine, de Saumons cohos, de Chabots et de Naseux des rapides au point d’écoulement du ruisseau.

Enlèvement du déversoir

Une fois terminé l’inventaire des poissons et l’évaluation environnementale, nous étions prêts à enlever le déversoir.

Afin de procéder de façon sécuritaire, nous avons pris plusieurs mesures. Avant de commencer le travail, nous avons installé des protections sur les sédiments. Nous avons évité de travailler dans l’eau à certaines périodes critiques du cycle de vie des poissons et de leur habitat. Et enfin, nous avons ressemé les rives du ruisseau une fois le projet terminé pour limiter l’érosion.

Toutes ces mesures ont contribué à ce que les règles concernant les poissons soient respectées, et à la réussite de la restauration.

Après quelques jours de dur labeur, le déversoir a été retiré avec succès. Nous sommes heureux d’annoncer que la restauration de l’habitat a été un succès.

L’enlèvement du déversoir a contribué à la résilience de l’écosystème aquatique, tout en contribuant à promouvoir l’objectif que s’est fixé Parcs Ontario de promouvoir l’intégrité écologique.

The weir post removal

Pour en apprendre davantage sur l’engagement de Parcs Ontario envers l’intégrité écologique, cliquez ici.