Vétérinaire à l’aide des tortues mouchetées prématurées

Par Corina Brdar, écologiste, zone du sud-est, Parcs Ontario

Parcs Ontario mène des recherches de pointe sur la santé et la survie des prématurés. Les « bébés prématurés » en question sont des tortues mouchetées, une espèce en péril en Ontario. Chaque année, le Kawartha Turtle Trauma Centre (KTTC) de Peterborough accueille des femelles de tortues mouchetées blessées – ou malheureusement mortes – et sauve leurs œufs. À cet hôpital vétérinaire unique où sont traitées les tortues blessées, on provoque la ponte des œufs grâce à l’oxytocin tout comme on le ferait d’une femme qui accouche. Les œufs éclosent au centre et les petites tortues sont élevées jusqu’à ce qu’elles aient deux ans.

À gauche : Salle d’éclosion au KTTC
À droite : Lynda Ruegg, technicienne en conservation travaillant au KTTC, collecte des données sur le bon départ d’une tortue mouchetée dont elle suit l’évolution dans un parc provincial.

Projet bon départ pour les tortues mouchetées devant être relâchées dans un parc de l’Ontario

Ce procédé se nomme « bon départ », et ses résultats ont été mitigés pour beaucoup d’espèces de tortues partout dans le monde. L’idée, c’est que lorsqu’une tortue a survécu à ses deux premières années de vie, elle a une bien meilleure chance de vivre suffisamment longtemps pour pondre ses œufs et se reproduire. Chez la tortue mouchetée, la ponte n’a pas lieu avant qu’elle ait 20 ans! Le procédé bon départ semble fonctionner pour certaines espèces, mais pas pour d’autres.

Et personne ne sait si la méthode bon départ fonctionne pour la tortue mouchetée, l’une de sept espèces de tortues en péril en Ontario. Aussi, afin de le savoir, le KTTC utilise des œufs qui, autrement, n’auraient aucune chance d’éclore. On fixe sur les tortues « bien parties » un émetteur radio, puis on les relâche dans une zone éloignée d’un parc provincial de l’est de l’Ontario, près de l’endroit où on a trouvé la mère. Les jeunes tortues sont surveillées tout l’été pour savoir où elles passent leur temps et, plus tard, où elles choisissent d’hiberner.

L’aspect le plus difficile du procédé bon départ, dit Sue Carstairs, vétérinaire en chef au KTTC, c’est de bien prendre soin des tortues « afin de s’assurer qu’elles sont dans le meilleur état possible quand on les relâche ». C’est l’une des raisons pour lesquelles personne ne devrait tenter cela à la maison dans le cas où on trouve un nid de tortues. Une autre raison, c’est qu’il est illégal de garder des animaux sauvages en captivité en Ontario sans détenir un permis spécial. Mme Carstairs explique : « De plus, un grand nombre de problèmes peuvent survenir – des personnes nous apportent souvent des tortues parce qu’elles ignoraient qu’elles n’étaient pas en droit de les posséder, ou elles croyaient qu’elles leur rendaient service en les conservant. Ces tortues sont souvent en très mauvais état puisqu’il faut beaucoup d’expérience pour les élever correctement – elles ont besoin d’un environnement spécialisé avec rayonnement UV-B, et une chaleur et une alimentation particulières ».

Résultats du projet

Mme Carstairs est très heureuse des trois dernières années du projet. « Nous n’avons constaté aucune prédation pendant deux saisons – elles se cachent bien! » dit-elle. Les tortues du projet bon départ se comportent comme les tortues sauvages qui sont surveillées, « y compris le fait qu’elles hibernent au même endroit ». C’est là une découverte particulièrement intéressante puisque jusqu’ici, personne ne savait si elles allaient pouvoir survivre à l’hiver.

À gauche : une salle du KTTC où les tortues sont traitées.
À droite : Lynda Ruegg, technicienne en conservation, suit une tortue mouchetée du projet bon départ sur un terrain étonnamment accidenté d’un parc provincial de l’est de l’Ontario.

Kawartha Turtle Trauma Centre

La mission du KTTC est de rétablir la santé des tortues blessées afin qu’elles puissent retourner dans leur habitat pour vivre le reste de leur vie et se reproduire.

Mme Sue Carstairs ainsi que le personnel et les bénévoles du KTTC forment une équipe dévouée et énergique. Comme Mme Carstairs l’explique : « En tant que vétérinaire, mon but a toujours été de participer à des projets de conservation faunique. Je travaille encore avec tous les aspects de la faune, mais le projet sur les tortues est une de mes passions puisqu’il combine parfaitement médecine et conservation. Chaque adulte que nous sauvons est tellement importante pour la population parce que peu de tortues se rendent à l’âge adulte et que les populations de tortues dépendent d’une quasi-absence de mortalité adulte pour être durables ». La meilleure partie de son travail, c’est quand elle relâche les tortues rétablies après avoir été traitées au KTTC.

Nous avons demandé à Mme Carstairs ce qu’elle désirait que les gens sachent au sujet du KTTC, et sa réponse est inspirante : « Tout le monde peut aider! Tout le monde peut jouer un rôle important pour la conservation. Une personne PEUT faire une différence. Nous dépendons de dons personnels pour poursuivre notre travail, alors s’il vous plaît, songez à devenir membre du KTTC en faisant un don chaque mois ou en planifiant un legs ».

Vous êtes invité à la collecte de fonds du KTTC qui aura lieu au Musée royal de l’Ontario le 9 avril.

Venez rencontrer l’équipe du KTTC et apprenez-en davantage sur leur projet. On servira à manger et à boire, et on tiendra un encan silencieux au cours duquel les participants auront la chance de gagner un permis saisonnier offert par Parcs Ontario. Le KTTC est un organisme efficient qui fonctionne surtout grâce à des bénévoles ainsi que quelques employés très dynamiques.

Tous les dons vont directement au projet. Pour des billets, consultez le www.turtles.eventbrite.ca.