Une souris, une bête et un spectre : qui utilise l’écopassage de Pinery?

Dans le billet d’aujourd’hui, Alistair MacKenzie, superviseur du programme Découverte au parc provincial Pinery, nous fait part d’une de ses passionnantes nouvelles technologies de conservation : les écopassages.

Je suis extrêmement reconnaissant à l’endroit de mes parents, notamment pour m’avoir initié à la nature dès mon plus jeune âge.

Lorsque ma famille a immigré au Canada, nous avons commencé à explorer l’Ontario et à chercher des occasions d’observer des phénomènes naturels et des espèces sauvages. Très vite, ce comportement nous a conduits au parc provincial Algonquin et nous avons commencé à y faire de fréquents pèlerinages en toutes saisons.

Souvenirs de mammifères

Lors de nos visites, j’ai pris connaissance d’une formidable publication, Mammals of Algonquin Provincial Park (Mammifères du parc provincial Algonquin). Je remercie les Amis du parc Algonquin qui sont à l’origine de cette publication.

Couverture de l’ouvrage

Ce guide est devenu l’un de mes livres préférés que j’ai feuilleté méthodiquement, lisant et m’imprégnant de tout ce que je pouvais apprendre sur les mammifères connus pour habiter le parc.

En fait, j’ai toujours mon exemplaire d’origine.

Ces expériences précoces ont fait naître une passion pour la faune, en particulier les mammifères.

Cette passion m’a conduit à deux diplômes en écologie et à un parcours professionnel diversifié comprenant des travaux sur la réintroduction du petit polatouche dans le parc national de la Pointe Pelée, le piégeage de petits mammifères sur les falaises de l’escarpement du Niagara, la gestion des populations de cerfs de Virginie et la recherche sur l’ours noir dans toute la province.

La recherche dans les parcs

Mes premières amours pour les mammifères m’ont conduit à une carrière à Parcs Ontario, y compris l’étude de la biodiversité du parc provincial Pinery.

Suivre la biodiversité d’un vaste parc est une tâche ardue. Récemment, nous avons eu recours à de nouvelles technologies et stratégies.

Les citoyens scientifiques apportent une aide incommensurable en soumettant un montage photo des écosystèmes du parc avec des détecteurs de chauves-souris hétérodynes, en participant à la surveillance des chauves-souris et en utilisant des applications de surveillance de la biodiversité comme iNaturalist.

Ces actions effectuées par des visiteurs du parc sont extrêmement utiles pour surveiller l’état de la biodiversité du parc, aider à rétablir les espèces en péril et soutenir les activités de gestion du parc – sans oublier qu’il est amusant de rechercher des Pokémon de la vie réelle à Pinery!

L’emploi de technologies modernes est un autre moyen d’assurer que le parc Pinery est à jamais protégé.

Récemment, nous avons équipé des nichoirs à chauves-souris de lecteurs d’étiquettes TIP (transpondeur intégré passif) automatisés à énergie solaire. Nous avons installé un panneau indicateur qui affiche votre vitesse automobile, mais qui suit également l’activité des véhicules dans le parc – enregistrant les vitesses, l’heure du jour, le nombre de véhicules, etc., ce qui nous permet de mieux gérer nos ressources humaines et autres.

Comment la créature a-t-elle traversé la route? Par un écopassage!

L’une des nouvelles technologies les plus intéressantes est actuellement déployée à l’extrémité sud du parc pour enregistrer les comportements des animaux au moyen de l’énergie solaire.

Depuis plusieurs années, une caméra sophistiquée filmant la faune suit le succès de notre écopassage et enregistre la diversité et le comportement des animaux.

Un écopassage est un simple ponceau en caisson encastré dans une chaussée qui permet aux animaux de passer en toute sécurité d’un côté à l’autre de la chaussée tout en étant protégés des véhicules.

J’ai été enthousiasmé à l’idée d’observer les espèces lors de leur visite de l’endroit.

À ce jour, de nombreuses espèces de mammifères et d’oiseaux fréquentent le passage et nous avons également filmé plusieurs reptiles. L’enregistrement des reptiles est plus difficile en raison de leur petite taille relative et de leurs mouvements plus lents.

Je vous présente plusieurs résidents de Pinery :

Belette à longue queue

Les belettes de la famille des mustélidés montrées ici sont certainement des belettes à longue queue (Mustela frenata).

C’est ce que j’en ai conclu de données d’études antérieures sur les mammifères, mais pour confirmer l’espèce, des photographies montrant clairement leurs pieds avec des mesures de la masse et de la longueur sont nécessaires.

Montage photo de la belette à longue queue

Les belettes sont des prédateurs voraces et plusieurs des images les montrent avec des proies de rongeur dans la gueule.

L’image en haut à droite montre la belette dans son pelage d’hiver blanc avec une souris dans ses mâchoires. « Pelage » est le terme utilisé par les mammologistes pour décrire collectivement toute la fourrure sur le corps d’un mammifère.

Les belettes changent leur pelage d’été pour un pelage hiver et ainsi mieux se camoufler dans la neige, mais le pelage d’hiver blanc peut s’avérer un inconvénient lors d’hivers comme celui que nous venons de connaître avec une accumulation de neige minimale dans une grande partie de la province.

Vison

À l’instar de son plus petit cousin, le vison (Neovison vison) est un prédateur.

Montage photo du vison

Des visons captifs s’étant échappés de fermes de l’Ontario pendant des dizaines d’années, des lignées génétiques de visons domestiques et sauvages ont fusionné.

Actifs toute l’année, ces mammifères sont fréquemment observés dans les zones riveraines à la recherche de proies de petite ou moyenne taille.

Raton laveur

Les ratons laveurs (Procyon lotor) sont parfois considérés comme des animaux nuisibles, mais en réalité, nous devrions leur accorder le plus grand respect. Ils sont les omnivores par excellence, profitant d’une grande variété de sources alimentaires tout au long de l’année.

Je crois que les ratons laveurs hériteront de la terre lorsque nous en aurons fini avec elle.

Montage photo du raton laveur

Opossum de Virginie

Seul marsupial de l’Ontario, l’opossum de Virginie (Didelphis virginiana) est un membre remarquable de notre biodiversité. Évoluant dans l’hémisphère sud, l’espèce a étendu son territoire vers le nord et occupe maintenant la majeure partie de l’Ontario.

Montage photo de l'opossum

Les opossums de Virginie sont mal équipés pour affronter nos hivers nordiques, portant souvent les signes révélateurs d’une morsure du gel appelée « crispy ear » (oreille croustillante) car leurs oreilles dénudées sont parfois blessées par le froid.

Leur queue préhensile est captée dans l’image au-dessus, et c’est certainement l’une des parties les plus utiles de leur corps.

Castor

Peut-être le mammifère canadien par excellence, le castor (Castor canadensis) a été l’une des premières espèces à commencer à utiliser l’écopassage peu de temps après sa mise en place.

Montage photo du castor

Montage photo du castor

L’entaille sur le côté de la queue de l’un des castors ci-dessus peut être utilisée pour identifier l’animal individuel, similaire aux techniques utilisées pour identifier les pointes de queue chez les baleines.

Écureuil gris et tamia rayé

Plusieurs membres de la famille des écureuils – y compris les écureuils gris en phase noire (Sciurus caroliniensis) — profitent de l’écopassage, passant leurs journées à la recherche de glands et autres graines.

Montage photo de l'écureuil et du tamia rayé

Les tamias rayés (ou suisses) (Tamias striatus) hibernent pendant les périodes les plus froides, et donc leur apparition et leur disparition dans l’écopassage peuvent souvent être les signes avant-coureurs de changements saisonniers.

Lapin à queue blanche

Parfois, j’aimerais que nos lapins à queue blanche (Sylvilagus floridanus) fassent un peu plus de travail en mangeant la végétation qui pousse et bloque la vue de la caméra!

Montage photo du lapin

Les tendances des populations de carnivores comme les coyotes peuvent être conséquentes de l’abondance de cette espèce proie.

Oiseaux

Divers oiseaux empruntent l’écopassage, dont :

  • Merle d’Amérique (Turdus migratorius)
  • Tohi (de l’Est) à flancs roux (Pipilo erythrophthalmus)
  • Pic flamboyant (Colaptes auratus)
  • Geai bleu (Cyanocitta cristata)
  • Quiscale bronzé (Quiscalus quiscula)
  • Paruline masquée (Geothlypis trichas)
  • Cardinal rouge (Cardinalis cardinalis)

Et plusieurs autres espèces.

Montage photo d'oiseaux

Montage photo d'oiseaux

Des dindons sauvages (Meleagris gallopavo) ont été captés ci-dessous, montrant certaines de leurs plumes intéressantes et les éperons distinctifs situés sur leurs chevilles. Ces éperons sont efficaces contre les prédateurs et permettent aux oiseaux d’infliger des blessures mortelles aux serpents, entre autres proies.

Montage photo d'oiseaux

En dernier lieu, l’instantané en bas à gauche montre un canard branchu (Aix sponsa) femelle diligente faisant traverser son groupe de canetons par l’écopassage en toute sécurité sous la chaussée.

Coyote

Canis latrans, le nom scientifique du Coyote, se traduit du latin par « chien qui aboie ». Quiconque a campé à Pinery peut confirmer que les coyotes crient et hurlent la nuit pour tenir les unités familiales groupées.

Étonnamment, ces créatures traversent fréquemment l’écopassage sans hésitation, même si leurs épaules frôlent probablement le plafond.

Rat musqué

À l’instar de leurs grands cousins rongeurs, les castors, les rats musqués n’hésitent pas à emprunter l’écopassage.

Montage photo du rat musqué

Leur appétit féroce pour les quenouilles et autres végétations émergentes en fait des éléments de changement importants dans le canal Old Ausable. Les preuves qu’ils utilisent des aliments granuleux comme le gland que l’on voit dans la bouche de l’un d’entre eux soulignent l’importance et les liens entre les arbres et les mammifères.

Loutre

J’ai travaillé au parc provincial Pinery pendant près de 20 ans et j’ai passé énormément de temps à surveiller le parc.

Pendant tout ce temps, je n’ai connu que deux cas prouvant hors de tout doute que les loutres fréquentent le parc. Une fois au milieu de l’hiver, le personnel a signalé d’étranges traces dans une couche de neige fraîchement déposée tôt le matin. Ces traces se sont avérées être les glissades sur le ventre de deux loutres qui ont parcouru une grande distance à travers le parc, se mettant à courir et à glisser sur le ventre successivement… ça avait l’air amusant!

Une autre fois, je me tenais sur le quai Ooze and Gooze au milieu de l’été, et une loutre nageait comme si elle était maître des lieux.

Montage photo de loutres

Lorsque j’ai examiné un lot de prises de vue de la caméra de l’écopassage et que j’ai trouvé les images étonnantes ci-dessus (notamment l’image finale), c’était comme voir un spectre!

J’ai alors compris que j’ai pu être trompé; malgré des heures et des heures de recherches, elles ont pu glisser pendant que je ne regardais pas.

Souris

Puis voilà la souris.

Disons qu’elle excelle à remplir les cartes mémoire de caméra avec d’innombrables égoportraits! Ses activités ont été captées à un rythme absolument disproportionné.

Montage photo de souris

Attention à la bête

En dernier lieu, voilà la bête de Pinery!

photo de la bête

Gardez l’œil ouvert et signalez toute observation de ce coyote présumé et de tout autre phénomène que vous pourriez rencontrer.

Nous avons besoin de votre aide pour garantir que ce paysage vital reste un foyer pour le plus grand nombre possible de formes de vie!