Un homme portant un chandail orange et des culottes courtes marche sur la promenade à travers une forêt peuplée de grands conifères et d’une sous-végétation luxuriante

Sur les sentiers du parc Esker Lakes

Ce billet est rédigé par Dave Sproule, spécialiste des programmes éducatifs du patrimoine naturel auprès de Parcs Ontario.

Si vous cherchez un nouveau sentier à essayer cet été, le sentier Lonesome Bog du parc provincial Esker Lakes pourrait faire parfaitement l’affaire! Contournant le lac Sauvage et traversant divers habitats, ce sentier d’interprétation de 1,5 km fait découvrir aux visiteurs les écosystèmes de la forêt boréale et d’anciens paysages glaciaires.

Membre du personnel du parc portant des lunettes de soleil et montrant un panneau d’interprétation qui contient de l’information sur le sentier Lonesome Bog

Le sentier Lonesome Bog commence sur une terre aride et traverse un peuplement de pins gris typique de la forêt boréale du parc.

Le pin gris est un arbre adapté au feu. Les feux de forêt sont un phénomène naturel dans la forêt boréale, et les pins gris ont même besoin du feu pour se reproduire. Leurs cônes contiennent des graines qui peuvent y rester pendant aussi longtemps que 20 ans avant d’atterrir sur le sol et de croître. Cependant, pour s’ouvrir, la plupart des cônes ont besoin d’un feu extrêmement chaud. Les cônes s’ouvrent après un feu, et les graines atterrissent sur la terre brûlée – le sol sablonneux ou minéral pierreux qu’ils préfèrent – sans aucune concurrence.

Gros plan sur un cône de pin vert fixé à une branche d’arbre.
Cône de pin vert

Souvent, on retrouve le pin gris dans de grands peuplements, et les arbres sont tous du même âge, les plants ayant germé après un même feu. Bon nombre des pins gris du parc Esker Lakes remontent à un feu de forêt qui a fait rage ici dans les années 1940.

Le sentier longe le lac Saucisse qui, en dépit de son nom, est fort pittoresque.

Petit lac avec un ciel bleu et des nuages se réfléchissant dans l’eau. Haute forêt mixte à gauche et au loin en arrière-plan. Le lac est entouré de végétation basse.
Lac Saucisse

Le sentier Lonesome Bog

Le sentier quitte une terre aride pour emprunter une promenade qui traverse une tourbière à épinettes où vivent quelques plantes très coriaces. La tourbière ressemble à un désert alimentaire où il n’y a pas beaucoup de nutriments pour nourrir les plantes. Celles-ci doivent pouvoir survivre avec beaucoup moins que les plantes vivant dans la forêt, car elles vivent sur un tapis humide de matières végétales en décomposition.

Tourbières ouvertes avec une forêt de conifères en arrière-plan et à droite, sous un ciel gris.
La forêt de pins gris se termine au bord des tourbières ouvertes du parc Lonesome Bog.

Ce milieu peut sembler nutritif pour les plantes, mais la tourbière est très acide. Les aliments sont enfermés, et les plantes ont peine à se nourrir. Pourtant, les plantes s’épanouissent tant bien que mal dans la tourbière grâce à des adaptations et à des stratégies qui les aident dans cet environnement difficile.

La plus grande partie de la surface est recouverte de mousse. La mousse qui pousse dans les tourbières, comme bon nombre des plantes ici, s’est aussi adaptée aux milieux humides et acides se caractérisant par une faible concentration en nutriments. Ici, c’est la sphaigne qui règne.

La sphaigne est une plante intéressante :

  • Elle se reproduit à l’aide de spores, et non pas de graines.
  • Elle n’a pas de racine.
  • Elle a besoin de beaucoup d’eau.
  • Les phytophages ne la mangent pas parce qu’elle est trop acide.
Une mousse douce et rouge, avec des plantes vertes émergeant à travers et autour de celle-ci.
Un épais tapis de sphaigne

Le fabricant de tourbe

La sphaigne produit aussi de la tourbe. En poussant, elle se développe en un épais tapis. Et puisque la sphaigne n’a pas de racine, la partie verte (ou rouge) de la plante qui capte la lumière du soleil capte également des nutriments provenant généralement de l’eau de pluie.

Les plantes doivent demeurer au-dessus du tapis, près de la lumière, poussant par-dessus les plantes mortes et le matériel végétal qui deviennent les couches inférieures. Ces couches s’accumulent au fil des ans et sont comprimées par le poids des couches supérieures.

Une mousse spongieuse jaune avec de l’herbe brune et trois baies rouges visibles poussant à travers la mousse.
Canneberges de tourbière poussant dans de la sphaigne

Le thé du Labrador est un arbuste à fleurs qui colonise la tourbière

Pour ménager de précieuses ressources, le thé du Labrador conserve ses feuilles durant l’hiver au lieu de les perdre. Cela aide la plante à survivre, puisqu’elle n’a pas à trouver de nutriments pour faire pousser d’autres feuilles chaque année. Pour se protéger contre la déshydratation durant la froide saison hivernale, chaque feuille a une surface cireuse robuste et une couche de « poils » bruns sur sa face inférieure.

Bande assez large de thé du Labrador, certaines feuilles ayant des bourgeons rose vif.
Thé du Labrador en fleur

Les épinettes noires sont les premiers arbres à envahir la tourbière

Contrairement à bien des arbres, l’épinette noire peut tolérer des milieux humides et acides. Les arbres peuvent aussi se cloner et s’étendre dans la tourbière en produisant des rejets de souches.

Les épinettes noires peuvent s’accommoder d’une plus faible quantité de nutriments, mais les champignons les aident, ainsi que les arbustes comme le thé du Labrador et d’autres plantes, à pallier le manque de nourriture. Les champignons se lient aux racines des plantes et les aident à absorber d’importants nutriments, dont l’azote.

Un homme portant un chandail orange et des culottes courtes marche sur la promenade à travers une forêt peuplée de grands conifères et d’une sous-végétation luxuriante.
Sentier Lonesome Bog – la promenade traverse une forêt humide d’épinettes noires

Des signes d’une activité humaine historique sont dissimulés au centre de la tourbière

Le long de la randonnée, le sentier traverse un « chemin de rondins » où, dans les années 1940, des billes de pin gris ont été déposées pour traverser la tourbière et atteindre la mine d’or Iris. De par sa géologie, la région de Kirkland Lake est l’une des régions d’exploitation aurifère les plus riches du monde.

Des bûcherons coupent également du bois pour étayer les puits de mine, et des souches se trouvent plus loin où le sentier redevient une terre aride. Les billes qui constituent le chemin de rondins sont comme des îlots qui ont été colonisés par de nombreuses plantes de marais, et elles deviennent, lentement mais sûrement, une partie de la tourbière.

Des plantes carnivores!

Certaines plantes ont élaboré une étonnante stratégie pour s’alimenter davantage – elles sont carnivores! Mais n’ayez crainte… elles ne mangent que des insectes! Ces plantes peuvent survivre au milieu acide des tourbières en tirant des nutriments (particulièrement l’azote) des insectes qu’elles emprisonnent.

Gros plan sur le cornet d’une sarracénie pourpre, à côté d’une autre photo de la plante au complet, avec un seul sujet arborant un bourgeon jaune et orange au haut.
Sarracénie pourpre

Certaines feuilles des sarracénies pourpres prennent la forme d’un cornet au fond duquel l’eau s’accumule. Le cornet dégage une odeur attrayante pour les insectes qui se posent sur le pourtour pour mieux voir.

Des motifs ultraviolets dirigent également les insectes vers le pourtour et, une fois qu’ils sont dans le cornet, des poils pointant vers le bas veillent à ce qu’ils continuent d’avancer. La feuille devient glissante, et les insectes tombent dans l’eau. L’eau contenue dans le cornet renferme des enzymes digestifs qui aident la plante à absorber les nutriments de l’insecte.

Un ancien paysage glaciaire

Un vaste glacier continental a recouvert presque tout le Canada pendant des milliers et des milliers d’années. Lorsqu’il a commencé à fondre dans cette région il y a près de 10 000 ans, il a laissé derrière d’énormes morceaux de glace enfouis sous le sable et le gravier se dégageant du glacier.

Petit lac avec une forêt de grands conifères à droite et à gauche de la photo, et une forêt de conifères plus courts et plus clairsemés en arrière-plan. Le lac est entouré de végétation basse.
La vue donnant sur le lac Saucisse comprend des forêts de pins gris et une tourbière à épinettes noires

Le parc Esker Lakes repose sur le lit de ce qui a été autrefois une large rivière glaciaire s’écoulant à travers la glace glaciaire. Faisant plus de 250 km, c’est l’esker le plus long en Ontario. La rivière a facilité l’enfouissement des blocs de glace glaciaire, lesquels ont fondu très lentement en conservant leur forme.

Les dépressions appelées marmite de géants sont remplies d’eau provenant de la glace fondue et sont maintenues grâce aux sources et aux eaux souterraines. Les lacs et les terres humides laissées derrière font du parc Esker Lakes une étonnante zone lacustre de la forêt boréale.

Vue satellite du parc provincial Esker Lakes montrant plusieurs lacs qui forment une ligne à travers le parc.
Une chaîne de lacs de kettle du parc Esker Lakes repose sur l’esker Munro, un lit de rivière glaciaire âgé de 10 000 ans

En quittant la tourbière arborée, le sentier pénètre à nouveau dans la forêt

Les sapins baumiers ici ont une écorce grise bosselée qui est collante en raison de la sève qui coule à certains endroits. Les bosses sont des cloques contenant de la sève. La sève peut aider l’arbre à se défendre contre les envahisseurs comme les coléoptères « xylophages » – le  coléoptère perce un trou dans l’écorce et est recouvert de substance visqueuse et collante. La sève durcit par la suite et aide à sceller la blessure dans l’arbre.

Les glaciers ne sont pas propres

Un énorme rocher repose dans le peuplement de sapins baumiers. Le rocher est une autre marque de l’ère glaciaire. Les glaciers ne sont pas propres. Seule la nouvelle neige sur le dessus est propre et blanche. Le reste est rempli de gravillons, de gravier et de roches que la glace ramasse en flottant.

Un randonneur portant un gilet orange et des culottes courtes regarde un panneau d’interprétation situé à côté d’un chemin dans la forêt de sapins baumiers. En avant-plan, juste à côté du sentier, se trouve un rocher qui est environ de la même hauteur que le randonneur et qui est au moins deux fois plus large que le sentier.
Un énorme rocher « erratique » repose sur le bord du sentier dans un peuplement de sapins baumiers

Ce rocher, appelé bloc erratique, a peut-être parcouru des centaines de kilomètres au nord d’ici (ou même plus loin), figé dans les glaces du glacier qui se déplacent lentement. Lorsque le glacier a commencé à fondre il y a environ 10 000 ans, tout le sable, tout le gravier et toutes les roches ont été déposés sur le substratum rocheux, laissant un paysage vallonné qui serait par la suite colonisé par la forêt.

Le parc Esker Lakes est un parc familial paisible avec un terrain de camping offrant tous les  services :

  • Emplacements de camping avec électricité (65 des 103 emplacements de camping du parc ont de l’électricité)
  • Deux blocs sanitaires avec douches chaudes, toilettes à chasse d’eau et laverie
  • Deux plages sablonneuses et une plage pour chiens
  • Location de canoës et de kayaks

La plupart des lacs du parc ont été ensemencés avec de la truite, et certains lacs contiennent également du brochet et de la perche. Le parc Esker Lakes est propice à l’observation des oiseaux – de nombreuses espèces de parulines y sont en vedette. Plusieurs autres sentiers serpentent les forêts du parc, et des portages relient un bon nombre des lacs du parc, deux sites de camping étant accessibles en canoë.

Visitez le parc provincial Esker Lakes cet été et empruntez le sentier Lonesome Bog!