Au-delà de la plage : les 35 ans de carrière d’une naturaliste à Sandbanks

Le billet d’aujourd’hui nous vient d’Yvette Bree. Yvette est la naturaliste du parc provincial Sandbanks depuis 35 ans et elle prend sa retraite à la fin du mois d’août de cette année.

1986. Une année gravée à jamais dans ma mémoire.

L’année où j’ai obtenu un baccalauréat en études de l’environnement avec option en gestion des ressources à l’Université de Waterloo.

L’année où j’ai épousé mon petit ami de l’école secondaire (on se débrouille toujours aussi bien).

Et l’année où j’ai obtenu mon premier emploi à Parcs Ontario.

Mes débuts au lac Supérieur

Je voulais désespérément devenir naturaliste dans un parc. Bien que nous vivions à Kingston à l’époque, j’ai postulé partout.

Mon mari, un géologue, était également à la recherche d’un emploi. Le destin a voulu que nous obtenions tous deux des emplois qui ont débuté environ un mois après notre mariage.

Il est allé au Yukon, et j’ai commencé ma carrière avec Parcs Ontario au parc provincial du Lac-Supérieur.

une employée au bureau

Situation personnelle mise à part, j’étais accrochée. Le Lac-Supérieur était la raison pour laquelle j’ai choisi ma carrière : une vaste étendue sauvage, la faune, les sentiers de randonnée pédestre, la camaraderie du personnel, l’histoire. Ce parc avait tout ce qu’il fallait.

J’ai fait de gros efforts, j’ai beaucoup appris, j’ai fait des erreurs et j’ai vaincu ma peur de parler en public. J’adorais le parc – et je l’aime toujours! Le seul problème était qu’il était si loin de mes amis et de ma famille.

Puisque je n’avais été embauchée que 16 semaines plus tôt, à la fin de mon contrat, je suis rentrée chez moi. Je suis devenue serveuse et j’ai commencé à chercher une nouvelle possibilité d’emploi liée aux parcs.

Maintenant une naturaliste des parcs!

J’ai participé à plusieurs entretiens d’embauche ce printemps-là. Je commençais tout juste à perdre espoir lorsque j’ai reçu l’appel à la fin du mois de mai.

J’avais postulé pour des postes de naturaliste adjointe, pensant que c’était la prochaine étape logique. Mais dans un exemple de « bon endroit au bon moment », j’ai été embauchée comme naturaliste des parcs au parc provincial Sandbanks en 1987.

une employée à l’amphithéâtre

Je n’étais jamais allée au parc provincial Sandbanks et j’ai dû le trouver sur une carte géographique avant mon premier jour de travail.

Je me sentais sous-qualifiée et j’ai lu tout ce qu’on m’avait donné. À part une visite des terrains de camping et des installations du parc, je ne suis pas sortie de mon bureau pendant les premières semaines.

D’autres employés du parc m’ont expliqué à quel point le parc était occupé et m’ont parlé de sa magnifique plage. J’ai rencontré mes deux assistants et finalement, mes quatre étudiants d’été.

L’été est arrivé et c’était un tourbillon d’horaires, de programmes, de campeurs et de baigneurs.

Au bout du compte, le parc a battu un record de fréquentation – 324 000 visiteurs ont fréquenté le parc cet été-là.

Quel endroit achalandé comparativement au Lac-Supérieur!

Plus qu’une simple plage

Je n’ai jamais été très folle de la plage et je n’arrivais pas à croire à la popularité du parc.

C’était pourtant mon pied dans la porte. J’étais déterminée à passer trois ans ici pour acquérir de l’expérience avant d’aller dans un parc qui était mieux adapté à mon style.

une employée menant le programme Découverte

À la fin de l’été, j’ai enfin eu le temps de me promener sur la barre du lac West avec ces « grandes dunes » dont j’avais parlé tout l’été lors des programmes.

Les mots ne pourront jamais décrire ce que j’ai ressenti en marchant dans cet habitat rare. J’écoutais les vagues et les oiseaux, je sentais l’odeur du parc, j’identifiais des plantes que je n’avais observées nulle part ailleurs, je voyais l’histoire devant moi sous la forme de cèdres majestueux (bien que morts), je marchais pieds nus au bord de l’eau avec du sable entre les orteils…

Ce parc n’était pas seulement une plage; c’était – c’est – un bijou provincial.

Arbre sur une dune.

À ce jour, lorsque le rythme frénétique du parc m’épuise, je peux trouver mon propre espace privé et tranquille dans ces dunes et me rappeler pourquoi je ne suis pas partie après trois ans.

Nous voici en 2021

Il est difficile de croire que plus de 35 ans se sont écoulés.

Sandbanks a changé. J’ai changé.

une employée au kiosque

Deux terrains de camping (Woodlands et lac West) ont été ajoutés, offrant plus de sites avec électricité. Il y a six sentiers au lieu d’un seul à l’origine. L’entrée principale n’est plus là où elle était. Nous avons ajouté l’aire de fréquentation diurne de la plage Dunes et des blocs sanitaires dans les terrains de camping. La liste est longue.

De nos jours, il est courant d’accueillir plus de 800 000 visiteurs par année.

Yvette sur le terrain

Au début, il y avait des programmes d’interprétation à présenter, un centre d’accueil à gérer et, à l’occasion, un guide des sentiers à rédiger.

Nous nous appelions Services aux visiteurs – SV, un nom qui est par la suite devenu Programme éducatif du patrimoine naturel (PEPN), et plus récemment, le programme Découverte.

Au fil du temps, mon service a pris de l’ampleur et a pris part à la gestion des ressources, aux guides et panneaux d’interprétation à usage personnel, aux médias sociaux et aux possibilités d’éducation en plein air pour les écoles.

Nous avons mis sur pied des événements spéciaux comme la journée Lakeshore Lodge et le Théâtre dans le parc. Bien que je sois restée au même poste, je suis passée du titre de responsable des services aux visiteurs à celui de naturaliste en chef du parc.

Impacts écologiques et éducatifs

une employée tenant un cerf

Au cours des 35 dernières années, j’ai présenté des centaines de programmes d’interprétation à des milliers de visiteurs du parc, expliquant la signification du parc provincial Sandbanks et l’importance de le protéger.

J’espère que l’on repart avec ces messages environnementaux et qu’on les met en pratique également.

J’ai aimé travailler avec mes employés, dont la plupart étaient des élèves du secondaire, du collège ou de l’université.

Certains acquéraient de l’expérience en vue d’une carrière dans un domaine connexe, et quelques-uns ont changé de voie professionnelle après avoir travaillé ici pour devenir eux-mêmes enseignants et naturalistes.

Bon nombre étaient simplement à la recherche d’un emploi d’été, mais j’espère les avoir tous incités à respecter l’environnement et à encourager les autres à en faire de même.

Aller de l’avant

Alors que ma carrière à Parcs Ontario tire à sa fin, je peux contempler ce qui a été accompli et ce qui reste à accomplir.

une employée coupant la végétation

Il y a toujours plus à faire, de nouveaux projets sur lesquels travailler, de nouveaux employés à inspirer. Il y a de bonnes personnes – de formidables personnes – qui travaillent sur le programme Découverte avec moi.

Je n’ai aucun doute que mon parc sera entre de bonnes mains lorsque je prendrai ma retraite.

Merci aux campeurs que j’ai reconnus d’année en année dans le cadre de mes programmes – j’ai apprécié nos conversations.

Merci au personnel du parc qui a soutenu les projets du programme Découverte.

Merci aux Friends of Sandbanks qui ont soutenu nombre de nos projets.

Et enfin, merci aux nombreux, nombreux membres du personnel de SV/PEPN/Découverte avec lesquels j’ai eu le plaisir et le privilège indéniables de travailler.

Au plaisir de vous revoir.


Yvette Bree a fait partie intégrante du programme Découverte du parc provincial Sandbanks et du fonctionnement quotidien du parc. Elle a inspiré d’innombrables jeunes élèves et visiteurs à apprécier les espaces naturels de l’Ontario.

Merci, Yvette! Vous nous manquerez beaucoup.