Observer les oiseaux en hiver – un défi

Le billet d’aujourd’hui a été rédigé par Justin Peter, qui a été un spécialiste des programmes éducatifs du patrimoine naturel au parc provincial Algonquin de 2006 à 2013. Actuellement organisateur de voyages professionnel, Justin est un explorateur  passionné de la région et du monde qui cherche des oiseaux partout où il va. 

Il serait tentant de dire que l’hiver n’est pas la meilleure période de l’année pour l’observation des oiseaux dans les parcs de l’Ontario. Nombre d’espèces sont parties pour le sud. Nous hésitons à nous aventurer dans le froid.

Mais la quiétude de nos parcs dépouillés de leurs feuilles pendant l’hiver offre un excellent et rare défi de sensibilisation à l’environnement.

Prêt à relever le défi? Voici quelques oiseaux ( et indices de leur présence) que vous pouvez essayer de découvrir cet hiver :

Gélinottes en équilibre précaire

Trois espèces de phasianidés habitent en Ontario. Pendant l’été, vous verrez généralement ces oiseaux ressemblant à des poulets se nourrir au sol. En hiver cependant, on les trouve plutôt perchés dans les arbres.  Malgré leur silhouette potelée, ils sont parfaitement capables de se nourrir tout en gardant leur équilibre, même sur les rameaux les plus fins.

La gélinotte huppée est le plus cosmopolite des phasianidés et vous avez de très bonnes chances d’en apercevoir une (ou même un groupe d’entre elles) dans une forêt peuplée d’un bon nombre de bouleaux blancs ou de peupliers faux-trembles.  Les gélinottes se nourrissent dans les parties hautes des arbres de chatons (fleurs non ouvertes) ou de bourgeons, nullement dérangées par votre présence.

Mais il y a un hic : il est possible de passer à côté sans les voir parce qu’elles ne font aucun bruit!

Gélinotte huppée
La gélinotte huppée peut échapper aux regards car elle se nourrit au sommet de la canopée (photo : Deb Carter).

Si vous voulez parvenir à les repérer, c’est une bonne idée de regarder en l’air lorsque vous parcourez un habitat qui leur convient.

Un moyen infaillible de savoir s’il y a des gélinottes huppées dans le secteur est de chercher leurs traces dans la neige au sol. Soyez à l’affut de trois doigts pointant vers l’avant, chaque empreinte mesurant environ 2 pouces de long.

grouse tracks

Dans les zones où dominent les épinettes et les pins gris, guettez la présence du tétras du Canada, tout aussi silencieux, en train de se nourrir d’aiguilles de conifères dans les branches les plus élevées des arbres.

Un nid très particulier

L’hiver est une excellente période pour repérer et étudier les nids d’oiseaux, et le nid abandonné du viréo aux yeux rouges est peut-être le plus reconnaissable de tous!

Nid de viréo aux yeux rouges
Les nids de viréos aux yeux rouges sont parmi les plus faciles repérer et à identifier en hiver dans une forêt de feuillus (photo : Seabrooke Leckie)

Le nid, tissé serré, mesure environ 5 cm de large par 5 cm de profondeur et est généralement suspendu à une branche fourchue formant un «Y» horizontal à parfois seulement trois pied du sol. L’extérieur de la partie renflée du nid est habituellement garnie de bandes d’écorce de bouleau blanc ou d’une autre matière pâle qui y sont fixées.

Red-eyed Vireo

Vous trouverez souvent le nid à côté d’un sentier ou à l’orée d’une forêt. Une nid tout pareil construit dans un conifère pourrait appartenir au cousin du viréo aux yeux rouges, le viréo à tête bleue.

Inutile cependant d’attendre le retour des constructeurs du nid. Les viréos aux yeux rouges sont partis depuis longtemps, car ils passent l’hiver en Amérique du Sud.

Le pic, bruyant et flamboyant

Avec sa crête rouge voyante, le grand pic, qui a la grosseur d’une corneille, est indubitablement de tous les pics de l’Ontario le plus spectaculaire et le plus évident à identifier. Les couples défendent leurs territoires qu’ils occupent toute l’année dans les forêts de feuillus et les forêts mixtes matures.

Pileated woodpecker

Bien que leurs territoires soient grands, ils trahissent souvent leur présence à de grandes distances par leur cri sonore d’une grande portée : yak-yak-yak-yak-yak-yak-yak. Ils crient plus fréquemment à l’approche du printemps et vous aurez peut-être plus de chance de les entendre quand la journée est avancée.

Même si vous n’entendez aucun grand pic, les cavités rectangulaires, qu’ils creusent dans des arbres morts ou des arbres infestés de fourmis charpentières pour se nourrir, sont révélatrices de leur présence. Certaines de ces cavités peuvent avoir quelques mètres de long!

Cavités creusées par des grands pics
Le grand pic creuse de profondes cavités rectangulaires pour trouver des insectes xylophages qui se trouvent à l’intérieur (photo : Justin Peter).

Des copeaux de bois frais sur la neige vous indiqueront que ces cavités sont récentes. Comme un oiseau peut revenir plusieurs fois au même arbre, même s’il n’y en a aucun sur un arbre récemment foré lors de votre visite, vous pourrez peut-être en voir plus tard à ce même endroit.

Le grand pic est un oiseau assez peu farouche et il vous laissera peut-être l’observer si vous vous tenez à quelques mètres. Si vous apercevez un pic à l’œuvre et doutez de pouvoir l’approcher doucement et silencieusement, contentez-vous de regarder d’où vous êtes les copeaux de bois voler partout. 

La mésange à tête brune

Presque tout le monde est familier de la mésange à tête brune ainsi que la mésange à tête noire, ce petit oiseau peu craintif qui s’approche souvent de nous, espérant un goûter gratuit et lançant son cri clair et bien connu : tchik-a-di-di-di.

Mais avez-vous déjà entendu la version de la mésange à tête brune?

Cet oiseau est le cousin plus farouche de la mésange à tête noire.

Boreal chickadee
Photo : Justin Peter

Se confinant pratiquement aux habitats dominés par les épinettes, vous n’avez pratiquement aucune chance de l’observer dans les parcs les plus au sud, mais vous pourriez l’apercevoir dans le parc provincial Algonquin et au nord du parc. La mésange à tête brune émet un tsik-a-dé-dé nasillard très reconnaissable qui sera peut-être la première chose qui vous permettra de détecter sa présence.

Si vous vous trouvez dans une forêt dominée par les épinettes et que vous rencontrez un groupe de mésanges à tête noire, ça vaut la peine de regarder si parmi elles ne se trouverait pas une mésange à tête brune silencieuse. Il peut être difficile de réussir à bien voir un de ces oiseaux, mais vous apprécierez les nuances variées de brun et de gris de cette humble mésange.

Êtes-vous prêt à relever le défi de l’observation des oiseaux en hiver?

Nous vous conseillons vivement d’utiliser des jumelles conçues spécifiquement pour l’observation des oiseaux, avec un grossissement de 8 x 42. Portées avec un harnais spécial bon marché, elles seront un complément apprécié lors d’une randonnée à skis, en raquettes ou à pied.

Participez à un atelier ou une randonnée guidée d’observation des oiseaux en hiver