Libellules et demoiselles : les belles de nos eaux

Au cours de l’été 2015, plusieurs projets de recherche ont été entrepris dans le parc provincial Murphys Point, mais l’un d’entre eux a particulièrement attiré l’attention tant des employés que du public.

On a pu apercevoir des employés du parc dirigés par l’experte bénévole Bev Edwards, munis de filets à long manche et de l’eau jusqu’aux cuisses, patauger dans des étangs vernaux, des ruisseaux et des lacs du parc.

Que pouvaient-ils bien être en train de faire?

Ils recherchaient des odonates (que la plupart d’entre nous appelons libellules ou demoiselles).

Bev surveying for dragonfliesLes libellules filent comme des flèches dans les terres humides avec une agilité que bien peu d’autres bestioles peuvent égaler, et c’était donc parfois assez drôle d’observer Bev et ses nombreux bénévoles essayer acrobatiquement (et parfois moins acrobatiquement) de les attraper pour les identifier.

Bev a commencé à parcourir le parc à la fin du mois de mai et pendant l’été elle a visité six sites principaux (cinq fois chacun), ainsi que plusieurs zones secondaires, pour un total de 68 visites!

Selon le dernier inventaire, le parc comptait 62 espèces d’odonates. Bev a été en mesure d’ajouter neuf espèces à cette liste, un nombre fort honorable.

C’est indubitablement très impressionnant. Mais je crois vous entendre demander : « Est-ce bien utile? »

Eh bien, plusieurs (sept en fait) des 71 espèces répertoriées dans le parc sont considérées comme soit « vulnérables » soit « en danger » selon le Centre d’information sur le patrimoine naturel (CIPN) de l’Ontario.

Je  le redis : sept espèces en péril!

Autrement dit, 10 % de nos libellules et de nos demoiselles ont besoin d’aide.

Green Darner dragonfly

Malheureusement, le phénomène n’est pas limité au parc. Les odonates ne sont pas uniquement menacés en Ontario, mais également dans des régions plus éloignées. C’est pourquoi des études comme celles-ci sont essentielles pour nous permettre de comprendre la répartition et les préférences en matière d’habitat des populations de libellules et de demoiselles.

L’étude des odonates fournit non seulement des données scientifiques importantes, mais constitue également un passe-temps passionnant (et vous n’avez pas nécessairement besoin de vous mouiller!)

Il suffit d’un filet, d’un guide pratique et d’une loupe pour pouvoir étudier les libellules et les demoiselles presque n’importe où. Ajoutez des jumelles et un appareil-photo, et vous voilà parfaitement équipé.

Plusieurs de nos employés sont maintenant des passionnés et vont à la recherche de nos belles pendant leurs loisirs. En fait, le seul signalement en 2015 d’un æschne à tubercules provient de la maison des employés, où un « essaim » d’aeshnes de diverses espèces a été vu sur la pelouse devant la maison.

Le travail de Bev a servi de point de départ et nous sommes maintenant en mesure de faire le suivi des tendances des populations et d’en apprendre davantage sur les besoins en matière d’habitat des diverses espèces. Nous avons été fascinés d’apprendre que des espèces préfèrent les cours d’eau, d’autres les lacs. Certaines adorent le soleil, d’autres recherchent l’ombre. Il existe même des espèces qui migrent vers le sud comme les oiseaux à l’approche de l’automne!

Pour d’autres faits intéressants sur les libellules, cliquez ici.

dragonfly

Il a été également intéressant d’apprendre que des mesures de prévention simples comme la réduction de l’usage des pesticides ou le respect des habitats le long des rives pouvaient contribuer grandement à préserver nombre de nos espèces en voie de disparition.

Pourquoi est-il si important d’étudier et de protéger nos odonates?

Les odonates sont d’important prédateurs dans les écosystèmes tant terrestres qu’aquatiques. Les adultes et les larves se nourrissent d’un vaste éventail d’insectes, notamment de moustiques et d’autres insectes piqueurs. Les larves, quant à elles, sont convoitées par les poissons et les amphibiens, tandis que les adultes sont la proie de divers oiseaux comme le tyran tritri. (Par ailleurs, le faucon hobereau, une espèce eurasienne, se spécialise dans la capture des libellules.)

Les larves sont également des indicateurs de la santé de l’écosystème, différentes espèces possédant divers degrés de tolérance à la pollution.

Vous aimeriez en apprendre davantage sur la façon de protéger ces incroyables insectes? Visitez le centre d’accueil de Murphys Point  et bavardez avec un des employés.

Vous habitez loin de Murphys Point, mais souhaitez tout de même apporter votre pierre à la connaissance des libellules? Signalez vos observations à OdonataCentral.