Vue de Mars

Les yeux vers Mars

Saviez-vous que nous pouvons observer les détails de la surface de Mars même avec un petit télescope?

Durant la plus grande partie du mois d’octobre 2020, Mars se lève au coucher du soleil et se couche au lever du soleil. Nettement rosâtre, il s’agit actuellement (après le soleil et la lune) de l’objet le plus brillant dans le ciel!

L’orbite de Mars est pour ainsi dire elliptique (en forme d’œuf), ce qui signifie que tous les deux ans environ, la planète se rapproche de la Terre et paraît à la fois plus lumineuse et plus grande vue à travers un télescope.

Certaines de ces approches rapprochées sont mieux que d’autres. Cette année, le 6 octobre, Mars est plus près de nous qu’elle ne le sera au cours des 15 prochaines années. Alors, sortez pour observer les planètes dans l’air vif de l’automne!

Le paysage martien

Mars présente plusieurs caractéristiques intéressantes, dont des calottes polaires, des volcans massifs et un canyon d’une incroyable grandeur.

Section d’un corps céleste sphérique avec une surface brun rougeâtre et une grande section de blanc
Calotte polaire de Mars : NASA/JPS-Caltech/MSSS

Bien qu’elle soit beaucoup plus petite que la Terre, Mars traverse les saisons en raison de l’inclinaison de son axe de rotation (similaire à celui de la Terre), ce qui signifie que les deux calottes polaires de Mars croissent et rétrécissent selon que la température est plus chaude ou plus froide dans cet hémisphère.

Bien qu’ils soient inactifs aujourd’hui, de très grands volcans se dressent sur Mars. Olympus Mons, le plus grand d’entre eux, est presque trois fois plus haut que le mont Everest et mesure environ 400 km de large (à peu près la distance d’Ottawa à Toronto!).

Section d’un corps céleste sphérique dans l’espace avec une surface de couleur beige et une protrusion d’un brun plus foncé
Olympus Mons : NASA/JPL

Mars possède le plus vaste système de canyons et de vallées que nous ayons observé sur tout objet dans notre système solaire. Connu sous le nom de Valles Marineris ou vallée de Mariner (d’après le nom de la sonde spatiale Mariner 9 qui l’a découverte), ce canyon s’étend sur plus de 4 000 km sur la surface de la planète. Le Grand Canyon disparaîtrait dans l’un des petits affluents en bas à gauche de l’image ci-dessous.

Surface d’une couleur rouille profond avec une longue formation texturée
Valles Merineris : NASA/JPL-Caltech/Arizona State University

Un regard sur Mars

Les trois images précédentes ont toutes été prises par un engin spatial survolant la planète et ne sont pas celles que vous verriez dans un télescope.

Depuis des télescopes terrestres de format moyen – comme le télescope de 16 po dans le laboratoire Kchi Waasa Debaabing (G-CHEH WAH-suh De-BAH-bing), ce qui signifie « Voir très loin (aussi loin que les yeux puissent voir) ») au parc provincial Killarney – la vue est assez différente, mais néanmoins intéressante.

De nos jours, les astronomes utilisent une technique appelée imagerie aléatoire pour obtenir des images des planètes qui nous auraient semblé impossibles il y a seulement vingt ans.

En prenant des vidéos à haute vitesse (comme celle ci-dessus), des milliers d’images sont saisies.

En éliminant les images plus floues, les astronomes peuvent empiler et aligner ensemble les images les plus nettes et compenser pour la rotation de la planète pour produire une image finale nette comme celle ci-dessous :

Vue de Mars
Cliquer pour agrandir

Mars, telle qu’elle a été observée par Maggie Roque, une leader du programme Découverte au parc provincial Killarney, le matin du 23 septembre 2020 avec un télescope de 16 po installé à l’observatoire Kchi Waasa Debaabing (G-CHEH WAH-suh De-BAH-bing), ce qui signifie « Voir très loin (aussi loin que les yeux peuvent voir) ». Les images d’Olympus Mons, de la calotte polaire nordique et de Valles Marineris proviennent de la NASA et de l’Agence spatiale européenne.

Photo étiquetée de Mars

Signes de vie intelligente?

Dans les années 1800, l’astronome Giovanni Schiaparelli pensait qu’il voyait des « chenaux » à travers son télescope. Le mot « chenaux » en italien est « canali » qui, s’il est mal traduit, pourrait être interprété comme signifiant « canaux ».

La différence est importante dans la mesure où l’on peut supposer que la première  interprétation (chenaux) fait référence à des formations naturelles alors que la dernière interprétation (canaux) sous-entend une vie intelligente et des techniques de construction.

C’est cette dernière interprétation que Percival Lowell a retenue, ce qui l’a amené à conclure à une preuve de vie intelligente.

Une grande partie de la littérature et du cinéma de science-fiction a été fondée sur la croyance aux martiens en raison des premières observations et interprétations. Nous savons maintenant que Mars est un paysage aride qui contient beaucoup d’eau sous forme de glace (dans les calottes polaires et souterraines) et peut-être que dans un passé lointain, la planète était couverte d’océans d’eau liquide.

Suivre le courant

Actuellement, un des sujets brûlants dans l’étude de Mars est le rôle que l’eau vive peut avoir joué dans le développement de la géographie de Mars.

Bien entendu, s’il y a eu présence d’eau liquide en grande quantité par le passé, il pourrait être plus probable que la vie s’y soit développée ou qu’elle y ait même prospéré.

À vrai dire, de nombreuses images montrent ce qui semble être les résultats de l’érosion de rivières, de ravines et de lits de lacs asséchés.

Mars
Photo : ESA/DLR/FU

Cependant, dans un récent article publié dans Nature Geoscience1, une équipe de chercheurs américains et canadiens insinuent que la plupart de ces caractéristiques que l’on retrouve dans les hautes terres du sud de Mars ressemblent aux formations que l’on retrouve dans le Grand Nord canadien et qu’elles puissent avoir été causées de la même manière; l’érosion résulte de l’activité glaciaire ou sous-glaciaire, plutôt que de l’eau.

Cela jetterait un froid sur l’idée selon laquelle Mars a peut-être regorgé d’eau dans le passé.

Ce n’est qu’en continuant d’explorer la planète avec un engin spatial robotisé et des explorateurs humains que nous trouverons probablement enfin une réponse à cette fascinante question, à savoir si la Terre est la seule planète qui abrite la vie dans notre système solaire.

Si vous êtes fervent d’astronomie, ne manquez pas notre série mensuelle Les yeux vers le ciel!


[1] Grau Galofre, Anna et Jellinek, Mark et Osinski, Gordon. (2020). « Valley formation on early Mars by subglacial and fluvial erosion. » Nature Geoscience. 10.1038/s41561-020-0618-x.