Les yeux vers le ciel – mai 2017

Bienvenue à la série « Les yeux vers le ciel » de Parcs Ontario. Cet espace (<– vous voyez ce que nous avons fait là?) couvrira un vaste éventail de sujets astronomiques, et particulièrement ce qu’on peut voir dans les ciels purs de nos parcs provinciaux.

Le printemps commence « techniquement » en mars, mais la plupart d’entre nous, qui vivons dans des climats froids, avons tendance à considérer que mai marque le véritable début de la saison.

Les lacs dégèlent et il est possible de pagayer de nouveau, et le chant des oiseaux migrateurs se fait entendre partout. Si l’on reste debout après la tombée de la nuit, on peut contempler les splendeurs du ciel nocturne tout en écoutant l’agréable sérénade du chœur des rainettes crucifères.

Voici nos faits saillants astronomiques en mai 2017 :

La lune

La plupart des gens apprécient le magnifique rouge d’un lever ou d’un coucher de soleil, mais peu nombreux sont ceux qui remarquent un lever ou un coucher de lune. Comme le montre cette photo, la lune peut rougir si on la voit à travers l’atmosphère plus épaisse lorsqu’on regarde vers l’horizon (il en sera davantage question dans le numéro de juin de Les yeux vers le ciel).

moon

La lune est notre plus proche voisin dans l’espace, et on croit actuellement qu’elle est le vestige d’une collision entre la Terre et un objet plus petit, de la taille de Mars, qui s’est produite tôt dans l’histoire de notre système solaire. L’explosion qui en a résulté aurait projeté beaucoup de débris dans l’espace, formant peut-être un anneau rocheux autour de la jeune Terre. Avec le temps, la matière de l’anneau se serait regroupée pour constituer la lune que nous pouvons voir aujourd’hui.

La lune a dû se former assez proche de la Terre, mais elle s’en est éloignée lentement avec le temps. Par ailleurs, la vitesse de rotation de la lune s’est considérablement réduite, et il y a synchronisation entre sa rotation et sa révolution autour de la Terre. La vitesse de rotation de la lune est égale à celle de sa révolution, et c’est cette dernière qui détermine le temps qui sépare ses phases.

lunar phases

Les phases de la lune en mai sont les suivantes :

  • Premier quartier le 3 mai
  • Lune gibbeuse croissante le 6 mai
  • Pleine lune le 10 mai
  • Lune gibbeuse décroissante le 14 mai
  • Dernier quartier le 18 mai
  • Dernier croissant le 21 mai
  • Nouvelle lune le 25 mai
  • Premier croissant le 30 mai

Les planètes

Mercure, Vénus et Mars ont disparu du ciel, et il nous reste maintenant Jupiter, qui se trouve très haut au sud-est au coucher du soleil, et qui est visible dans le ciel presque toute la nuit en mai.

jupiter

Jupiter est de loin le plus grosse planète de notre système solaire. Son diamètre étant d’un peu plus de 140 000 km, on pourrait en fait placer toutes les autres planètes à l’intérieur de la masse considérable de Jupiter. Et, si on  devait évider Jupiter (comme une citrouille), on pourrait y mettre plus de 1000 Terres!

Jupiter est la vedette d’une catégorie de planètes connues sous le nom de « géantes gazeuses ». Ces planètes ont quatre choses principales en commun. Elles sont toutes :

  • beaucoup plus grosses que la Terre
  • pourvues de nombreux satellites (lunes) – Jupiter en avait 67 aux dernières nouvelles
  • surtout constituées de gaz
  • situées dans la partie extérieure de notre système solaire

Pour ce qui est de Jupiter, en dépit de sa taille et de son volume considérables, cette planète a la vitesse de rotation la plus élevée. Alors qu’un jour sur la Terre dure 24 heures, celui de Jupiter dure un peu moins de 10 heures. Cette vitesse de rotation élevée, alliée à la composition gazeuse de la planète, fait que l’atmosphère de Jupiter forme des dessins étonnants : ceintures, tourbillons, remous et au moins une tache rouge géante que l’on voit depuis plus de 300 ans. La « Tache rouge » (en bas à gauche sur la photo ci-dessus) est une zone de hautes pressions intenses (en quelque sorte, le contraire d’un ouragan) appelée « perturbation anticyclonique ». L’intérieur de la seule Tache rouge pourrait accueillir de deux à trois Terres.

Jupiter a de nombreux satellites, mais il y en a quatre qui sont particulièrement faciles à voir et ont été découverts par Galilée il y a plus de 400 ans; on les appelle lunes galiléennes. Il y a synchronisation entre la rotation et la révolution de ces lunes autour de Jupiter, qui durent un peu moins de 10 heures. Ainsi, les lunes (qui sont très faciles à voir avec des jumelles) présentent des motifs différents qui changent visiblement tout au long de la nuit.

jupiter-moons

Sur cette photo, on voit Jupiter avec Io (à gauche) et Ganymède (à droite). Remarquez également que la Grande Tache rouge s’est déplacée et est visible en bas à droite de la photo ci-dessus.

Constellations en vedette

Le Bouvier, la Vierge et la Balance

Dans le billet du mois dernier, nous avons parlé de certaines des constellations les plus visibles dans l’hémisphère Nord. Dans l’édition de ce mois-ci, nous nous intéresserons à des constellations qui se prêtent idéalement à l’observation par temps chaud.

D’abord, un moyen populaire de trouver le Bouvier et la Vierge.

« Un arc vers Arcturus et un épi pour l’Épi »

Si vous utilisez le dessin ci-dessous pour trouver la Grande Ourse (en haut à droite), vous verrez que la queue de l’Ourse (ou le manche de la Casserole) est recourbée. Pour désigner une courbe, on peut parler d’« arc ».

constellations

Nous pouvons suivre l’arc de la queue de la Grande Ourse vers le bas et la gauche, vers l’étoile Arcturus. Une fois là, nous pouvons aller tout droit vers le bas et l’étoile Spica (l’Épi). Arcturus est l’étoile la plus brillante du Bouvier, et Spica l’étoile la plus brillante de la Vierge.

Quelques mots sur chacune de ces constellations, puis de la constellation de la Balance.

Le Bouvier

Les histoires originelles relatives à cette constellation viennent de la Perse antique, il y a environ 3200 ans. Elles ont été transmises aux Grecs, par l’intermédiaire des Égyptiens. Il y a environ 2200 ans, un ouvrage maintenant célèbre, l’Almageste, de Ptolémée, énumérait 48 constellations assez bien connues. Toutefois, ce n’est qu’il y a environ 1100 ans qu’un grand astronome – al-Soufi –, qui travaillait en Perse, publia un livre sur les étoiles fixes connues, qui est devenu depuis l’ouvrage de référence pour une grande partie des conventions d’appellation scientifique.

Cependant, les histoires liées aux constellations sont souvent diverses, et il arrive même que le nom des étoiles ne corresponde pas parfaitement aux motifs que nous connaissons aujourd’hui (il pouvait correspondre davantage dans les temps anciens).

Le Bouvier est un exemple de constellation qui a des origines plutôt mélangées. Dans certains cas, on considère qu’il est Arcas, le fils de Callisto (nous en avons parlé dans le numéro d’avril de Les yeux vers le ciel). En fait, on considère souvent que le sens d’Arcturus est « gardien des ours ». Le nom latin du Bouvier, Boötes, viendrait du son que faisaient les bouviers grecs pour rassembler leurs troupeaux.

constellations

Si, aujourd’hui, nous voulions réinterpréter ces formes constituées par des étoiles pour créer de nouvelles constellations, il serait facile de voir dans le Bouvier un cornet de crème glacée. Arcturus constitue le bas du cornet, et deux étoiles, plus haut, une de chaque côté, complètent le cornet. Les étoiles qui restent constituent la crème glacée.

Arcturus est une belle étoile rougeâtre qui se trouve à environ 37 années-lumière de nous. Une année-lumière est la distance que parcourt la lumière en un an, soit un peu moins de 10 000 milliards de kilomètres. Par conséquent, Arcturus se trouve à 370 000 milliards de kilomètres de distance (et c’est une des étoiles les plus proches de nous!).

Arcturus est une géante rouge, une étoile qui approche de la fin de sa vie, ayant utilisé la plus grande partie de son hydrogène. Les scientifiques croient que notre soleil deviendra une géante rouge à l’approche de la fin de sa vie (dans des milliards d’années). Arcturus a à peu près la même masse que notre soleil, mais comme les géantes rouges ont une atmosphère plus gonflée, elle a à peu près 25 fois le diamètre de notre étoile.

La Vierge

constellations

Spica est l’étoile la plus brillante de la Vierge. Comme pour le Bouvier, plusieurs histoires expliquent la Vierge.

Dans une histoire de la tradition classique, la Vierge est Perséphone, fille de Déméter. Déméter était la déesse de la fertilité et était responsable de la croissance de toutes les cultures. Perséphone fut capturée par son oncle – Hadès – et forcée à rester avec lui.

Déméter fouilla la terre en vain à la recherche de sa fille disparue. Pleine de tristesse, elle négligea les cultures, qui flétrirent et furent perdues. Découvrant plus tard où se trouvait sa fille, elle exigea le retour de Perséphone. Hadès, cependant, affirma qu’elle ne pourrait pas partir, car elle avait bu dans les Enfers. Une entente intervint et il fut convenu que Perséphone passerait la moitié de l’année avec sa mère, et l’autre moitié avec Hadès. Au cours de la moitié qu’elle vit avec sa mère, Déméter est heureuse, et le temps est favorable et les cultures poussent. Au cours de la seconde moitié, toutefois, sa fille manque à Déméter, et le temps est donc médiocre et les cultures mauvaises.

Spica signifie « épi de blé », et l’étoile représente les cultures sur lesquelles veillait Déméter. Elle est huit fois plus éloignée qu’Arcturus (près de 250 années-lumière). Elle est dix fois plus massive que notre soleil et son diamètre est sept fois plus grand.

La Balance

constellations

La constellation de la Balance représente la balance du droit ou de la justice, interprétation qui remonte à la Grèce antique.

La Balance était en fait considérée comme une partie de sa voisine de l’est – le Scorpion. À ce titre, les étoiles de la Balance sont en fait nommées pour les « pinces » du Scorpion. La pince septentrionale est « Zuben Eschamali » et la pince méridionale est « Zuben Elgenubi ». L’étoile du milieu est « Zuben Elakrab ».

Pluies de météores

Au début de mai (la nuit du 6 au 7 mai), on peut observer une pluie de météores appelée Êta Aquarides (elle tire son origine de la constellation d’automne du Verseau). Comme les météores sont toujours davantage visibles après minuit, et que la lune, qui est en son premier quartier, se sera couchée vers minuit, le meilleur moment pour voir cette pluie sera de vers 23 h jusqu’au lever du soleil.

night sky

Pour ceux qui sont prêts à rester debout, le spectacle peut être très spectaculaire dans les ciels purs et sombres de nos parcs, et par une nuit favorable on peut voir jusqu’à 60 météores à l’heure.

Comme toujours, le meilleur moyen de se préparer à une pluie de météores est de se reposer beaucoup, de porter des lunettes de soleil au moins trois jours avant la pluie (pour maximiser votre vision nocturne), d’installer une chaise longue et un sac de couchage (utilisez une couverture quelconque pour la rosée, sinon votre sac sera mouillé), d’apporter beaucoup à boire et à grignoter et, surtout, de vivre cette expérience avec de bons compagnons.

Ceci complète notre examen du ciel de mai…

N’oubliez pas, nos parcs vous invitent à les explorer le jour et la nuit. Les étoiles attendent ceux et celles qui font un effort pour les admirer!