Les voix d’antan de la nature sauvage du parc Quetico

Le billet d’aujourd’hui provient de Jill Legault, spécialiste de l’information au parc provincial Quetico .

Les histoires orales du parc Quetico avaient été mises sous clé dans les cassettes d’archives de la bibliothèque de recherche John B. Ridley – jusqu’à présent.

Grâce à l’amabilité des passionnés d’histoire de l’Université du Wisconsin à Whitewater, les cassettes sont sorties de la chambre forte pour le plaisir de nos oreilles.

En numérisant nos entrevues, nous espérions préserver et partager les histoires du parc Quetico, afin de d’établir des liens avec les gens nous visitent.

De plus, les cassettes magnétiques ont une durée limitée. Étant donné qu’un bon nombre des entrevues sont été menées à la fin des années 1970 et au début des années 1980, la numérisation est devenue une priorité pour les archives.

Ma thèse de maîtrise portait sur un projet de l’histoire orale au parc provincial Quetico, mais je ne possédais aucune expérience dans la numérisation de cassettes et l’amélioration de la qualité audio.

Voilà où Liz entre en jeu.

Elizabeth (Liz) Liska, sous la direction de M. Anthony Gulig, s’est déplacée jusqu’à la rive nord pour me consacrer du temps, me prêter de l’équipement et m’offrir son expertise dans la conversion de cassette en fichiers .mp3.

M. Anthony Gulig, de l’Université du Wisconsin à Whitewater, a dirigé le projet. Cet été, il est venu au lac French pour observer les progrès, sculpter quelques pagaies et retourner au Minnesota en pagayant via Prairie Portage.

Anthony Gulig, de l’Université du Wisconsin à Whitewater, a dirigé le projet. Cet été, il est venu au lac French pour observer les progrès, sculpter quelques pagaies et retourner au Minnesota en pagayant via Prairie Portage.Liz a passé trois semaines au lac French, au fin fond de la bibliothèque de recherche John B. Ridley, à numériser plus de 400 (oui, 400!) entrevues en temps réel. La qualité audio s’est nettement améliorée au fil des ans, puisque le parc a investi dans une meilleure technologie d’enregistrement. Toutefois, les enregistrements de qualité moindre n’ont pas décontenancé Liz, puisqu’elle a nettoyé certaines des voix plus anciennes et plus métalliques, et elle a réparé les  cassettes.

Liz et Jill numérisant à plein régime. Nous avons trouvé une cassette en anishinaabemowin!
Liz et Jill numérisant à plein régime. Nous avons trouvé une cassette en anishinaabemowin!

Quelles personnes ont été interviewées?

La plupart des entrevues ont été menées par Shirley Peruniak, qui était interprète au parc Quetico de 1975 à 1994. Elle avait décidé d’en apprendre davantage sur le passé du parc Quetico en s’adressant directement aux personnes impliquées.

Shirley et David assis devant une table avec plusieurs trouvailles archéologiques.
Shirley interviewant l’archéologue David Arthurs, 1987

Elle avait eu l’idée d’interviewer certains des gardes forestiers, bûcherons, trappeurs et aînés autochtones au parc Quetico avant leur décès, à la fin des années 1970.

Collage d’images des personnes faisant partie des enregistrements historiques.

Tout à coup, on entend les forts accents du Nord de Benny Ambrose ou de Billy Magie, alors qu’ils incorporent des éléments traditionnels et humoristiques dans leurs récits.

Puis on entend la modulation de la famille Powell du côté est du parc et le langage poétique de l’écrivain Sigurd Olson.

Les voix de Dorothy Molter, la dame de la racinette, Shan Walshe, naturaliste, et du premier garde forestier de Quetico, Bob Readman, reprennent vie.

Aux endroits où il y avait des moments indéchiffrables par le passé, les anciennes voix du parc Quetico sont reconstituées.

Collage d’images des personnes faisant partie des enregistrements historiques.

Il y a des voix de personnes moins connues, ce qui nous rappelle que l’histoire de chacun compte. Je réapprends la valeur de l’écoute et apprécie les subtilités et les particularités uniques que ce lieu procure.

Le fait d’avoir un meilleur accès à cette précieuse pièce d’archive du parc Quetico sera certainement bénéfique aux générations futures.

Collage d’images des personnes faisant partie des enregistrements historiques.

Quelle est la prochaine étape?

Le travail amusant ne fait que commencer!

Cette automne, Liz supervisera les étudiants alors qu’ils écoutent, cataloguent et codent les enregistrements.

Liz et moi avons travaillé avec le personnel du parc pour créer une liste complète des identificateurs afin d’analyser les cassettes. Une fois l’indexation terminée, les chercheurs seront en mesure d’identifier rapidement des passages ou des points d’intérêt, et d’observer les liens qui les unissent.

Éclats de rire lors de la numérisation – il y a d’excellentes histoires à écouter

Ce qu’il y a de remarquable avec le codage des enregistrements audio, contrairement aux transcriptions, est qu’on l’on se rend compte immédiatement quand quelque chose est important pour la personne interviewée. Lorsqu’une personne est emballée, on peut l’entendre dans sa voix. La personne parle plus vite et raconte son expérience de manière plus détaillée. Le contraire est aussi vrai, il est facile de savoir quand une personne parle de manière vague et impersonnelle.

Le but est de coder tous les enregistrements d’ici l’été prochain.

Des mots à méditer

Je vais terminer avec une de mes citations préférées de Shirley :

« Le canoéiste ne voyage pas dans une nature sauvage sans laisser de traces. Le canoéiste voyage dans le passé. Le canot prend le même trajet parcouru qu’avant. Il voit les mêmes îles que les personnes avant lui ont observées. Il passe par le même rivage que les autres ont pris autrefois. Il marche sur les mêmes portages que les autres ont empruntés. Le cycle du voyage est le cycle des autres voyages. »