Les chauves-souris à Parcs Ontario

Le billet d’aujourd’hui provient d’Alistair MacKenzie, superviseur des programmes éducatifs  du patrimoine naturel et de Heather Sanders, technicienne en intendance environnementale.

Les chauves-souris sont les seuls mammifères doués du vol actif, et comptant plus de 1 300 espèces, et elles constituent le deuxième plus grand ordre de mammifères.

L’ordre des chiroptères provient du terme chiroptera (dérivant du grec kheir [main] et ptéron [aile]). Les chauves-souris se déplacent dans les airs grâce à leurs ailes formées des os de leurs doigts allongés joints par une membrane de la peau.

Contrairement à la croyance populaire, les chauves-souris ne sont pas aveugles. En fait, leur vision est comparable à celle des humains, mais la plupart des espèces sont nocturnes et utilisent l’écholocation, une forme de sonar biologique, pour améliorer leur vision nocturne.

Les espèces de chauves-souris se trouvent partout, sauf dans les régions arctique et antarctique; par conséquent, il y a beaucoup de variations observées parmi les différentes espèces.

La plupart des chauves-souris mangent des fruits ou des insectes, mais on a observé que certaines espèces mangent des rongeurs, des poissons, de grenouilles, des oiseaux, de plus petites chauves-souris ainsi que le sang de bétail et d’oiseaux.

Les chauves-souris de l’Ontario

La petite chauve-souris brune (Myotis lucifugus)

*en voie de disparition au Canada*

Poids : entre 4-11 g, taille moyenne de l’avant-bras de 38 mm
Habitat : petits espaces clos, y compris les crevasses des rochers, les arbres creux et les structures construites par les humains, comme les maisons, les étables et les cabanes à chauves-souris
Alimentation : divers insectes, souvent trouvés en surface de l’eau
Comportement hivernal : elle hiberne dans les grottes ou les mines abandonnées
Fait intéressant : elle se trouve souvent dans les maisons; par conséquent, elle est souvent aperçue par les humains

La grande chauve-souris brune (Eptesicus fuscus)


Poids : entre 10 et 21 g, taille moyenne de l’avant-bras de 45 mm
Habitat : les petites cavités des arbres creux, les crevasses des rochers et les bâtiments
Alimentation : une grande variété d’insectes, surtout les coléoptères
Comportement hivernal : elle hiberne dans les grottes, les mines abandonnées ou les bâtiments
Fait intéressant : il s’agit de la deuxième plus grande espèce en Ontario; elle se trouve souvent dans les maisons; par conséquent, elle est souvent aperçue par les humains

La chauve-souris rousse (Lasiurus borealis)

Poids : entre 8 et 18 g, taille moyenne de l’avant-bras de 40 mm
Habitat : solitaire dans le feuillage
Alimentation : une vaste variété d’insectes, surtout les papillons de nuit
Comportement hivernal : elle est migratrice, mais ses routes migratoires sont inconnues
Fait intéressant : elle vole haut et rapidement; elle est souvent aperçue en train de chercher sa nourriture près des lampadaires

La chauve-souris cendrée (Lasiurus cinereus)

Poids : entre 18 et 39 g, taille moyenne de l’avant-bras de 54 mm
Habitat : solitaire dans le feuillage

Alimentation : insectes (surtout les papillons de nuit), parfois de l’herbe, de petites couleuvres et de petites chauves-souris
Comportement hivernal : elle est migratrice, elle migre probablement vers le Mexique
Fait intéressant : il s’agit de la plus grande espèce en Ontario; elle est souvent aperçue en train de chercher sa nourriture près des lampadaires

La pipisterelle de l’Est (Perimyotis subflavus)

*en voie de disparition au Canada*

Poids : entre 5 et 7 g, taille moyenne de l’avant-bras de 35 mm
Habitat : les petits espaces ou dans le feuillage
Alimentation : une vaste variété d’insectes
Comportement hivernal : elle hiberne dans les grottes ou les mines abandonnées
Fait intéressant : la seule espèce qui se perche dans le feuillage en Ontario, en groupe

La chauve-souris argentée (Lasionycteris noctivagans)

Poids : entre 9 et 13 g, taille moyenne de l’avant-bras de 41 mm
Habitat : les crevasses, tels que les arbres creux
Alimentation : une vaste variété d’insectes, souvent au-dessus des plans d’eau
Comportement hivernal : elle est migratoire, mais ses routes de migration sont inconnues
Fait intéressant : parfois, elle cherche sa nourriture à l’extérieur des bâtiments lors de la migration à l’automne

La chauve-souris pygmée (Myotis leibii)

*en voie de disparition au Canada*

Poids : entre 3 et 5 g, taille moyenne de l’avant-bras de 32 mm
Habitat : quelques signalements existent en Ontario, mais vraisemblablement dans les petits espaces, comme l’espace derrière les volets
Comportement hivernal : elle hiberne dans les grottes ou les mines abandonnées
Fait intéressant : il s’agit de l’espèce de chauves-souris la moins étudiée en Ontario; elle ressemble énormément à la petite chauve-souris brune, mais elle est plus petite et sa face est foncée

Le vespertilion nordique (Myotis septentrionalis)

*en voie de disparition au Canada*

Poids : entre 4 et 7 g, taille moyenne de l’avant-bras de 36 mm
Habitat : dans les petites crevasses, sous l’écorce des arbres ou dans les structures construites par les humains
Alimentation : une vaste variété d’insectes, y compris les insectes qui ne volent pas et les araignées
Comportement hivernal : elle hiberne dans les grottes ou les mines abandonnées
Fait intéressant : la seule chauve-souris qui en été aperçue en train de glaner en Ontario (attrapant des proies qui ne volent pas, dans les feuilles des arbres, sur l’herbe ou au sol)

Pourquoi les chauves-souris sont-elles si importantes?

Puisque les chauves-souris se trouvent presque partout dans le monde, elles jouent un rôle important dans de nombreux types d’écosystèmes différents et offrent de nombreux services écosystémiques aux humains :

La lutte antiparasitaire

La plupart des espèces de chauves-souris sont insectivores, consommant jusqu’à l’équivalent de leur poids en insectes, et ce, en l’espace d’une seule nuit.

La plupart de ces insectes sont des parasites de l’agriculture qui ravagent les récoltes, tels que le maïs et le riz. Les recherches montrent que les chauves-souris permettent d’économiser des milliards de dollars par année en réduction de dégâts aux cultures et en recours non nécessaire aux pesticides, ce qui signifie que les chauves-souris aident notre économie en plus de réduire le nombre de pesticides entrant dans les écosystèmes.

Autre bonne nouvelle : les chauves-souris mangent les moustiques! Une chauve-souris peut manger jusqu’à 1 000 moustiques en une heure.

La pollinisation

Des nombreuses chauves-souris se nourrissant de fruits et de nectar fécondent avec du pollen des plantes de manières écologique et économique à l’échelle mondiale.

En fait, plus de 500 espèces de fleurs dépendent des chauves-souris comme leurs pollinisateurs principaux ou exclusifs, notamment les bananes, les pêches, les cactus, l’agave bleu, la plante dont provient la téquila!

La dissémination des graines

Une chauve-souris

À mesure que la déforestation se poursuit à l’échelle mondiale, les chauves-souris jouent un rôle essentiel dans le rétablissement des zones naturelles en disséminant les graines des plantes dans les clairières.

Contrairement aux oiseaux, qui évitent de voler au-dessus des clairières par crainte d’être exposés aux prédateurs, les chauves-souris doivent couvrir de longues distances la nuit pour trouver de la nourriture. Cela leur permet d’accéder à des zones que d’autres disséminateurs de graines n’ont pas atteintes. En fait, les graines déposées peuvent compter jusqu’à 95 % de la nouvelle première pousse!

Les chauves-souris disséminent également les graines pour de nombreuses plantes importantes sur le plan économique, notamment les noix de cajou, les figues, les avocats et les papayes.

Les menaces qui pèsent sur les chauve-souris

Les chauves-souris se reproduisent très lentement – généralement, les femelles donnent naissance à un seul petit par année; par conséquent, il est très difficile de freiner les déclins de populations considérables.

Plusieurs menaces importantes causent des pertes considérables aux populations de chauves-souris à l’échelle mondiale :

La perte d’habitat

La déforestation se produit à un rythme alarmant, en raison de la récolte du bois, de l’urbanisation ou du déboisement en vue de l’agriculture.

Vue de la forêt à partir du tapis forestier

De nombreuses chauves-souris utilisent les forêts pour se reposer ou pour trouver de la nourriture. À mesure que les régions boisées disparaissent, il en va de même pour les nichoirs et les sources d’alimentation de ces espèces. D’autres espèces se reposent dans les grottes et sont chassées par les spéléologues, les mineurs ou même les touristes qui cherchent à prendre une photo.

Il est essentiel que les chauves-souris ne soient pas dérangées lorsqu’elles se reposent; évitez d’aller dans les grottes et prévoyez vos travaux d’entretien des édifices pendant les périodes où les chauves-souris en sont absentes, soit à l’automne, en hiver et au printemps si possible.

Le syndrome du museau blanc

Le syndrome du museau blanc (SMB), causé par un champignon appelé Pseudogymnoascus destructans, a été découvert pour la première fois en Amérique du Nord à la fin de 2006. Dans les  hibernacles infectés (les grottes où les chauves-souris hibernent), le taux de mortalité peut être aussi élevé qu’entre 80 % et 100 %.

Au total, on estime que le syndrome du museau blanc a tué environ 10 millions de chauves-souris depuis 2006.

Le champignon se trouve dans les grottes de l’Ontario depuis 2009 et continue de se propager vers l’ouest. Les quatre espèces de chauves-souris qui sont en voie de disparition en Ontario hibernent toutes dans les grottes et sont touchées par la maladie. Apprenez-en davantage sur le syndrome du museau blanc ici.

L’utilisation de pesticides

Les pesticides ont eu des effets nuisibles sur de nombreux insectivores, et les chauves-souris n’y font pas exception. Les pesticides sont pulvérisés sur les plantes ou les insectes, puis les chauves-souris s’en nourrissent, les emmagasinant dans leurs réserves de gras jusqu’à l’hiver.

Au cours de l’hibernation ou de la migration, les chauves-souris doivent avoir recours à leurs réserves de gras. D’ici cette période; cependant, de grandes quantités de pesticides peuvent s’être accumulées dans leurs réserves, menant à un empoisonnement causé par les pesticides.

Au cours de l’hiver, cela peut signifier une élimination excessive des réserves de gras et l’immunosuppression, rendant les chauves-souris empoisonnées plus susceptibles à l’infection causée au champignon responsable du syndrome du museau blanc.

Même si une chauve-souris est capable de survivre aux symptômes de l’empoisonnement hivernal, elles souffrent souvent de problèmes de reproduction comme des mortinatalités au printemps.

Pour en savoir davantage sur les chauves-souris :

Vous pouvez aider les chauves-souris!

Afin de veiller à ce que les générations futures puissent toujours profiter de la présence des espèces de chauves-souris de l’Ontario, voici de simples conseils sur la manière de faire votre part :

  • Construisez une cabane à chauves-souris : Les cabanes à chauves-souris (en anglais) sont faciles à construire (ou à acheter), et offrent aux chauves-souris des endroits essentiels où se percher. Non seulement les cabanes sont bénéfiques aux chauves-souris de votre région, mais vous serez en mesure de vous installer confortablement et d’observer ces acrobates extraordinaires lorsqu’elles chassent des insectes au-dessus de votre cour.
    • Laissez les chauves-souris hiberner en toute quiétude : Le fait d’entrer dans les grottes ou les mines abandonnées pourrait déranger les chauves-souris et réduire leur capacité à survivre à l’hiver.
    • Signalez tout comportement étrange : Si vous voyez des chauves-souris qui volent en plein jour pendant l’hiver ou voyez des chauves-souris mortes, appelez le Réseau canadien pour la santé de la faune, le Centre d’information sur le patrimoine naturel ou le bureau du Ministère des Richesses naturelles et des Forêts (MRNF) de votre région