Le Pluvier siffleur

Le billet d’aujourd’hui a été rédigé par Ian Fife, écologiste adjoint et spécialiste du Pluvier siffleur.

Si vous avez fréquenté quelques-unes de nos populaires plages des Grands Lacs, vous aurez peut-être remarqué des zones réservées à un tout petit oiseau pas plus gros qu’un moineau.

Qu’est-ce que ces oiseaux ont de si important, et pourquoi clôturons-nous des parties de nos plages pour les protéger?

Saviez-vous que l’Ontario a presque perdu cette espèce pour de bon?

Par le passé, le Pluvier siffleur était régulièrement présent l’été sur les rivages ontariens des Grands Lacs. Au début du XXe siècle, environ 70 à 90 couples reproducteurs de Pluviers siffleurs nidifiaient peut-être sur ces rivages.

Piping Plover on sand
Photo : Ian Fife

Les populations commencèrent à décliner en raison d’une chasse non réglementée et de la cueillette d’œufs. Une dizaine d’années plus tard, des lois fédérales interdirent la chasse et la collecte des oiseaux et de leurs œufs.

Après la Seconde Guerre mondiale, l’aménagement des rivages par l’homme et les loisirs connurent une croissance rapide, s’ajoutant à des pressions naturelles telles que le climat et la prédation. Le Pluvier siffleur déclina au point qu’en 1977 le dernier couple nicheur fut observé en Ontario.

En 1986, le Pluvier siffleur fut officiellement considéré comme disparu de l’Ontario.

Le retour

plover on beach

Après de remarquables efforts de rétablissement dans l’ensemble de l’Amérique du Nord, le premier nid de Pluvier siffleur de l’Ontario fut découvert à Sauble Beach en 2007… après 30 ans d’absence!

Le premier nid en 30 ans constitue un événement faunique étonnant, qui témoigne des stratégies de rétablissement mises en place pour protéger ces oiseaux.

Protection

Pour garantir la poursuite du rétablissement du pluvier, il est essentiel de protéger les nids. Des prédateurs tels que les goélands, les corneilles, les ratons laveurs et les renards ne sont que trop enclins à manger les œufs ou à attaquer les oiseaux sur le nid.

Pour que les prédateurs n’empêchent pas la reproduction, on peut placer une mini-cage sur le nid et les œufs.

La cage ne gêne pas les oiseaux. Les Pluviers siffleurs passent facilement à travers les trous, mais pas les prédateurs plus gros.

Dès que le couple reproducteur a pondu quatre œufs, on place une cage plus grosse sur le nid, ce qui donne au couple davantage de place pour couver. Finalement, on installe une clôture afin de protéger cet important habitat.

beach with plover cage
Photo : Elizabeth Steadman

Sans habitat protégé, les Pluviers siffleurs ne peuvent parvenir à élever la génération suivante.

Partage de la plage

C’est là que les humains et les animaux, et notamment les Pluviers siffleurs, entrent en contact.

Nous aimons bien nous étendre au soleil sur des plages de sable, faire de longues promenades sur la rive, ou encore lancer un Frisbee ou jouer au volleyball ou au ballon de plage. Nous encourageons nos enfants à courir, à construire des châteaux de sable et à étendre une nappe pour un pique-nique.

Mais le Pluvier siffleur a besoin de la plage lui aussi.

plover and chick

Les adultes construisent leur nid à côté de pierres, de végétaux et de bois de grève. Ils se reposent parmi de gros morceaux de bois laissés sur la plage par les vagues. Leurs petits, comme nos enfants, courent partout sur la plage et il est difficile de les suivre (même si l’adulte les surveille de près).

Mais la grande priorité pour les oiseaux est de s’alimenter. Les adultes doivent BEAUCOUP manger afin de gagner du poids en vue de la longue migration vers le sud-est des États-Unis. Les oisillons prennent beaucoup de risques sur la plage parce qu’ils doivent grandir et prendre du poids en vue de leur propre migration.

Une plage naturelle protège les oisillons des dangers

Un pluvier femelle saute à travers la clôture protégeant le nid

Nous n’aimons peut-être pas qu’il y ait des pierres et des brindilles sur la plage, mais celles-ci sont un élément important de l’habitat des oiseaux.

Les Pluviers siffleurs utilisent toutes les parties d’une plage naturelle pour accomplir leur cycle de reproduction. C’est pourquoi de nombreux parcs n’enlèvent pas les pierres et le bois de grève sur les plages. Protéger ces éléments des plages donne aux oiseaux la meilleure chance qui soit de survivre et d’être présents à nouveau dans toute la région des Grands Lacs.

fenced off section of beach
Photo : Ian Fife

Garder les plages de nos parcs provinciaux naturelles favorise non seulement l’intégrité écologique, mais également la diversité des oiseaux et d’autres espèces d’animaux dans les parcs.

Donc, si vous tombez sur un secteur de plage clôturé ou sur une cage protégeant un nid, reculez de quelques pas et prenez plaisir à observer ces oiseaux tenaces dans leur magnifique habitat naturel.