Le fabuleux voyage de l’arbre provincial de l’Ontario

Qu’a donc de si particulier le pin blanc? Aucune autre espèce d’arbre en Ontario ne semble susciter à ce point vénération et passion.

L’histoire du pin blanc est profondément et inextricablement liée à l’histoire des habitants de l’Ontario. Espèce importante pour les Autochtones pendant des millénaires, il a également joué un rôle considérable dans la création des villes de l’Ontario et a été confronté à de rudes défis, dont un a donné lieu à une des histoires de restauration écologique les plus étonnantes de notre province.

Mais nous allons trop vite – commençons par le commencement!

pin blancLorsque la nature a créé cet arbre, elle était particulièrement inspirée. Avec sa taille élancée, son tronc droit et massif, sa cime d’un aspect presque primitif et ses longues aiguilles duveteuses, le Pin blanc ne peut qu’impressionner.

Se promener dans une pinède à Pins blancs ancienne, c’est un peu comme de marcher dans une cathédrale. Le bruit du vent qui murmure à travers les aiguilles, particulièrement dans le doux silence de l’hiver, est un des sons les plus paisibles qui soient sur terre.

Le pin blanc est l’espèce d’arbre la plus grande de l’Ontario (et de l’est de l’Amérique du Nord). Le pin blanc le plus grand connu de l’Ontario est un spécimen de 47 mètres de haut, près d’Ottawa.

Écosystème

pin blancLe Pin blanc est également une des espèces les plus longévives de cette partie du monde. Naguère, on pensait qu’il pouvait vivre au moins 400 ans, mais un ancien scientifique du MRNF, qui a analysé les cernes de billes de Pins blancs tombées sur les rives de lacs du parc provincial Algonquin, a déterminé que l’espèce pouvait vivre bien plus de 500 ans!

Le Pin blanc est également un pilier de l’écosystème. Les ourses font de grands pins (et d’autres arbres) des manìères de garderies et font grimper leurs oursons sur les troncs pour échapper au prédateurs tandis qu’elles cherchent de la nourriture. Beaucoup d’oiseaux chanteurs mangent ses graines, tandis que le castor, le lièvre d’Amérique, le porc-épic, l’écureuil roux, l’écureuil gris, la souris, le cerf de Virginie et d’autres mammifères, en plus des graines, consomment également son écorce et ses feuilles. le balbuzard pêcheur et le pygargue à tête blanche aiment nicher au sommet de grands pins blancs, et s’y percher pour balayer l’horizon à la recherche de proies.

Histoire du pin blanc de l’Ontario

Cette espèce d’arbre est également importante pour de nombreuses cultures autochtones. Traditionnellement, on faisait de l’écorce interne une source alimentaire d’urgence et on se servait de la résine pour sceller les canots. La Confédération haudenosaunee, près de Brantford, l’appelle le Grand Arbre de la paix – ses aiguilles poussent en groupes de cinq, symbolisant l’unité des nations de la Confédération.

Quetico hiker

À leur arrivée, les colons européens ont constaté l’immense valeur économique du pin blanc. Le bois de cette espèce est durable et résiste au gauchissement, et les massives tiges droites étaient idéales pour les mâts principaux des grands voiliers anglais et pour la construction des villes, notamment Toronto.

Les colons commencèrent à exploiter les forêts de Pins blancs du sud de l’Ontario pour l’agriculture et la construction. Mais quelque chose de perturbant se produisit…

Dans beaucoup de secteurs où les pins avaient été abattus, la couche arable a été balayée, exposant une couche sableuse où rien ne poussait. On appelait ces secteurs désertiques blowsand areas (secteurs envahis par le sable), et les fermes qui s’y trouvaient ont dû être abandonnées. Dans beaucoup de secteurs où les pins blancs avaient été coupés, ils n’ont pas repoussé, et l’espèce a vu sa population considérablement réduite dans toute son aire en Ontario.

Secteur envahi par le sable dans le comté de York, 1909

Les raisons sont compliquées :

  • La pratique ancienne consistant à couper les pins les meilleurs et les plus gros a d’abord réduit radicalement la quantité de graines produites et créé des aires ouvertes, ce qui a produit des flèches épaisses sur les jeunes arbres (c’est comme du bonbon pour le charançon du pin blanc)
  • Le feu a été supprimé, et le pin blanc a besoin du feu pour se régénérer (le feu expose le sol minéral qu’affectionne le pin blanc, réduit l’ombre et élimine les plantes concurrentes)
  • La rouille vésiculeuse du pin blanc a fait son apparition il y a environ un siècle, et nos pins résistent peu à cette maladie envahissante, autre facteur de stress qui se plaît dans les aires ouvertes

Mais tout n’était pas perdu

Au début des années 1920, le gouvernement de l’Ontario a lancé le programme des forêts touchées par une entente (Agreement Forest), un partenariat avec des comtés et des municipalités pour planter des pins rouges et des pins blancs dans les secteurs envahis par le sable.

branche de pin

Un siècle plus tard, les anciens secteurs envahis par le sable grouillent de vie – arbres, plantes, animaux sauvages. Le fonctionnement de l’eau de l’écosystème a été restauré, et des scientifiques du MRNF ont étudié comment gérer ces plantations afin d’obtenir des forêts plus naturelles, et pour régler des problèmes de maladies et d’espèces envahissantes.

En apprendre davantage

Au fil des ans, les scientifiques du MRNF et des partenaires tels que le Service canadien des forêts ont effectué beaucoup d’autres études sur le pin blanc (y compris dans des parcs provinciaux comme Algonquin et Lady Evelyn-Smoothwater). Leurs découvertes contribuent à garantir que de nombreuses générations à venir puissent jouir de notre arbre provincial en Ontario et dans d’autres provinces et États.

Quelques exemples de ce que j’ai appris :

  • Les billes de pin blanc sur les rivages des lacs jouent un rôle important dans l’écosystème en procurant un habitat à des poissons et d’autres espèces de faune aquatique – et certaines de ces billes ont jusqu’à 800 ans! On a estimé qu’une bille échantillonnée dans le parc provincial Algonquin au milieu des années 1990 avait germé vers l’an 1100, était morte au début du XVIe siècle et avait reposé dans l’eau depuis. La bille était remarquablement exempte de pourriture et avait conservé une partie de son écorce
scientifiques dans la rivière, prenant des échantillons d'arbre
Avec un partenaire, Bill Cole, ancien chercheur du MRNF, échantillonne des billes de pin blanc anciennes dans le parc Lady Evelyn-Smoothwater, v. 1994
  • Si on ne fait rien, les espèces concurrentes peuvent épuiser les ressources et étouffer sous leur ombre les jeunes pousses de pin à croissance plus lente. C’est ainsi que le feu (ou, dans les secteurs forestiers aménagés, la gestion de la végétation) est important
  • L’ombre est importante! Les jeunes pins blancs ont besoin de la juste quantité – trop, et ils poussent mal; trop peu, et le charançon du pin blanc s’en donne à cœur joie, ce qui produit des arbres broussailleux
  • Il est important qu’il y ait de gros pins blancs. Ces derniers produisent le gros des graines – et seulement tous les 7 à 10 ans (ce qu’on appelle une année semencière)
randonneurs sur un sentier
Sentier Big Pines, Algonquin
  • Le pin blanc de l’Ontario connaît une grande variation génétique qui l’aide à s’adapter au changement climatique. Des recherches démontrent que des arbres issus de graines provenant de sources plus méridionales ont mieux poussé près de Sault Ste. Marie que des arbres issus de graines locales, ce qui signifie que les graines de Pin blanc du sud pourraient se déplacer vers le nord pour suivre le changement climatique.

Des progrès importants ont été réalisés en ce qui concerne la connaissance et la gestion de ces arbres. Les scientifiques continueront d’étudier nos beaux écosystèmes de pins blancs, et Parcs Ontario continuera de les protéger.

Vous voulez explorer des forêts de Pins blancs?

Si vous rêvez d’aller skier ou faire de la raquette dans une forêt ancienne de pins blancs, le parc provincial Algonquin vous attend! Le parc provincial Bonnechere, qui est proche, est un autre endroit formidable, en particulier son terrain de camping  Tall Pines (grands pins).

Les parcs du nord-ouest, dont Caliper Lake et Quetico, protègent souvent des pins blancs.

Pour leur part, les parcs de la région de Temagami protègent de fameux écosystèmes de pins blancs anciens. La combinaison de forêts de pins imposants, d’un paysage accidenté et de chutes et de rapides magnifiques fait de la rivière Lady Evelyn un but d’excursion en canot incontournable pour les pagayeurs.

canoéiste sur Lady Evelyn-Smoothwater
Parc provincial Lady Evelyn-Smoothwater

L’énorme pinède de la forêt ancienne du lac Obabika est peut-être la plus grande de l’Ontario. Des sentiers serpentent à travers des peuplements d’arbres imposants vieux de 300 ans.

forêt de pins à Temagami
Parc provincial Obabika River

Vous voulez en savoir plus sur le pin blanc?

Vous pouvez demander deux rapports scientifiques du MRNF : un sur le pin blanc dans le nord-ouest de l’Ontario, et l’autre sur le nord-est de l’Ontario (Écologie et gestion du pin blanc; pin blanc dans le nord-ouest de l’Ontario (2) ; pin blanc au lac Abitibi et à Temagami).

Envoyez un courriel à la Direction des sciences du MRNF pour obtenir des détails.