Trois sternes caspiennes sur le rivage, les pattes dans l’eau

Le baguage des cavaliers du vent

Le billet d’aujourd’hui a été écrit par David Bree, chargé des programmes éducatifs du patrimoine naturel au parc provincial Presqu’ile

Par une journée venteuse de la fin de mai à la plage du parc provincial Presqu’ile, quelques ornithologues amateurs observent les oiseaux de rivage. Les oiseaux virevoltent et se posent pour se nourrir frénétiquement pendant quelques minutes, avant de s’envoler à nouveau et de disparaître au-dessus de la baie Popham.

On ne peut que s’émerveiller devant leur habileté à voler et se demander où ils vont et d’où ils viennent, des questions qui, sans aucun doute, sont posées par les gens depuis que l’on peut formuler des questions.

On peut se demander où va le vent, car il semble impossible de le suivre et de suivre les oiseaux qui se laissent porter par celui-ci. Mais, bien entendu, on sait maintenant où vont un bon nombre de ces oiseaux, grâce au baguage d’oiseaux.

Le début du baguage

Le baguage d’oiseaux – la science visant à insérer une bague numérotée sur la patte d’un oiseau pour l’identifier plus tard – se fait depuis longtemps. Il existe des documents sur le baguage de faucons datant du Moyen Âge. Ces documents servaient en grande partie à identifier le propriétaire d’un oiseau au cas où celui-ci s’échapperait. C’est ainsi que le concept du baguage d’oiseaux a vu le jour.

La science adopte le baguage d’oiseaux

Au début des années 1900, un certain nombre de scientifiques ont commencé des programmes de baguage de façon indépendante afin d’en apprendre davantage sur les mouvements des oiseaux, particulièrement la migration. Ils inscrivaient sur une bague un numéro et l’adresse où la retourner, le cas échéant (presque inévitablement sur un oiseau mort).

Cette situation a entraîné un méli-mélo de systèmes. En Amérique du Nord, ces systèmes ont été organisés assez rapidement en un seul système comprenant un centre d’échange unique où tous les renseignements sur le baguage sont envoyés lorsqu’on en trouve.

Pour encourager la participation, on envoie un certificat de reconnaissance aux personnes qui trouvent des bagues pour les informer de l’endroit où leur oiseau a été bagué. Ce système est administré par l’United States Geological Survey depuis des décennies maintenant.

La technologie et les pratiques en constante amélioration

Les retours de bagues d’oiseaux sont généralement de moins de 1 %. Ce système ne semble pas très efficace, mais compte tenu des millions de bagues utilisées depuis plus de 100 ans, les modèles de déplacement des oiseaux se sont accumulés pour nous donner les connaissances que nous avons aujourd’hui.

Une oie portant une bague métallique et un numéro visible
Parfois, avec de la chance et de bons appareils optiques, c’est possible de lire les bagues métalliques sur une photographie

Comme bien d’autres choses, le taux d’accumulation de connaissances a augmenté de façon exponentielle au cours des 20 dernières années, et il continue d’augmenter.

On utilise maintenant des étiquettes électroniques et des suiveurs de satellite pour les oiseaux, et de nombreux sites Web montrent les déplacements d’oiseaux individuels.

Soyez à l’affût des bagues!

Malgré les nouveaux outils, les anciennes bagues – grâce à la participation de citoyens ordinaires – sont toujours utiles.

Compte tenu du nombre accru d’observateurs d’oiseaux munis de télescopes d’observation et d’appareils photo numériques à téléobjectif, c’est possible de lire les étiquettes sans qu’il soit nécessaire de capturer les oiseaux ou de les trouver morts.

Une ornithologue amateur sur la plage. Elle porte une veste à capuche rouge et regarde à travers un télescope.

Les scientifiques ont aussi facilité les choses pour certains projets en insérant dans l’une des pattes des oiseaux une bague de couleur plus large qui est beaucoup plus facile à lire de loin.

Les oiseaux qui viennent au parc provincial Presqu’ile

C’est toujours emballant de voir des oiseaux et de découvrir où ils sont allés auparavant. En août cette année, nous avons vu au parc un bécasseau sanderling portant une étiquette verte à une patte sur laquelle étaient inscrites les lettres « EHV ».

Bécasseau sanderling en août 2018. Bagué en Louisiane en avril 2017

Il s’avère que l’oiseau a été bagué en Louisiane, en avril 2017. Il se serait alors dirigé vers l’Arctique pour nidifier. Aujourd’hui, deux étés plus tard, il retournait vers le sud.

Des résultats comme ceux-ci aident les scientifiques à reconstituer les mouvements migratoires des oiseaux de rivage. Cette année, une sterne caspienne portant une étiquette blanche a été aperçue en août également. Il s’avère qu’elle a été baguée alors que c’était un oisillon dans un nid, sur notre propre île Gull en juillet 2008.

Trois sternes caspiennes sur le rivage, les pattes dans l’eau
Une sterne caspienne au parc provincial Presqu’ile en août 2018. Baguée dix ans plus tôt sur l’île Gull

Ce genre de renseignements nous montrent les âges des oiseaux et la fidélité de quelques oiseaux à leur site de nidification où ils retournent chaque année.

Les cavaliers du vent

Les oiseaux de rivage sont d’excellents cavaliers du vent. Parmi les autres oiseaux bagués aperçus au parc provincial Presqu’ile, mentionnons les suivants :

  • un bécasseau semipalmé en juin 2011, bagué en Guyane française en janvier 2009;
  • un tournepierre à collier en juin 2013, bagué au Brésil plus tôt la même année.
Oiseau de rivage au bec noir se tenant debout dans l’eau
Bécasseau semipalmé au parc provincial Presqu’ile. Bagué en Amérique du Sud en 2009

Pour tous les ornithologues amateurs

Vous pouvez aider à suivre le vent et les oiseaux qui se laissent porter par celui-ci.

Bon nombre de nos parcs sont d’excellents endroits où découvrir des oiseaux. Si vous pouvez voir un numéro sur une bande métallique ou une étiquette en plastique, vous pouvez signaler ce renseignement au Patuxent Wildlife Research Center Bird Banding Laboratory.

Si le personnel de ce laboratoire peut trouver une correspondance, vous recevrez par courriel un certificat électronique vous informant à quel endroit l’oiseau a été bagué. Cela peut prendre quelques secondes ou des mois, alors il faut faire preuve de patience!