Killarney est ma muse

Le billet d’aujourd’hui a été rédigé par le photographe Rob Stimpson, amoureux de longue date des espaces sauvages du parc provincial Killarney. Les droits d’auteur pour toutes les photos ci-dessous appartient à robstimpson.com.

Killarney fait partie de ma vie depuis des années. J’y ai fait une de mes premières excursions de canot après avoir déménagé de Montréal à Toronto à la fin des années 1980. Les photos que j’ai prises lors de ces excursions (longtemps avant de devenir un photographe professionnel) sont peut-être dans une certaine mesure des œuvres d’amateur par leur composition et la lumière, mais elles continuent d’évoquer fortement pour moi les souvenirs d’un lieu où je suis retourné à maintes reprises par la suite.

Killarney rockface

Si quelqu’un me demandait « qui, ou quelle chose, a exercé la plus grande influence sur votre photographie? », il y a eu probablement trop d’influences pour les mentionner ici, mais un mot me vient à l’esprit, c’est le mot « muse ». Il vient de la mythologie grecque et peut être brièvement défini comme désignant une déesse de l’inspiration artistique.

Cela étant dit, Killarney doit être une muse. L’influence de ce paysage majestueux sur moi-même, mais également sur tous ceux qui visitent ce parc, ne peut se mesurer par la puissance de cette muse.

Des artistes y viennent depuis des années. Elle ensorcelle tous ceux qui la visitent – on ne peut s’empêcher d’étreindre ce paysage.

misty Killarney landscape

Il y a quelque chose dans le fait de rouler sur la route 637 en toute saison – je n’arrive pas à l’expliquer – qui nous emmène dans un monde débouchant sur beaucoup d’autres mondes. Le village, le parc, l’île George, le phare, l’île Philip Edward et la baie Georgienne composent un paysage qui ne peut qu’inspirer.

Il y a aussi autre chose d’unique ici – les collines de quartzite blanc appelées La Cloche. Quand on les voit le jour, elles dominent le paysage, mais qu’on les observe aux premières lueurs de l’aube ou au coucher du soleil à la fin du jour, et elles semblent s’embraser.

Que vous soyez en canot, à pied ou simplement assis, ces collines vous invitent à venir explorer. Effectuez une randonnée vers quelques-uns des panoramas et les vues qui s’ouvriront devant vous ne manqueront pas de vous stupéfier. Le quartzite cède la place au bleu vert des lacs tout en bas. Et au loin, selon où vous vous trouvez, la baie Georgienne domine l’horizon.

Ce n’est pas qu’une destination estivale. Une excursion automnale en canot m’inspire particulièrement avec la palette de couleurs qu’offre la nature, et que peu d’endroits au monde arrivent à égaler. Les chênes et les érables libèrent des couleurs, qui explosent littéralement, et avec le bleu du ciel et le vert des pins les possibilités de compositions sont illimitées.

fall in Killarney

L’hiver, la saison la moins aimée, offre la possibilité de chausser des raquettes ou des skis de fond et de s’élancer à travers une féérie hivernale où peu de gens oseraient normalement s’aventurer.

Bien des fois, des amis et moi avons parcouru l’arrière-pays pendant quelques jours à la fin de février, lorsque la glace des lacs est stable et les jours un peu plus longs. C’est une période où le parc révèle son aspect tranquille. Nous cherchons à capter la magie du paysage hivernal, dépouillé du feuillage de l’été. Le paysage dévoile des images graphiques austères se prêtant davantage à un essai photographique en noir et blanc.

winter at Killarney

Si je devais désigner ma partie favorite du parc, l’endroit qui m’inspire plus que tout autre paysage de Killarney, ce seraient les lacs Grace et Nellie. Les portages de cette boucle de canotage sont longs, mais ça en vaut la peine.

Franklin Carmichael et A.Y. Jackson connaissaient cet endroit – ils l’ont révélé dans leurs peintures. Il a conservé jusqu’à ce jour son caractère sauvage grâce à son isolement. Les lacs et les collines ne ressemblent à rien d’autre en Ontario – vous pourriez vous trouver dans la chaîne Cariboo du centre de la Colombie-Britannique ou dans le Yukon, tellement ce lieu est particulier.

Le parc est une des merveilles de l’Ontario, et même du Canada. Il m’a inspiré – comme les milliers de personnes qui l’ont visité – de bien des façons. Du pic Silver aux Three Narrows et au lac Nellie, Killarney est une muse pour ceux qui la rencontrent, et ils sont nombreux.