avant et après un brûlage

À jamais protégés : les raisons pour lesquelles la réserve naturelle provinciale Holland Landing Prairie a sa place

Notre série « À jamais protégés » explique les raisons pour lesquelles chacun des parcs a sa place à Parcs Ontario. Dans le billet d’aujourd’hui, Corina Brdar, écologiste de zone, nous raconte l’histoire de la réserve naturelle provinciale Holland Landing Prairie. 

« Les moustiques sont extrêmement dérangeants depuis les deux derniers jours. C’est presque impossible de dormir la nuit, car ils sont tout aussi nombreux et malicieux que durant le jour. »

Rien de nouveau, n’est-ce pas?

Il ne s’agit pas d’un commentaire d’un campeur frustré, mais bien d’une écriture de journal rédigée il y a 200 ans par un explorateur écossais visitant ce que l’on appelle maintenant la réserve naturelle provinciale Holland Landing Prairie.

John Goldie a marché (eh oui, marché!) de Montréal au lac Érié à l’été de 1819.

Pourquoi a-t-il fait une chose pareille?

John Goldie.
John Goldie. Photo : Archive.org

Pour cueillir des plantes, bien entendu! À l’emplacement maintenant appelé la réserve naturelle provinciale Holland Landing Prairie, John Goldie a été le premier Européen à découvrir et à décrire officiellement une nouvelle espèce de renoncules.

Deux siècles plus tard, je suis assise à mon bureau par un après-midi printanier frais et pluvieux, pensant à la même parcelle de terrain et aux mêmes renoncules. Mes collègues et moi espérons que la pluie cessera assez longtemps pour nous permettre de faire un brûlage dirigé et de restaurer l’habitat de la renoncule découverte par John Goldie et d’autres espèces des prairies.

Laissez-moi vous raconter l’histoire de la réserve naturelle provinciale Holland Landing Prairie de 1819 à aujourd’hui, et vous comprendrez pourquoi cette minuscule réserve naturelle est une partie importante de notre système d’aires protégées.

Écosystèmes représentatifs de la réserve naturelle provinciale Holland Landing

Tout d’abord, revenons quelques milliers d’années en arrière.

Je croyais que, avant l’arrivée des Européens, le sud-est de l’Ontario était un vaste pan de forêt ancienne, mais j’avais tort. En plus des imposants châtaigniers d’Amérique et des volées de tourtes voyageuses, des zones de prairie s’étendaient de Windsor à Peterborough.

Ces prairies ont existé grâce à une période prolongée de climat chaud et sec après le retrait des glaciers de l’Ontario et les brûlages effectués par les Premières Nations. Les prairies de l’Ontario abritaient des plantes, des oiseaux, des reptiles et des insectes particuliers qui avaient besoin d’un habitat sec et ouvert pour survivre – des plantes comme la renoncule des prairies décrite par M. Goldie.

Des parcelles de prairie sont probablement ce que M. Goldie a trouvé en remontant la rue Yonge vers le nord, de York (Toronto) à Holland Landing.

Milieu des années 1900

Bien que la réserve naturelle provinciale Holland Landing Prairie soit protégée aujourd’hui, ses uniques écosystèmes n’ont pas toujours été appréciés. Les gestionnaires fonciers considéraient cette zone sablonneuse et ouverte comme une terre stérile qui avait besoin d’arbres. Ils ont donc planté beaucoup d’arbres dans la prairie.

En 1976, un autre célèbre botaniste a visité cette région et découvert une communauté de prairie ouverte, remplie de plantes intéressantes, dont la renoncule des prairies, parmi des rangées de jeunes pins et épinettes.

Près de Holland Landing se trouvent de vastes zones de sables délicats qui pourraient être reboisées.
« Près de Holland Landing se trouvent de vastes zones de sables délicats qui pourraient être reboisées »

Avant Google Maps et les systèmes de géolocalisation, M. Reznicek a déterminé que la réserve naturelle provinciale Holland Landing Prairie était l’endroit où M. Goldie avait découvert pour la première fois la renoncule des prairies.

Au cours des dernières décennies, nous avons reconnu la réserve naturelle provinciale Holland Landing Prairie pour ce qu’elle est : un des derniers vestiges des écosystèmes de prairie d’herbes hautes de l’Ontario.

Elle a officiellement été protégée à titre de réserve naturelle dans la catégorie de parcs provinciaux en 1994, dans le but de préserver et de restaurer cet écosystème en voie de disparition.

Photos aériennes de la réserve naturelle provinciale Holland Landing Prairie en 1954, 1971, 1988 et 1992.
Photos aériennes de la réserve naturelle provinciale Holland Landing Prairie en 1954, 1971, 1988 et 1992

Aujourd’hui, environ 3 % des prairies que M. Goldie et d’autres premiers explorateurs européens auraient croisées sont encore ici en Ontario.

En fait, ce type d’écosystème se fait de plus en plus rare dans toutes les parties du monde où on le retrouvait autrefois. C’est la raison pour laquelle nous travaillons maintenant à la restauration des vestiges qu’il reste encore dans de nombreux parcs provinciaux.

Brûlage dirigé

À la réserve naturelle provinciale Holland Landing Prairie, cela signifie que nous éliminons lentement et systématiquement les arbres qui empiètent sur les vestiges de prairie. Nous avons commencé à brûler des sections du parc pour aider à restaurer la prairie en 2018.

Les renoncules des prairies se sont adaptées pour survivre au brûlage

Espèces représentatives de la réserve naturelle provinciale Holland Landing Prairie

Asclépiade tubéreuse

Je crois que les moustiques et les parcelles restantes de plantes intéressantes sont les seules choses que M. Goldie reconnaîtrait aujourd’hui dans la réserve naturelle provinciale Holland Landing Prairie.

La renoncule des prairies n’est pas sa seule découverte botanique. Les jardiniers d’aujourd’hui adorent les superbes fleurs orange de l’asclépiade tubéreuse (Asclepius tuberosa), mais c’est M. Goldie qui a été le premier amateur de plantes européen à la remarquer ici.

D’autres espèces indigènes – qui sont aussi des plantes favorites du jardin – semblent apprécier nos efforts de restauration.

Lorsque nous avons surveillé les plantes après le brûlage de l’emplacement en 2018, nous avons trouvé des parcelles de monardes fistuleuses (Monarda fistulosa), de rudbeckies hérissées (Rudbeckia hirta var. pulcherrima) et, bien sûr, beaucoup de barbons de Gérard (Andropogon gerardii).

Ces plantes sont des espèces indicatrices, c’est-à-dire que, lorsqu’un biologiste les trouve, il peut déduire beaucoup de choses au sujet du type d’écosystème qu’il explore. Dans ce cas-ci, ces plantes nous indiquent qu’il s’agit d’un écosystème des prairies où le climat est sec et chaud et où le sol se draine rapidement.

Fleurs

M. Goldie n’était pas un entomologiste, mais nous espérons que les amateurs d’insectes viendront à la réserve naturelle provinciale Holland Landing Prairie et nous laisserons savoir ce qu’ils y trouvent.

Nous croyons que les entomologistes et les « entomolophiles » (nouveau mot utilisé ici en premier!) peuvent découvrir des espèces spécialisées qui ne sont pas très répandues dans la province.

 

Nous sommes particulièrement curieux de savoir quels sont les pollinisateurs qui fréquentent les habitats des prairies!