voyageurs en canot

Frances Anne Hopkins : documenter la vie des voyageurs à travers les arts

Le billet d’aujourd’hui provient de Taylor Bottoms-Cau, une étudiante de deuxième année du programme Découverte au parc provincial Samuel de Champlain

Vous avez probablement entendu parler du Groupe des sept; des artistes qui ont parcouru les paysages reculés de l’Ontario pour en saisir la beauté sauvage à l’aide d’un pinceau.

Mais ils n’étaient pas les seuls artistes à peindre ce qu’ils voyaient, malgré la difficulté de leur périple!

Cinquante ans avant la création du Groupe des sept, Frances Anne Hopkins a entrepris le même type de périple en canot voyageur entre Lachine (Montréal) et Fort William (Thunder Bay).

Pour commencer

Frances Anne Hopkins (fille Beechley) est née en Angleterre en 1838.

Elle épousa Edward Hopkins, qui travaillait pour la Compagnie de la Baie d’Hudson, et s’installa à Lachine, au Canada. C’est de cet endroit que proviennent les toutes premières œuvres connues de Hopkins, qui dépeignent souvent des scènes près de leur maison.

Peinture de voyageurs sur un emplacement de camping
Photo : Bibliothèque et Archives Canada, Fonds Frances Anne Hopkins, numéro d’accession 1989-401, « Canoe Party around Campfire », vers 1870, peintures à l’huile, par Frances Anne Hopkins

En 1860, son époux fut promu au poste de facteur en chef de Montréal, ce qui a amené le couple à se joindre occasionnellement aux voyageurs lors de périples sur le fleuve, se rendant parfois jusqu’à Fort William en canot.

Ces voyages exigeaient des semaines à vivre dans des conditions difficiles avec les hommes qui pagayaient le canot. Le couple voyageait le long des rives de la rivière Mattawa, où se trouve aujourd’hui le parc provincial Samuel de Champlain.

Un aperçu dans le passé

Pendant que les voyageurs pagayaient ou installaient leur camp, Hopkins dessinait ce qu’elle voyait. Elle documentait la vie des voyageurs dans ses croquis, de la même façon que nous prenons une photo.

La majorité de ses tableaux de voyageurs ont été réalisés après son retour à Londres en 1870.

Dans ce tableau, intitulé Voyageurs at Dawn, Hopkins capture la routine matinale des voyageurs, depuis la façon dont ils s’endormaient sous le canot renversé jusqu’à leur manière de cuisiner.

Voyageurs sur un emplacement de camping, regardant le rivage
Photo : Bibliothèque et Archives Canada, Fonds Frances Anne Hopkins, numéro d’accession 1989-401-3, « Voyageurs at Dawn », vers 1871, peintures à l’huile, par Frances Anne Hopkins

Aussi paisible que cette scène puisse paraître, cette image est en fait une représentation romancée du mode de vie des voyageurs.

Les voyageurs commençaient leur journée vers environ 3 h, avant le lever du soleil. Ils pagayaient pendant environ 15 heures par jour. Bon nombre d’entre eux mouraient avant d’arriver à destination, ou terminaient leur carrière avec un corps irrémédiablement endommagé.

Shooting the Rapids est l’une de ses œuvres les plus célèbres. Hopkins y dépeint les voyageurs en action alors qu’ils pagaient sur des rapides. Dans le tableau, elle s’est également incluse, ainsi que son mari et deux autres passagers, tous assis au milieu du canot (partiellement cachés par plusieurs voyageurs).

Voyageurs en canot
Photo : Bibliothèque et Archives Canada, Fonds Frances Anne Hopkins, numéro d’accession 1989-401-2, « Shooting the Rapids », vers 1879, peintures à l’huile, par Frances Anne Hopkins, numéro de reproduction C-002774

Cette photo de voyageurs au travail démontre la hiérarchie sur le fleuve. L’époux de Hopkins était haut placé dans la Compagnie de la Baie d’Hudson, il n’avait donc pas à pagayer.

Interprétation artistique

Hopkins a été saluée par les critiques pour sa capacité à maintenir simultanément la précision et l’esthétique artistique dans ses peintures.

Au cours de sa carrière, bon nombre de ses œuvres, comme Canoes in a Fog, et Running a Rapid on the Mattawa River ont été présentées à la prestigieuse exposition de la Royal Academy, en Angleterre.

Au moment où Frances Anne Hopkins a commencé à documenter la vie des voyageurs, le besoin pour ces derniers diminuait.

Des moyens de transport plus rapides tels que les trains et les bateaux à vapeur devenaient populaires, et la demande de fourrures diminuait (tout comme le nombre de castors).

Cependant, on pourrait dire qu’elle est arrivée dans le canot juste à temps pour capturer les dernières années des voyageurs avant leur réelle disparition.

Vous voulez en savoir davantage?

L’héritage de Frances Anne Hopkins est intimement lié à celui des voyageurs, et des copies de ses œuvres sont mises en exergue sur de nombreux sites Web qui leur sont consacrés.

Vous pouvez même voir des copies de certaines de ses œuvres les plus célèbres ici, au centre d’accueil de la rivière Mattawa du parc provincial Samuel de Champlain.

Hopkins, une artiste qui a documenté la vie des voyageurs à travers les arts, nous a donné une occasion incroyable de découvrir leur mode de vie.

Après tout, une image vaut mille mots.